SAINT HILAIRE
Evêque díArles
 
 

18 mai - 05 mai


 
 
Issu d'une riche famille de Bourgogne (ou de Lorraine) d'origine grecque, Saint Hilaire fut chargé, à l'issue de ses études, d'un poste important dans l'administration impériale. Attaché au monde et à ses appâts illusoires, il restait rétif aux exhortations de son parent, Saint Honorat qui était venu de Lérins pour essayer de l'en détacher. De retour au Monastère, Honorat pria pour lui et, tout à coup, le coeur du brillant magistrat changea. Il rejeta tout ce qui avait eu pour lui jusque-là un attrait, distribua tous ses biens et, attiré de manière irrésistible par l'amour de Dieu, il alla se retirer à Lérins, où il uvra de toutes ses forces pour rattraper le temps perdu en futilités et pour progresser vers la perfection monastique sous la direction de Saint Honorat. Lorsque ce demier fut nommé Archevêque d'Arles, en 426, Hilaire le suivit pour l'assister dans ses tâches pastorales; mais l'amour de la solitude l'emportant, il retouma rapidement dans l'île monastique. Il répondit toutefois à l'invitation d'Honorat pour l'assister dans ses derniers moments. Après le décès du Saint Evêque, Hilaire reprit aussitôt le chemin du Monastère, par crainte d'être élu pour lui succéder; mais il fut arrêté par le gouverneur Castus et ramené de force en ville, où le clergé et le peuple procédèrent dans un grand élan d'enthousiasme à son élection. Comme le Saint protestait, en disant qu'il ne se soumettrait que si Dieu lui montrait de manière évidente que telle était Sa volonté, une colombe blanche comme neige vint se poser sur sa tête, et elle ne s'envola qu'après qu'il eut donné son assentiment.

Agé de vingt-neuf ans seulement, le nouvel Evêque montrait la sagesse d'un vieillard et une tendresse paternelle pour tous, spécialement envers les pauvres. Pour leur venir en aide il travaillait de ses propres mains, et il vendit tout, jusqu'aux vases sacrés, pour racheter des captifs tombés aux mains des tribus germaniques qui avaient envahi la Gaule. Ses activités pastorales ne lui faisaient cependant relâcher en rien son ascèse monastique. Le premier acte de son épiscopat avait été de réunir le clergé de sa cathédrale pour le fàire vivre en communauté, comme au Monastère. Quant à lui, il restait aussi pauvre qu'auparavant, était vêtu en toutes circonstances d'une seule tunique, sous laquelle il cachait un cilice, il marchait nu-pieds, même en hiver, et couchait sur la dure, travaillait de ses mains en récitant des psaumes et gardait sans cesse son esprit en présence de Dieu.

Saint Hilaire brilla particulièrement par son talent oratoire, que venaient confirmer de nombreux miracles. Il savait s'adresser aussi bien aux grands de ce monde qu'aux gens du peuple, et il prêchait la vérité évangélique sans déguisement et sans craindre les puissants, n'hésitant pas à les reprendre directement en public. Mais il se montrait néanmoins d'une grande tendresse à l'égard des pécheurs et excitait par ses propres larmes celles des pénitents. Son grand principe était de tout rapporter à Dieu et d'examiner en tout temps l'état de son âme, comme si elle était prête à être examinée par le souverain Juge. Il savait transmettre à son auditoire cet état de vigilance spirituelle et on ne pouvait l'entendre, ni même le regarder, sans avoir le cur brisé de componction. A la suite de ses sermons, nombreux étaient ceux qui, effrayés par la perspective du Jugement et méprisant la vie présente, décidaient de ne plus vivre que pour le ciel.

Pendant toute la durée de son ministère épiscopal, Saint Hilaire lutta contre les hérésies, surtout contre le pélagianisme, en collaboration avec son ami Saint Germain d'Auxerre. Il présida plusieurs conciles, rétablit la discipline ecclésiastique, fonda des Eglises et des Monastères qui suivaient la tradition de Lérins, et fit régner la paix et la charité dans tout le sud de la Gaule.

Consumé par son zèle et ses austérités, il tomba malade à l'âge de quarante-huit ans et, après avoir désigné son successeur, il remit son âme à Dieu, le 5 mai 449. On rapporte que, pendant ses funérailles, on n'entendit chanter les Psaumes seulement en hébreu par les Juifs d'Arles, qui voulaient eux aussi honorer le Saint, car la voix des Chrétiens était étouffée par la douleur.