SAINT JEAN IV
évêque de Naples
 
 

14/04-01/04


 
 
Jean est né  à la campagne et dans la plus extrême pauvreté. Cela n'empêcha pas Dieu d'aller le chercher là bas pour l'élever bien haut, et d'une manière assez singulière pour qu'elle mérite d'être rapportée. 

Devenu savant par charité, il embrassa, pour vivre, la profession d'écrivain public : c'était un vrai calligraphe que notre "Jean l'Ecrivain"; aussi la besogne abonda-t-elle bientôt dans son échope. Mais, comme il était aussi saint que savant, sa vertu fit bientôt plus de bruit que son talent. L'Eglise, qui a toujours recherché le mérite où qu'il se trouve, voulut enrôler Jean parmi ses ministres, et il était diacre lorsque le gouverneur de Naples, homme querelleur s'il en fut jamais, vint à se brouiller avec l'évêque de la ville, notumé Tibère. 

Ce gouverneur, qui se nommait Bon, nom qui jurait avec son caractère, fit jeter dans un cachot l'évêque qui avait eu le malheur de lui déplaire et l'accabla de toutes sortes de misères. Il ne s'en tint paslà : il voulut le faire remplacer, convoqua les électeurs et leur présenta son candidat officiel. Ce candidat, qui se trouva être Jean, réunit tous les votes. Mais aux yeux de notre Saint, cette élection était on ne peut plus anti-canonique, aussi alla-t-il se cacher. 

Le gouverneur le fit rechercher et amener devant lui : "Pourquoi ne souscrivez-vous pas au choix qu'on a fait de vous pour le siège de Naples? » - " Parce que celui qui l'occupait vit encore ". - " Qu'à cela ne tienne. Je vais le faire égorger ".

Jean se trouait donc placé entre l'alternative d'occasionner, par son refus, la mort de son pasteur qu'il aimait et vénérait, ou de transgresser une loi de la discipline : de part et d'autre, c'était un précipice. Dans lequel tomber? La loi naturelle lui commandait de tout faire pour sauver la vie à un enfant de Dieu. Il demanda la permission d'en aller conférer avec Tibère dans sa prison, ce qui lui fut accordé. Tibère, qui savait combien Jean était dépourvu de toute ambition, lui conseilla d'accepter en attendant. 

18 mois après, le gouverneur Bon mourut; mais son successeur immédiat ne voulut pas encore accorder aux prières de Jean l'élargissement de Tibère:Dieu perlit qu'il sortit de ce monde 6 mois après son installation, et le nouveau gouverneur n'eut rien de plus pressé que de rendre le père à son fils. Mais une longue et dure captivité avait épuisé les forces de Tibère : il ne revit la lumière que pour lui fermer ses yeux. L'avant-veille de sa mort, il convoqua le clergé et le peuple, se fit asseoir sur le trône épiscopal, et là, fit l'éloge de Jean, qui avait été la consolation de sa captivité. 

Il recommanda de le reconnaitre pour évéque et pria tout le monde d'attester au souverain Pontife qu'il n'était point un usurpateur. Et effet, le pape Grégoire IV, à qui l'affaire fut déférée, n'y trouva, après informations, rien à redire et fit même venir Jean à Rome, où il le consacra de ses propres mains (842).

Dix ans après, la veille de Pâques de l'an 853, il mourait plein de mérites, et pendant que non âme prenait le chemin du ciel, son corps fut porté en grande pompe dans l'église de Saint-Janvier, escorté par les néophytes, baptisés de la veille et encore vêtus de leur robe blanche.