SAINT CHRISTODULE le thaumaturge fondateur du Monastère de Saint-Jean-le-Théologien à Patmos 29/03 - 16/03 |
Cet admirable disciple
du Seigneur naquit dans un petit village de Bithynie, vers l'an 1020. Eclairé
par la Grâce, il fit de brillantes études, au cours desquelles
il apprit à mépriser les choses temporelles pour préférer
ce qui demeure éternellement. Comme ses parents avaient arrangé.
contre sa volonté, ses fiançailles avec une jeune fille de bonne
famille, il s'enfuit secrètement pour le Mont Olympe, où il
devint disciple d'un ancien réputé pour sa sagesse et sa science
dans les choses de Dieu. Revêtu par lui du saint habit angélique
sous le nom de Christodule, le jeune moine s'efforçait d'imiter en
tout la conduite de son père spirituel, qu'il regardait comme une
icône vivante du Christ. Il matait sa chair par le jeûne et passait
des nuits entières en prière.
Son ancien étant parti vers les demeures éternelles au bout de trois ans. Christodule, craignant que ses parents ne tentent de le ramener à la vie mondaine, entreprit un pèlerinage à Rome, où il vénéra avec dévotion les Reliques des Saints Apôtres Pierre et Paul qui lui révélèrent en songe sa carrière à venir. De là il se rendit en Terre Sainte et alla vivre avec les ascètes dans les âpres déserts de Palestine, puis il entra dans un monastère où il mena une vie exemplaire. Mais il dut bientôt prendre la fuite devant la menace de l'invasion turque. Il s'embarqua alors avec quelques autres moines pour l'Asie Mineure et alla se réfugier au célèbre centre monastique du Mont Latros, où il reprit avec ardeur ses labeurs ascétiques, faisant l'admiration de ses compagnons. Il ne se nourrissait que de pain d'orge et d'eau, mais aux grandes fêtes il mangeait de tout, afin de ne pas être considéré comme un de ces hérétiques (manichéens) qui condamnent les aliments comme mauvais. Constatant son discernement, les moines du Monastère du Stylos voulurent l'élire supérieur. Le Saint s'y refusa tout d'abord, de peur de perdre son bien le plus précieux, l'hésychia, mais il dut finalement se résoudre sur les instances du Patriarche Cosmas (1075-1081). Il se heurta bientôt à des anomalies dans le fonctionnement du monastère et pressé par l'avancée menaçante des Turcs Seldjoucides, qui mettaient à sac toute l'Asie Mineure à la suite de la sinistre bataille de Mantzikert (1071), il dut donc démissionner au bout de trois ans et se retira de nouveau en quête de la sainte quiétude. Il s'installa alors dans un monastère à Strobilos , et sur la proposition de l'higoumène Arsène Skinouris il accepta de prendre en charge la dépendance de ce monastère, située dans l'île de Kôs, où il fonda un monastère dédié à la Mère de Dieu. Mais les troubles occasionnés par la fréquentation des séculiers l'obligèrent à chercher un nouvel asile plus favorable à la vie contemplative. Après de nombreuses recherches il trouva l'objet de son désir l'île de Patmos déserte et dépourvue de toute consolation humaine, où Saint Jean le Théologien avait été exilé et avait reçu ses divines révélations. Il se rendit alors en hâte à Constantinople pour demander à l'empereur Alexis 1er Comnène (1081-1118) de lui concéder ce territoire, en vue d'y fonder un monastère dédié au Disciple Bien-Aimé. Admirant la sainteté et les moeurs raffinées de cet homme de Dieu, le souverain lui proposa plutôt de prendre la direction des moines du Mont Zagora, en Thessalie, qui étaient dépourvus de guide spirituel. Le saint lui répondît qu'il ne désirait qu'une chose : un lieu calme et retiré des affaires du monde pour y vaquer à la prière; mais que, par obéissance, il rédigerait pour ces moines une règle de vie et s'ils s'engageaient à la suivre il accepterait de prendre leur direction. Il rédigea alors un Typikon dans lequel il prescrivait aux moines de renoncer à toute propriété privée et à leur volonté propre pour vivre dans le dépouillement et l'obéissance, avec patience et espérance en la seule grâce divine. La vocation propre des moines étant de demeurer sans distractions en présence de Dieu et de ses Saints, il leur ordonnait d'éviter les relations avec les séculiers, et leur recommandait en outre de confesser scrupuleusement toute mauvaise pensée à leur père spirituel et de faire trois mille métanies le jour et autant la nuit, en priant avec attention et componction, comme s'ils se trouvaient