SAINT HÉLRAD 
 
 

26/03 - 13/03


 
 
Helrad (latin Hedradus ou Elradus) naquit à Lambesc, près d'Aix-en-Provence, vers la fin du 8ième siècle; il devint orphelin au moment de son entrée dans le monde et ne recueillit qu'à regret le riche héritage laissé par ses parents. Il montra son détachement en retranchant tout luxe dans ses habits et ses ameublements; ses ressources furent dépensées en bonnes oeuvres de divers genres, aumônes aux pauvres, sommes consacrées à l'instruction religieuse des ignorants. Dépouillé de sa fortune et devenu pauvre volontaire, il chercha pendant quelque temps un asile où il pourrait se consacrer à Dieu. Il traversa la Provence, parcourut l'Italie, alla jusqu'à Rome dans ce but. A la fin, des pèlerins lui parlèrent de la Novalèse en Piémont, comme d'un foyer de charité et de perfection chrétienne. Des moines installés au pied des Alpes du côté du Piémont y exerçaient l'hospitalité jour et nuit, et faisaient le service pénible de l'aumônerie établie au sommet du passage du Mont-Cenis.
En 814, Helrad se présenta au monastère et fut reçu par l'abbé Amblulfe, d'origine provençale, qui reconnut sous la livrée de la pauvreté, le seigneur de Lambesc son compatriote. Après des entretiens qui durèrent plusieurs jours, l'abbé acquit la conviction que son visiteur était appelé à mener la vie monastique dans la maison de la Novalèse. Cependant, il voulut mettre cette vocation à l'épreuve : il envoya Helrad cultiver les vignes de l'abbaye et finit par lui donner l'habit religieux. Celui-ci montra le plus grand zèle à s'instruire des prescriptions cénobitiques contenues dans les règles de saint Benoît, de saint Colomban et de saint Basile; il s'appliqua à la pratique de la charité, de l'obéissance, de la douceur. L'abbé consentit à le faire ordonner prêtre et à l'admettre comme moine de choeur. Il lui confia ensuite divers offices, comme le soin des voyageurs au Mont-Cenis, l'instruction des jeunes religieux.

A la mort d'Amblulfe vers 837, par complaisance pour Louis le Pieux, on crut devoir nommer abbé de Novalèse, Hugues, frère du roi; mais celui-ci qui avait à sa charge d'autres abbayes, laissa à Helrad l'administration de celle de Novalèse. Quand il mourut en 844, l'unanimité des voix nomma Helrad abbé. Le nouvel élu prétexta son âge pour se récuser, les moines finirent par triompher de ses résistances. Dès son entrée en fonctions Helrad imprima à tout un redoublement de vie : le "Laus perennis" ou Chant des louanges de Dieu sans interruption marcha de pair avec les oeuvres charitables; les pauvres voyageurs furent, plus que jamais, affectueusement soignés dans l'hospice du Mont-Cenis où tout s'accomplissait sous la belle invocation de Jésus-Christ sauveur et de sa divine Mère Marie toujours vierge. Pour stimuler la charité de ses collaborateurs l'abbé leur répétait souvent avec aménité : « Je vous affirme que nous n'avons rien à attendre dans l'autre vie, sinon la juste proportion de ce que nous aurons fait dans celle-ci pour le prochain en vue de. plaire à Dieu."

Il obtint de Lothaire, successeur de Louis le Pieux, confirmation des donations faites à l'hospice du Mont-Cenis, unit à Novalèse l'abbaye de Saint-Pierre de Saluces, fit construire une nouvelle tour au milieu de l'enceinte fortifiée qui entourait le monastère, fonda un nouvel hospice dans le passage du Lautaret en Dauphiné et débarrassa le site de cet hospice des serpents qui l'infestaient. En d'autres circonstances, il lui arriva d'arrêter les progrès des maladies contagieuses qui sévissaient sur les hommes et les animaux; on attribua à ses prières la guérison d'un muet, d'un boiteux et d'un lépreux dont les infirmités étaient bien connues dans la contrée. Il avait aussi le don de lire au fond des consciences et de ramener à l'accomplissement du devoir les personnes avec lesquelles il était en relation. Quatre jours avant sa mort, Dieu lui révéla sa fin imminente; il mit à profit cette faveur pour se préparer. Réunissant ses religieux, il les avertit, les consola, leur demanda pardon, leur recommanda l'union, la concorde qui résultent de l'étroite observance de la règle. Sentant faiblir ses forces, il demanda les derniers sacrements qu'il reçut avec la foi la plus ardente, et mourut doucement sans agonie (13 mars 875).