SAINT MARC
 d'Athènes
 

18/03 - 05/03


 
 
Athénien d'origine, le bienheureux Marc s'était d'abord adonné à la philosophie. Mais bientôt touché par la grâce de Dieu, il avait embrassé le Christianisme et s'était fait baptiser. A la mort de ses parents, méditant sur la vanité de la vie humaine, il décida de quitter le monde et de s'abandonner à la Providence de Dieu. Il se dépouilla de tout, même de ses vêtements, et s'assit sur une planche. Un Ange descendit alors du ciel et le conduisit jusqu'au mont Tarmaqa, aux confins de l'Egypte et de l'Ethiopie.

De longues années plus tard, deux Anges apparurent en rêve à un moine nommé Sérapion, qui vivait dans un monastère situé à douze jours de marche d'Alexandrie, et ils lui annoncèrent qu'il devait se rendre en hâte au mont Tarmaqa, pour y assister aux derniers instants du Saint vieillard Marc et lui offrir une digne sépulture. Au matin Sérapion révéla la vision à son Higoumène qui, reconnaissant là un signe de Dieu, lui donna sa bénédiction pour entreprendre ce voyage. Sérapion, porté sur les ailes d'un saint désir, arriva en cinq jours à Alexandrie, où il se renseigna sur la route à suivre pour atteindre la mystérieuse montagne, et de là il s'engagea dans le désert implacable qui conduit vers le Sud. Au bout de vingt jours de marche, pendant lesquels il n'avait rencontré aucun être vivant, il tomba à terre, épuisé de fatigue et de soif, et prêt à rendre l'âme. Mais les deux Anges lui apparurent alors, le désaltérèrent et l'accompagnèrent pendant le reste du chemin. 

Sept jours plus tard, ils parvinrent enfin au mont Tarmaqa, haute montagne dénudée dont le sommet semblait se perdre dans le ciel. Il découvrit sans peine la caverne du Saint, car des Anges se tenaient au-dessus d'elle et chantaient des hymnes. En s'approchant Sérapion entendit le vieillard qui chantait « Bénis le Seigneur, Ô mon âme, et tout ce qui est en moi exalte son saint Nom! » et d'autres hymnes d'actions de grâces tirées de l'Ecriture Sainte. Il s'interrompit soudain et interpella Sérapion pour lui souhaiter la bienvenue. Comme le visiteur s'était prosterné à ses pieds, le Saint vieillard le releva et l'embrassa tendrement, puis le fit asseoir près de lui dans la grotte obscure. Aux questions avides de Sérapion, il répondit : « Voilà quatre-vingt-quinze ans, mon enfant, que je n'ai vu ni homme ni bête dans cette grotte, et que je n'ai goûté à une nourriture préparée de main humaine. » Il lui raconta toute son histoire, et ajouta que pendant les trente premières années de sa retraite il avait dû mener un combat redoutable et incessant contre la faim et la soif, contre les éléments et les rigueurs du climat, mais surtout contre les démons qui s'acharnaient sur lui pour le déloger de cette retraite qui leur appartenait depuis l'origine du monde. Il tint bon néanmoins, et, à l'issue de cette période d'épreuves, la Grâce de Dieu le visita et lui procura la parfaite impassibilité qui le rendit invulnérable aux injures du climat comme aux assauts des démons. Comme le jour se levait, Sérapion put alors apercevoir l'aspect du saint et fut effrayé de constater qu'il était recouvert de poil, comme un animal. Marc le rassura en lui disant que cette toison lui avait été accordée par Dieu pour le protéger contre le froid extrême de la nuit. Ils continuèrent leur entretien pendant de longues heures, Marc demandant à son tour des nouvelles du monde et se lamentant sur le peu de foi des Chrétiens; puis il présenta à son visiteur une table couverte de mets sobres mais délicieux, comme on ne peut en trouver nulle part en ce monde, et il lui dit que depuis que la Grâce l'avait visité il avait toujours trouvé une telle réfection quand il en avait besoin, sans jamais avoir à se soucier de nourriture ou de boisson.

Une fois le repas achevé, le vieillard annonça avec une grande joie à Sérapion que le moment était venu pour lui d'abandonner ce corps corruptible et de gagner la demeure des justes, afin d'y trouver le repos éternel. A ces mots, une lumière éblouissante remplit la grotte, en jetant ses éclats tout autour de la montagne. Saint Marc éleva une ardente prière pour le salut de tous ceux qui, par amour du Christ, étaient enfermés dans les prisons ou vivaient dans l'ascèse, au fond des déserts ou dans les monastères, et, après avoir fait promettre à Sérapion de ne garder aucun fragment de son corps pour le vénérer, il l'embrassa paternellement, pria pour son salut et l'invita à s'agenouiller avec lui. 

A ce moment un Ange clama du haut du ciel à un autre être incorporel de tendre les bras pour recevoir l'âme du bienheureux. Sérapion vit la voûte céleste s'ouvrir en grand et l'âme de Saint Marc, toute vêtue de blanc, traverser triomphante les troupes de démons qui essayaient vainement d'empêcher son ascension. Cette vision admirable une fois dissipée, Sérapion referma soigneusement l'entrée de la grotte devenue le tombeau de Saint Marc et, grâce à l'assistance de ses deux guides célestes, il regagna en un seul jour son monastère, où tous les pères rendirent gloire à Dieu en entendant son récit.