La Décollation du Saint et glorieux
Prophète et Précurseur
Jean Baptiste 11/09 - 29/08 |
Saint Jean, le Précurseur
et Baptiste du Seigneur, a reçu du Christ lui-même le témoignage
qu'il était le plus grand de tous les hommes nés de la femme
et le premier parmi les Prophètes. Alors qu'il était encore
dans le sein de sa mère, il tressaillit de joie à l'approche
du Messie que portait en elle la Toute-Sainte Mère de Dieu. Dès
qu'il eut atteint l'âge adulte, lui "dont le monde n'était pas
digne", se retira au désert, couvert d'un vêtement de poil de
chameau et ceint d'une ceinture de cuir, signifiant la maîtrise de
tous les élans de la chair. Ayant retrouvé, tel un nouvel Adam,
l'état harmonieux de notre nature créée pour être
tournée vers Dieu seul, il se nourrissait de sauterelles et de miel
sauvage, et vaquait à la contemplation l'esprit non troublé
par les soucis de ce monde. L'an quinze du principat de Tibère César
(an 29), Jean, ayant entendu la Parole de Dieu dans le désert, se rendit
dans la région du Jourdain, pour prêcher le repentir aux foules
qui venaient à lui, attirées par sa vie angélique. Il
les baptisait dans les eaux du Jourdain en signe de purification de leurs
péchés, et pour les préparer à recevoir le Sauveur
il les engageait à produire de dignes fruits de repentir, plutôt
qu'à se vanter d'être fils d'Abraham. Et il disait, en reprenant
les paroles du Prophète Isaïe: « Voix de celui qui crie
dans le désert. Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits
Ses sentiers; tout ravin sera comblé et toute montagne ou colline
sera abaissée ( ... ) et toute chair verra le salut de Dieu ».
Comme le peuple se demandait s'il n'était pas le Sauveur attendu depuis
des générations, Jean leur dit: « Pour moi je vous baptise
avec de l'eau, mais vient plus grand que moi, Lui vous baptisera dans le
feu et dans l'Esprit Saint. » Sa pureté et son amour de la virginité
étaient tels qu'il fut jugé digne, non seulement de voir le
Sauveur, dont il avait été institué le Précurseur,
mais encore de Le baptiser dans le Jourdain et d'être le témoin
de la révélation de la Sainte Trinité.
Saint Jean méditait sans cesse la Parole
de Dieu et considérait toute chose de ce monde comme secondaire au
regard de l'observation de la Loi divine, dont sa vie était la parfaite
réalisation. C'est pourquoi il ne craignait pas d'adresser de violents
reproches à Hérode Antipas, le tétrarque de Galilée,
homme impudique et débauché qui, contrairement à la
Loi, avait épousé Hérodiade, la femme de son frère
Philippe alors que ce dernier était encore en vie et avait eu d'elle
une fille, Salomé4. Se faisant l'interprète de la conscience
endurcie du pécheur, le Prophète lui disait au nom de Dieu:
« Il ne t'est pas permis d'avoir pour épouse la femme de ton
frère. » C'est pourquoi Hérodiade nourrissait une rancune
tenace contre Jean et voulait le tuer; elle en était cependant empêchée
par Hérode qui le protégeait, comme homme juste et saint, mais
surtout par crainte du peuple qui l'honorait comme un envoyé de Dieu.
Finalement la perfide Hérodiade parvint à ses fins et obtint
de faire emprisonner le Prophète dans la forteresse de Machéronte.
Quand vint l'anniversaire de la naissance du roi, à l'approche de
la Pâque, celui-ci convia les notables de son royaume à un grand
festin, pendant lequel tous se livrèrent à la goinfrerie et
à l'ivresse. Salomé dansa voluptueusement devant les convives
de ce banquet de la vaine gloire, et elle plut au regard lubrique de son
père qui s'engagea par serment à lui donner en récompense
tout ce qu'elle demanderait, fût-ce la moitié de son royaume.
Sur le conseil de sa mère, la jeune fille demanda qu'on lui apporte
séance tenante la tête de Jean Baptiste sur un plateau. Le roi
se trouva embarrassé, mais à cause de son serment, et pour
ne pas perdre la face devant ses convives, il se résolut à
faire périr le Juste. La sentence fut aussitôt exécutée,
un soldat alla décapiter Saint Jean dans sa prison et rapporta bientôt
dans la salle, sur un plat, son précieux chef encore sanglant, qui
adressait un reproche silencieux à la faiblesse criminelle du roi.
Salomé présenta ce trophée à sa mère,
semblant lui dire: « Mange, ô ma mère, la chair de celui
qui a vécu comme un incorporel, et bois son sang. Cette langue qui
ne cessait de nous adresser des reproches se taira désormais à
jamais » Les disciples du Saint vinrent prendre son corps et allèrent l'enterrer à Sébaste, puis ils allèrent en informer Jésus. Ce n'est que bien plus tard que les Reliques du Saint Précurseur furent retrouvées par miracle, afin de répandre la grâce sur les fidèles qui les vénèrent7. Cet acte sanglant semble avoir été permis par Dieu, afin qu'après avoir été le Précurseur du Christ sur la terre, Saint Jean Baptiste le fût aussi dans le royaume des morts et aille annoncer aux justes morts dans l'espérance de la Rédemption, l'arrivée prochaine du Messie qui devait briser par la Croix les portes et les verrous des enfers. Par sa vie comme par sa mort, le Précurseur reste aussi pour tous les Chrétiens un Prophète et maître de vie spirituelle. Par sa conduite irrépréhensible, il leur apprend à lutter jusqu'à la mort contre le péché, non seulement pour le respect de la justice et l'observance de la Loi de Dieu, mais aussi pour progresser dans la vertu et la pureté du coeur. Toute conscience affinée par la méditation de la Loi de Dieu est donc semblable au Précurseur, et elle fraie en l'âme repentante les "voies du Seigneur", afin de lui donner la connaissance du Salut. N .B : |