Saint GUTHIERN
roi de Cambrie puis Solitaire (VIe siècle) 16/07 - 03/07
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Guthiern, un des rois
Bretons de Cambrie (Pays de Galles), quitta la couronne, par un mouvement
de piété, et, foulant généreusement aux pieds
les grandeurs de la terre, il donna tout ce qu'il possédait pour
acheter la perle précieuse de l'Evangile, et se retira dans l'île
de Groix ou Groais, située à une lieue de l'embouchure de
la rivière de Blavet.
Ce fut dans cette affreuse solitude que Guthiern vint cacher sa qualité et ses vertus, après s'être dérobé à ses courtisans et à ses domestiques. Il y demeura plusieurs années, connu des seuls pêcheurs de cette côte. Mais enfin le Ciel le manifesta par tant de prodiges, que les deux seigneurs propriétaires du lieu, nommés Chemen et Heboen, lui rendirent toutes sortes de respects, et le firent connaître au comte Grallon, de qui l'île dépendait. Celui-ci envoya prier saint Guntlern de le venir voir. Le Saint obéit, et Grallon demeura si édifié de son entretien et de son humilité, qu'il voulut le retirer de son rocher, et lui donna une portion de terre dans un lieu nommé Anaurot, situé au confluent des deux rivières Isol et Ellé, à l'extrémité orientale du pays de sa domination, qui est le lieu même où la ville de Kimperellé ou Quimperlé fut bâtie. Le comte du pays de Vannes, Guérech Ier, voyant ses vassaux menacés de la famine, parce que les vers, qui mangeaient le blé en herbe, ruinaient entièrement l'espérance de la moisson, jugea qu'il n'y avait point de meilleur moyen d'arrêter cette calamité, que d'avoir recours aux prières de Guthiern. Persuadé de leur efficacité, il députa vers lui trois des principaux habitants de Vannes, Guedgual, Catuoth et Cadur, pour le supplier d'avoir pitié de tout le pays. Le Saint, sensible aux misères des peuples, envoya de l'eau bénite, et ordonna qu'on en jetât quelques gouttes sur la campagne; ce qui n'eut pas plus tôt été fait, que tous les vers qui la ravageaient moururent, comme si cette eau fût devenue pour eux un poison. Le comte, par reconnaissance, donna à saint Guthiern une terre située sur la rivière de Blavet, nommée Vegnac, et depuis Kervegnac ou Chervegnac, qui a ensuite passé en main séculière. Saint Guthiern mourut au commencent du VIe
siècle, et fut enseveli à Kervegnac, où il s'était
retiré. Durant les incursions des Normands, son corps fut transporté
et caché dans l'île de Groix; il y fut découvert dans
le XIe siècle.
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