Vénération de la précieuse chaîne du Saint et Glorieux Apôtre PIERRE |
Vers l'an 43, le roi
des Juifs, Hérode Agrippa, voyant les progrès de la prédication
des Apôtres, fut pris de folie sanguinaire contre les Chrétiens
et fit périr par le glaive Saint Jacques, le frère de Jean (mémoire
le 30 avril). Voyant que cela était agréable aux Juifs, il
fit aussi arrêter Saint Pierre, le chef des Apôtres, et le fit
jeter en prison, jusqu'au moment de l'offrir en oblation pour le plaisir
du peuple, après la Pâque. De peur de le voir s'enfuir, on avait
chargé l'Apôtre de deux lourdes chaînes de fer attachées
aux deux soldats qui montaient la garde à ses côtés,
et on avait posté des sentinelles à toutes les issues de la
prison. Mais, la nuit même, grâce aux prières de l'Eglise,
Dieu envoya auprès de lui un Ange resplendissant qui remplit le cachot
de lumière en apparaissant. Il secoua l'Apôtre endormi pour
le faire lever, et aussitôt les chaînes tombèrent de ses
mains. Sans trop comprendre ce qui se passait et se croyant encore endormi,
Pierre mit sa ceinture, chaussa ses sandales et, guidé par l'Ange,
il franchit sans encombre tous les postes de garde. Quand ils parvinrent
enfin en pleine ville, l'Ange, ayant accompli sa mission, quitta Pierre qui,
sortant de sa torpeur, rendit grâces à Dieu. Il courut alors
vers la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc, où
les Chrétiens assemblés le reçurent avec grande joie
(Actes des Apôtres 12:1-19).
Ces chaînes tombées des mains du Saint Apôtre furent ensuite recueillies par de pieux Chrétiens et transmises de génération en génération, jusqu'à ce qu'elles fussent transférées par l'empereur byzantin à Constantinople et déposées dans l'Eglise de Saint-Pierre, près de Sainte-Sophie, où elles accomplirent pendant des siècles quantité de miracles et de guérisons1. Il n'y a rien d'étonnant à ce que non seulement les ossements des Saints opèrent des Miracles, mais aussi leurs vêtements ou les objets qu'ils ont touchés. L'Ecriture Sainte rapporte que la Grâce de Dieu accomplissait de tels miracles par l'entremise de l'Apôtre Saint Paul, qu'il suffisait aux habitants d'Ephèse d'appliquer sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché son corps, pour que la maladie les quitte et que les esprits mauvais soient mis en déroute (Actes 19:11-12). La Grâce incréée de Dieu, qui remplit l'âme purifiée des Saints, déborde, en effet, sur leur corps, du corps sur leurs vêtements et de leurs vêtements même sur leur ombre, pour accomplir des Miracles. C'est ainsi que les Actes des Apôtres rapportent encore, à propos de Saint Pierre, qu'une multitude d'hommes et de femmes allait jusqu'à transporter les malades dans les rues et les déposait à terre, de sorte que l'ombre du Saint les couvrait à son passage et leur procurait ainsi la guérison, ou tout au moins la force de demeurer dans l'espérance (Actes 5:15). C'est ainsi que l'Eglise Orthodoxe a hérité la pieuse coutume de ne pas vénérer seulement le corps des Saints devenus porteurs de la Grâce, mais aussi leurs vêtements, leurs objets familiers ou les instruments par lesquels ils ont souffert pour le Seigneur. 1. On vénère à Rome,
de temps immémorial, une autre chaîne de Saint Pierre (Fête
de la dédicace de la Basilique de Saint-Pierre-aux-Liens, célébrée
le ler août dans la tradition occidentale). Mais il semble qu'il s'agisse
des chaînes dont fut lié le saint à Rome même, dans
l'attente de son Martyre. Une légende médiévale rapporte
que les chaînes de la prison de Jérusalem furent d'abord envoyées
à Rome, puis une partie en fut donnée à Constantinople.
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