devant le tribunal de Dieu. Ces saints préceptes, qui étaient une fidèle expression des traditions des Pères, parurent amères comme l'absinthe aux moines relâchés de Zagora, et c'est avec joie et soulagement que Saint Christodule apprit leur refus de le voir prendre leur direction. Il renouvela alors sa requête et l'empereur lui accorda l'île de Patmos en toute propriété et indépendance à l'égard des autorités civiles, avec exemption de taxes et de toute autre charge. Il ordonna en plus que le blé nécessaire à leur subsistance soit fourni aux moines chaque année par le trésor, afin qu'ils puissent se consacrer sans autres soucis à la prière pour son salut et celui de l'Empire. Dès que le Saint débarqua à Patmos, muni du précieux chrysobulle attestant ses droits sur l'île désormais entièrement consacrée à la vie angélique, il commença par renverser une ancienne statue d'Artémis et entreprit la construction d'une église dédiée à Saint Jean le Théologien, aidant de ses propres mains les ouvriers pendant toute la journée et ne prenant sa maigre pitance qu'après le coucher du soleil. Le soir venu, lorsque les ouvriers allaient prendre leur repos, il élevait les mains vers Dieu et priait jusqu'à l'aube. La renommée de Saint Christodule attira vers Patmos un grand nombre de visiteurs et aussi de nombreux habitants des îles voisines, qui souffraient de la famine en ces temps difficiles. Un jour qu'ils étaient venus particulièrement nombreux, le Saint ordonna à son cellérier de leur donner à manger. Celui-ci objecta que les réserves du monastère étaient presque épuisées, mais sur l'insistance du Saint il fit dresser la table et, par la grâce de Dieu, cette foule fut non seulement rassasiée mais les restes dépassèrent de beaucoup ce qu'on avait disposé au début sur la table. Saint Christodule demeura cinq années
à Patmos, surveillant les constructions du monastère et organisant
la vie de la communauté dans. la plus pure tradition de Saint Basile
et de Saint Sabas. Il insistait en particulier sur leur séparation
du monde et sur le détachement de toute autre préoccupation
que celle du salut de l'âme. Mais l'Ennemi de tout bien, profitant de
ce que l'attention de l'empereur Alexis était tournée vers
l'Occident pour s'opposer aux Normands, suscita de nouvelles incursions turques
sur les côtes de l'Asie Mineure et sur les îles. Le monastère
était presque achevé, mais ses fortifications étaient
insuffisantes pour soutenir un siège, aussi le Saint se résolut-il
à se retirer en quête d'une résidence plus sûre.
Rassemblant ses moines, il les exhorta à ne placer leur espérance
qu'en Dieu et à distribuer toutes les réserves du monastère
aux ouvriers laïcs installés sur l'île avec leurs familles,
avant de s'embarquer pour Euripos. Le puissant gouverneur de cette région,
Eumithios, était fils spirituel du Saint, aussi c'est avec une grande
joie qu'il accueillit les moines réfugiés et leur fournit tout
ce qui était nécessaire à leur subsistance. Saint Christodule
fonda là un monastère provisoire, puis, sentant sa fin prochaine,
il convoqua son plus proche disciple, Sabas, le désigna comme successeur,
lui transmit ses instructions pour le gouvernement des frères et lui
ordonna de se rendre à Patmos, afin d'y préparer la réinstallation
de la communauté. Lorsque vint la première semaine du Grand
Carême, il s'enferma dans sa cellule afin de rester seul avec Dieu
et, au début de la seconde semaine, il convoqua tous ses moines, les
bénit et dicta son Testament, dans lequel il exhortait ses disciples
à ne rien accumuler de périssable en cette vie passagère
et à préférer la quiétude désertique de
Patmos aux riches monastères urbains, où la prière des
moines est troublée par le contact des séculiers. Puis, après
leur avoir demandé de prendre avec eux son corps lors de leur retour
à Patmos, il remit paisiblement son âme au Seigneur (le 16 mars
1093). Comme on avait refusé de rendre aux moines la précieuse
Relique lors de leur départ, ils revinrent un peu plus tard, en secret,
à Euripos et s'en emparèrent au moyen d'une pieuse piraterie.
Par la suite, le Monastère de Patmos, protégé par les
miracles de Saint Christodule, est resté un des hauts lieux du monachisme
orthodoxe, d'où furent issus maints Evêques et Patriarches,
et dans lequel sont conservés jusqu'à aujourd'hui de nombreux
manuscrits, Icônes et objets précieux. |