Ilya Efimovitch REPINE est né en 1844 à Tchougouïev, en Ukraine dans une famille de militaires.
Passionné très tôt par la peinture, il apprend l'art des icônes dans l'atelier de I.Boukanov qui était également portraitiste. A 19 ans il entre à l'Académie des Beaux Arts de Saint-Pétersbourg. Le milieu des peintres est alors en pleine ébullition car un groupe de 14 jeunes artistes ("Artel des artistes") fronde la sacro-sainte Académie. Ils ont refusé de présenter une oeuvre de fin d'études sur un thème imposé pour obtenir leur diplôme, soutenant que la peinture doit être le reflet de la réalité et refusant tout sujet obligatoire au nom de la liberté de création. 
Plus tard REPINE sera certes très proche d'eux mais il obtient son diplôme en 1871, avec une toile très conventionnelle au sujet imposé : "La résurrection de la fille de Jairus" et reçoit la plus haute distinction : la médaille d'or.


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Il commence alors un immense travail : "Les haleurs de la Volga" , travail effectué de  1870 à 1873.

[ Et non pas "Les bateliers de la Volga" comme l'intitulent certains représentants de l'élite audio-visuelle française (Si, si, je l'ai entendu!) Mais on leur pardonnera leur ignorance crasse, car ce sont sans doute les mêmes qui ont dit un jour (Si,si, je l'ai entendu!) "La toile de la Joconde" - NB : Pour ceux qui ont eu un prof de dessin spécialisé dans la création à partir de découpages dans le catalogue de la Redoute,  je signale que "La Joconde" est peinte sur BOIS! ]

Il s'installe plusieurs mois sur les bords du fleuve et passe ses journées à faire des croquis, se faisant accepter par ces hommes rudes et peu habitués à servir de modèles! Ilya connaissait personnellement chacun des personnages de son tableau. Ainsi le haleur central se nommait Kanine  : "Il suscite un grand respect : on dirait un saint résistant à la tentation" écrit REPINE lui-même.


"Kanine"
Après quelques mois en Italie, le peintre séjourne à Paris de 1873 à 1876 où il assiste aux premières expositions des impressionnistes qui le laissent dubitatif. Dans ses lettres, il ne partage pas l'enthousiasme de ses collègues russes et affirme même que ce style de peinture "s'éloigne dangereusement de la véracité de la vie quotidienne."
 
A son retour il s'installe à Moscou, fréquente assidument la Colonie artistique d'Abramtsevo, créée par le mécène Savva Ivanovitch MAMONTOV, grand industriel qui rétablit, développa et encouragea le renouveau de l'art populaire russe et fut à l'origine de "L'Opéra Privé de Moscou" qui perdura jusqu'en 1904.
 
Une des maisons de
la "Colonie "
mise à la disposition 
des artistes.

 MAMONTOV
par REPINE
Dans les années 1890, REPINE peindra une de ses plus grandes oeuvres : 

"Procession religieuse dans 
la province de Koursk". 

Il avait vécu une année à Chugueïev pour faire des croquis détaillés, montrant sans indulgence paysans, clergé, ou riches bourgeois protégés des pauvres, des infirmes et des mendiants, par le knout du service d'ordre officiel...

Il est à noter que REPINE, comme beaucoup de ses confrères, n'eut jamais beaucoup de sympathie, si on s'en réfère à sa façon de le peindre, pour le clergé russe!


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Virent le jour également :  "Les cosaques Zaporogues écrivant une lettre...",  "Le retour inattendu", ou "Yvan Grozny ("le terrible") et son fils Yvan..." qui montre le tsar serrant contre lui le corps de ce fils tant aimé qu'il vient pourtant de tuer. Cette toile connut diverses réactions devant la réalité brutale et sanglante qu'elle décrivait : on recommandait même aux femmes de ne pas regarder cette peinture car elle provoquait l'évanouissement de beaucoup d'entre elles !
De leur côté les 14 frondeurs de 1863, se soutenant les uns les autres, fondent en 1870 la "Société des Expositions Artistiques Ambulantes". Les chevalets sortent des ateliers, on peint la vie et la nature au plus proche, les expositions deviennent "ambulantes" : on expose les toiles dans toutes les villes du pays pour les faire connaître et mieux les vendre. Se mettant totalement en marge de l'Académie officielle, la société est gérée démocratiquement par un conseil élu pour une année. 
Leur première exposition le 29 novembre 1871 à St Pétersbourg fut un succès. 
Elle partit ensuite à Moscou en avril où elle connût le même succès, tant auprès du public, que des critiques et des mécènes.

