Saint Gérasime
naquit en 1787 dans un village proche de Carpénision (département
d'Euritanie). À l'âge de onze ans, il partit avec son frère
aîné pour Constantinople, où il fut confié comme
apprenti à l'un de leurs compatriotes épicier. Un jour, comme
l'enfant avait laissé tomber le plateau garni de yoghourts qu'il
transportait, craignant le châtiment de son patron, il fondit en
larmes. Une noble femme turque le recueillit chez elle et, à force
de cajoleries, elle parvint à lui faire accepter la circoncision.
Il resta cinq ans serviteur de cette famille, puis fut mis au service d'un
autre notable qui l'emmena avec lui dans ses voyages. De retour à
Constantinople, au bout de deux ans, ayant pris conscience de son péché,
il s'enfuit et retourna dans sa patrie, où il commença à
mener une vie de repentir et d'ascèse sous la direction du Prêtre
du village. Mais sa conscience ne pouvait trouver la paix, et il se rendait
souvent la nuit dans une chapelle en ruine dédiée à
Saint Georges, pour demander au Saint de lui montrer la voie du Martyre.
Des enfants s'étant moqué de lui en le traitant de "moine",
il reçut cette plaisanterie comme une prophétie et annonça
à sa mère sa décision de devenir moine. Celle-ci ayant
refusé et préparant son mariage, il s'enfuit au Mont Athos,
guidé par un moine du monastère de Proussos, qui le confia
au Hiéromoine Cyrille, collaborateur de Saint Nicodème l'Hagiorite,
dans la skite de Saint-Pantéleimon, dépendance du Monastère
de Koutloumousiou. Ayant supplié son ancien avec des torrents de
larmes, il fut tonsuré avant le délai ordinaire de trois
années de noviciat, et, trois jours seulement après sa profession,
il lui demanda l'autorisation de s'offrir au Martyre. Son ancien la lui
refusa, aussi Gérasime, le visage tourmenté, passa-t-il trois
ans, allant de monastère en monastère, et demandant conseil
aux hommes spirituels. Finalement, il sollicita la bénédiction
de son ancien pour retourner dans sa "patrie" revoir sa mère et
ses frères. Mais, aussitôt muni de cette bénédiction,
il s'embarqua pour Constantinople, d'où il écrivit à
son ancien, lui demandant pardon d'avoir usé de ruse pour obtenir
son autorisation de regagner sa vraie patrie: la Jérusalem céleste,
où se trouvent la Mère de Dieu et les Saints. Il se rendit
alors dans la maison des Turcs qui l'avaient poussé à l'apostasie,
et confessant sa conversion et son désir de mourir pour le Christ,
il fut soumis pendant quinze jours à l'emprisonnement et à
la torture. À ses tortionnaires, il déclarait que les sévices
lui procuraient la joie et faisaient resplendir son âme. Il fut décapité
le 3 juillet 18 12, sur la place de Sainte-Sophie. Lorsque sa tête
roula à terre, son visage garda un doux sourire et son corps resta
à genoux pendant un quart d'heure, puis il s'affaissa doucement,
comme s'il s'allongeait pour dormir. |