Sainte Grimonie
20/09-07/09
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Grimonie, née
en Hibernie (Irlande), était fille du roi du pays. Sa famille était
encore attachée au culte des idoles; par une grâce toute spéciale,
Grimonie eut le bonheur d'être instruite des vérités
du Christianisme et fut baptisée à l'âge de 12 ans,
à l'insu de ses parents. Elle se sentit dès ce moment décidée
à servir uniquement Notre-Seigneur Jésus-Christ et à
lui consacrer sa virginité. Elle employait le plus de temps qu'elle
pouvait à la prière et à la méditation, et
s'exerçait à la vie d'ascète.
Quand elle fut en âge d'être mariée, son père voulut l'unir à un des plus nobles et des plus riches gentilhommes, du pays et déjà il faisait faire les préparatifs de la cérémonie, lorsque on vint lui annoncer que la jeune fille n'était plus dans son appartement et que sans doute elle avait pris la fuite. Après bien des recherches, on la trouva à genoux dans un lieu solitaire et on la ramena à la maison paternelle _ « Pourquoi avez-vous fui », lui demanda le père irrité, _ « C'est que j'ai choisi un autre époux Jésus-Christ mon Sauveur et mon Dieu ; je L'aime de tout mon cour et je veux Lui rester fidèle jusqu'à la mort. ». A ces mots le père entre en fureur et ordonne qu'on l'enferme dans une prison obscure pour expier l'injure qu'elle faisait à lui-même, à son fiancé et à ses dieux. Cette prison fut pour la jeune vierge comme un temple où elle passait ses journées à prier, toute disposée à souffrir toutes sortes de tourments pour témoigner à son Dieu sa fidélité. Ce fut inutilement que sa mère vint la supplier d'obéir à la volonté de son père. Le Seigneur ne devait pas délaisser cette fidèle épouse ; Il envoya un de Ses Anges pour la délivrer, qui lui dit : « Levez-vous Grimonie , les portes de votre cachot sont ouvertes, sortez au plus vite et dirigez-vous vers la mer. » La vierge s'enfuit en effet, sous la conduite
et la protection de Dieu ; elle trouva un navire tout prêt à
mettre à la voile, elle y monta et le vaisseau partit. Pendant la
traversée, il s'éleva une furieuse tempête et l'on
croyait le naufrage inévitable, lorsque Grimonie se jeta à
genoux ; levant alors les yeux et les bras vers le ciel, elle conjura le
Seigneur d'avoir pitié de tout l'équipage. Sa prière
fut exaucée, les flots s'apaisèrent et le vaisseau pu débarquer
la jeune vierge dans la Gaule-Belgique, où l'empereur Valentinien
protégeait les Chrétiens. Tout le désir de Grimonie
était de passer le reste de sa vie dans la solitude, et de renoncer
à tout commerce avec les hommes. Dans ce dessein, elle s'enfonça
dans les forêts de la Thiérache (Therascia) jusqu'à
un endroit nommé Dorunum (c'est aujourd'hui le bourg de la Capelle).
Là toutes ses journées et une partie de ses nuits,étaient
partagées entre la prière, les pieuses méditations
et les exercices de la pénitence. Des racines et des fruits sauvages
étaient toute sa nourriture. L'eau limpide d'un ruisseau suffisait
pour la désaltérer. Dieu se plaisait à la combler
de toutes sortes de consolations spirituelles. La contemplation des ouvres
de la création lui causait de fréquents ravissements et lui
faisait apprécier davantage le bonheur d'être soustraite aux
dangers de la maison paternelle.