Les "Ambulants en 1881.
Ilya REPINE est le second assis, à partir de la droite

L'âge d'or de cette société dura 10 ans et Ilya REPINE en fut membre officiel en 1878. Il déclarait : 
"Je suis proche des idéaux de Gogol, Belinski, Tourgueniev, Tolstoï [....] De toutes mes misérables forces je tâche d'incarner mes idées dans la vérité; la vie qui m'entoure m'émeut trop, me travaille sans répit, m'appelle à mon chevalet; la réalité est trop cruelle pour y broder la conscience tranquille des motifs insolites."

Voir quelques amis d'Ilya REPINE : clic !
 

Ami intime de Léon Tolstoï, il réalise plusieurs toiles, suivant l'évolution philosophique et religieuse de l'écrivain.
Tolstoï à sa table de travail par REPINE

Tolstoï en 1887

 
 
Le sens du portrait d'Ilya Repine est tout aussi particulier que ses "peintures de genre". 
Il saisit les moindres détails de la personnalité et  retranscrit la réalité sans aucune indulgence. 

Ainsi le portrait du compositeur Moussorgski hospitalisé, la santé dégradée par son alcoolisme, quelques semaines avant sa mort.


Léon Tolstoï
tel qu'il recevait
ses visiteurs,
vêtu des habits
de paysan,
par REPINE

Les portraits prendront également une grande part dans la réalisation d'une oeuvre de commande gigantesque : " Session protocolaire du Conseil d'Etat pour marquer son centenaire le 7 mai 1901." Le titre est aussi long que la toile : 877cm sur 400cm de haut !!
 

Pas moins de cent conseillers sont ainsi "croqués" et REPINE réussit à rendre tout l'immobilisme de cette institution... Un critique  d'art  écrivit qu'il avait peint une nouvelle vision de "Carthage au bord de la destruction".
A partir de 1892 le peintre devient professeur à l'Académie des Beaux-Arts et effectue plusieurs voyages en Europe jusqu'en 1900, date à laquelle il rencontre à Paris Natalia Nordman "l'amour de sa vie". Il s'installe avec elle dans un domaine qu'elle possède sur le golfe de Finlande à une heure de train de St Pétersbourg : "Les Pénates" à Kuokkala.
Ensemble ils organisent les "Mercredis des Pénates" qui attirent l'élite intellectuelle de la Russie. Natalia meurt en 1914, légant sa propriété à l'Etat mais Ilya y vivra les dernières années de sa vie. Handicapé par une atrophie des muscles de sa main droite, il s'entraîne à peindre de la main gauche avec beaucoup moins de succès et ses revenus financiers déclinent. En 1918, la Finlande ayant obtenu son indépendance, il reste aux "Pénates", refusant la révolution bolchévique. Il ne revient en Russie que sur les supplications du ministre de l'Education de l'Union Soviétique en 1926. Il mourra aux "Pénates" en 1930 et y sera inhumé.
 

L'atelier d'Ilya REPINE
dans le domaine des "Pénates"
- un portrait inachevé de Pouchkine -

La tombe de l'artiste sur le domaine.
On notera la croix orthodoxe : 
elle remplaça il y a quelques années seulement
une stèle supportant le buste en pierre d'Ilya REPINE.

La guerre, en 1939, ramène dans le giron russe ce morceau de terre finlandaise qui fut rebaptisée REPINO en l'honneur du peintre, en 1948.
 

Et si ça vous intéresse : 
"Pourquoi j'aime autant les oeuvres d'Ilya REPINE.... !"


 
 

©Marie Deriglazoff - 2004à2010 -