SAINT FURSY
 

29 janvier /16 janvier


 
 
De tous les anciens saints Irlandais, Fursy est celui dont la vie nous est le mieux connue. Ses parents, Fintan et Gelgès, étaient de familles princières. Heureusement doué au point de vue de l'esprit et du coeur, Fursy fut confié, pour son éducation, à la direction des prêtres et des moines; il se rendit très habile et très expert dans les sciences, notamment dans la connaissance des saintes Écritures. Personne ne fut surpris de le voir embrasser la vie monastique, et bientôt on le vit à la tête d'un monastère à Hathmat (Killursa?), où affluèrent des recrues venues de toutes les parties de l'Irlande. Il sortait souvent pour évangéliser les contrées voisines; un jour qu'il allait en mission dans le royaume de son père, il tomba malade et fut bientôt réduit à la dernière extrémité. Au cours de sa maladie, il eut des visions et des extases qui lui firent entrevoir les difficultés et les tribulations auxquelles il serait en butte.
Quand il fut rétabli, il songea à bâtir un nouveau monastère; il passa en Angleterre et, grâce aux libéralités du roi Sigebert, souverain de l'Est Anglie, il fonda Cnobbetsburg (plus tard appelé Burg-Castle, dans le comté de Suffolk). Laissant le gouvernement de cette maison à Foillan, son frère, il se retira au désert avec son autre frère Ultan pour s'y adonner à la contemplation et à la pénitence. Troublés dans cette retraite par le turbulent Penda, roi de Mercie, ils passèrent en France dans le dessein d'aller jusqu'à Rome. Des miracles accomplis par Fursy attirèrent sur lui l'attention d'Erchinoald, maire du palais sous Clovis II; Erchinoald conduisit d'abord Fursy à son château de Péronne et lui demanda de baptiser son fils; ensuite il le pria de choisir un de ses domaines pour y bâtir un monastère; le choix de Fursy se fixa sur Lagny-en-Brie, dans le voisinage de Chelles, au diocèse de Paris (vers 644).
Grâce aux saints exemples de Fursy et aux sages règlements qu'il lui donna, l'abbaye de Lagny, enrichie des libéralités d'Erchinoald, de Clovis II et de la reine Bathilde, devint en peu de temps un modèle de perfection religieuse pour tous les autres monastères de France. Les soins de Fursy pour y former de saints moines ne l'empêchèrent pas de songer aux Églises qu'il avait autrefois évangélisées. Il se préparait à les visiter pour affermir le bien accompli, puis à revoir ses frères restés en Angleterre, quand, arrivé à Mézerolles, bourgade du Ponthieu, il tomba malade. Le gouverneur de Picardie, Haymon, avait voulu le retenir en cet endroit lorsqu'il était venu d'Angleterre, et Fursy lui avait promis qu'il l'avertirait du moment de son décès. Haymon fut en effet prévenu par une apparition, et il vint en toute hâte à Mézerolles, où le saint abbé expira effectivement le 16 janvier, vers 648, après une maladie de quelques jours.
Une contestation s'éleva entre Haynuon et Erchinoald au sujet des restes du saint abbé. Erchinoald consentit à ce qu'on appelait alors le jugement de Dieu. Le corps fut mis sur un chariot attelé de 2 taureaux indomptés; on convint qu'il appartiendrait à celui sur les domaines duquel le chariot s'arrêterait. Sur le parcours, il y eut de nombreux miracles de guérison : aveugles, paralytiques, etc. Le chariot arriva sans encombre à Péronne; dans l'église de Saint-Pierre, en construction, le corps fut déposé pour être placé derrière le grand autel,
Saint Fursy est le patron de Péronne, de Lagny-sur-Marne, de 7 églises dans le diocèse d'Amiens. On a compté plusieurs translations de ses reliques; outre celle de 654 pour la reposition du corps dans l'église achevée, il y eut celle du 17 septembre en 1256, en présence de saint Louis; celle du 13 septembre 1641, où un fragment du chef fut donné à l'abbaye bénédictine de Lagny. En 1793, des ossements échappèrent à la profanation, et l'on en fit une reconnaissance solennelle en 1853.