Invention du corps de Sainte Grimonie. L'endroit précis où reposait
le corps de Sainte Grimonie resta longtemps ignoré. Voici comment
la tradition constante du pays rapporte la découverte de ce précieux
trésor. Une clarté mystérieuse apparaissait de temps
en temps en un certain lieu de la forêt. Un jour où elle parut
encore plus brillante que de coutume, les habitants se rassemblèrent
et creusèrent la terre à líendroit même d'où
partait la lumière et ils trouvèrent un corps parfaitement
conservé ; ils ne doutèrent pas que ce ne fut celui de la
vierge martyrisée dont leur avaient parlé leurs pères.
Des miracles s'opérèrent, des malades recouvrèrent
la santé en priant devant ces précieuses reliques.
Dans une des guerres dont 1a Thiérache fut le théâtre, la Capelle fut livrée aux flammes. Quelques habitants se montrèrent plus empressés de sauver les Reliques de leur patronne, que de protéger leurs propres maisons ; ils coururent aussitôt à l'église, enlevèrent rapidement la chasse de Sainte Grimonie et la transportèrent à un village situé à quatre lieues plus loin, qui s'appelle Lesquielles, et où l'on conservait déjà des Reliques de Sainte Preuve. Lesquielles était alors un poste important et qui avait un château fort. Son église, dédiée à Saint Jean-Baptiste, était desservie par douze Prêtres. Les guerres incessantes entre les seigneurs de ces contrées obligèrent les habitants à cacher dans la terre leur précieux trésor. II y resta longtemps, jusqu'à ce qu'il plût à la bonté divine de réveiller la foi et la confiance des fidèles par de nombreux miracles opérés par l'invocation de Sainte Grimonie et de Sainte Preuve. Anselme de Magny, qui occupa le siége épiscopal romain de Laon de 1215 à 1238, voulut vérifier par lui-même ce qui se passait à Lesquielles ; il s'y transporta le 7 septembre 1231, leva de terre les corps des deux Saintes, en fit la vérification en présence de témoins et les exposa à la vénération des fidèles. On possède encore l'original du procès-verbal d'Anselme, et parmi les signatures se trouve celle d'un nommé Jean Lequeux, un des échevins du pays. Une nouvelle reconnaissance et exposition des Reliques eurent lieu le mardi de la Pentecôte de l'année 1389 par Philippe de Grumelly, doyen de la chrétienté de Guise et curé de Lesquielles. En 1535, les Reliques de Sainte Grimonie et de Sainte Preuve furent, avec l'autorisation de líévêque romain de Laon, Louis Bourbon de Vendôme, mises dans de nouvelles châsses par Pierre Albain, abbé du monastère de Bohéries. Pendant la guerre de François 1er avec les impériaux, le prieuré de Lesquielles fut livré aux flammes par le comte de Nassau ,et Adrien de Croï comte de Rúux et gouverneur des Flandres et de l'Artois. Ce dernier s'empara des Reliques de Sainte
Grimonie et de Sainte Preuve, les fit vérifier par Baudouin de Mol,
abbé de Bohéries, et en fit présent en 1540 aux chanoines
réguliers de Saint-Augustin de l'abbaye de Notre-Dame de Hénin-Liétard
au diocèse romain d'Arras. Elles y sont restées enveloppées
séparément et scellées dans des morceaux de soie jusqu'en
1638, époque où Robert de Mallebranche, abbé du monastère,
en fit faire la reconnaissance, et retrouva tons les anciens procès
verbaux qui en constataient líauthenticité. En 1639 il déposa
les Saintes Reliques dans quatre chasses.
Le 24 avril 1803, Monseigneur Leblanc de Beaulieu
les vérifia et en reconnut l'authenticité. On rapporte que
plusieurs guérisons ont été récemment obtenues
par l'invocation de ces Saintes Vierges Martyres. Trois Fêtes solennelles
sont célébrées chaque année à Lesquielles,
le 20 avril, anniversaire du Martyre ; le mardi de la Pentecôte,
jour de la translation de ses Reliques de la Capelle à Lesquielles
; la troisième, le 7 septembre, en mémoire de l'élévation
de son corps par l'Evêque romain Anselme.
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