SAINT MACAIRE
L'ANCIEN d'Egypte 28 janvier / 15 janvier |
Macaine d'Égypte,
surnommé l'Ancien ou le Grand pour le distinguer de Macaire d'Alexandrie,
naquit dans la haute Égypte vers l'an 300. Son enfance se passa
à garder des troupeaux et il semble qu'il ait été
doué d'un bon naturel un jour qu'il menait paître son troupeau,
à la suite d'autres enfants de son âge, ceux-ci volèrent
des figues et en laissèrent tomber une; Macaine la ramassa et la
mangea. Depuis sa conversion jusqu'à sa mort il pleura amèrement
cette faute.
Obéissant à un appel divin, il se retira dans une cellule de son village pour y vaquer à la prière et au travail. Une fille de mauvaise vie l'ayant accusé de l'avoir séduite, il ne fit rien pour repousser cette injuste accusation; alors les parents de cette malheureuse vinrent s'emparer de sa personne, le traînèrent à travers les rues, l'accablant d'injures et de coups. Il endura tout sans mot dine, accepta même les conditions de subvenir aux besoins de la mène et de l'enfant. A la fin, cependant, son innocence fut reconnue, ce qui lui valut la profonde admiration de ceux qui l'avaient indignement traité. Pour se soustraire aux ovations, Macaire s'enfuit jusque demis le désert de Scété, sur les confins de la Libye. il avait alors trente ans; il passa les soixante années de sa vie dans cette solitude et vit venir à lui un bon nombre d'anachorètes auxquels il donna des règles; chacun d'eux devait vivre en un ermitage séparé. Macaire n'admit auprès de lui qu'un seul disciple chargé de recevoir les visiteurs. A cette époque, des auteurs placent la visite de Macaire à Antoine et c'est sur leur témoignage que s'appuie le rédacteur du martyrologe romain quand il nous présente Macaire comme un disciple du grand patriarche des moines. Dans les détails fournis à ce sujet par les Apophtegmes, il y a peut-être une confusion avec le Macaire de Pispir. Le visiteur vint frapper à la porte d'Antoine qui, au lieu d'ouvrir, se renferma dans sa cellule pour éprouver la patience de Macaire. Finalement, il le reçut avec beaucoup d'amitié et lui rendit les devoirs de l'hospitalité. Ils s'entretinrent du salut de l'âme, tout en travaillant à la confection des nattes. Lorsque, le lendemain, Antoine vit la quantité de nattes tressées par son hôte, il lui baisa les mains en disant m Voilà des mains où il y a bien de la vertu, s Le séjour de Macaire auprès d'Antoine ne fut pas long; il rentra à Scété et, peu après, vers 340, un évêque d'Égypte le fonça à recevoir la prêtrise pour procurer aux habitants du désert le moyen d'avoir la messe et la communion; les anachorètes affluant chaque jour davantage, on dut bâtir quatre églises et ordonner des prêtres pour en assurer le service. L'austérité était grande à SeMé; sans insister sur celle de Macaire, Pallade se contente de dire qu'elle ressemblait à celle de tous les habitants d'un désert où les vivres étaient rares et où le zèle entretenait une sainte émulation dans la pratique de la pénitence. Un jour, Macaire dit à son disciple Évagre, qui lui demandait la permission de prendre un peu d'eau pour étancher sa soif e Contente-toi, mon fils, de te reposer un peu à l'ombre; pendant vingt ans, je n'ai mangé, ni bu, ni dormi autant que l'exigeait le besoin de mon corps. a Parfois, le saint homme, pour contrarier son inclination à l'abstinence, acceptait de boire un peu de vin que ses visiteurs lui offraient; mais, ensuite, pour se punir de cette condescendance, il s'abstenait de toute boisson durant deux ou trois jours. C'est pourquoi son disciple demandait aux visiteurs de ne rien lui offrir. Les instructions de Macaire se doimmiaiemit vii peu de mots. car il recomnuandait avant tout le silence, I'himnuilité, l'ascèse, la solitude, la prière continmmelle. « Mais pour la prière, disait-il, il n'est pas besoin de recourir à beaucoup de paroles, répétez souvent avec un coeur sincère : Seigneur, montrez-moi en fait de pitié ce que vous savez de mieux; ou encone: Secourez-moi, mon Dieu. e Bien ne pouvait lui faire perdre sa patience et sa douceur, et cela lui valut d'opérer de nombreuses conversions parmi les païens. Le diable lui dit un jour : « Je puis te surpasser en fait de veilles, de jeûnes et d'autres privations, il n'y a que ton humilité qui me dépasse et me désarme, e Un jeune homme vint demander à Macaire de le former è la vie spirituelle : « Mon enfant, lui dit-il, va au cimetière, déterre les monts qui y sont, puis adresse-leur des louanges, dis-leur des injures, m Quand il eut exécuté cet ordre bien étrange, le jeune homme vint en rendre compte au maître, e Eh bien, lui dit Macaire, quelle réponse ces cadavres ont-ils donnée? -Aucune; ils sont restés insensibles aux reproches comme aux louanges. - Apprends de là, conclut Macaire, à ne te laisser émouvoir ni pan les injunes, ni par les éloges. Si tu meurs au monde et à toi-même, alors tu commenceras à vivre pour Dieu! e A un autre le saint disait u e Reçois de la main de Dieu la pauvreté avec autant de plaisir que la richesse, la faim avec autant de satisfaction que l'abondance des mets, et tu triompheras du démon, tu subjugueras toutes tes passions. e Un moine se plaignait à lui de ce que, dans le désert, il était toujouns tenté de rompre le jeûne, tandis qu'au monastère il pouvait jeûner avec joie toute la semaine, « La vaine gloire en est la cause, lui dit Macaine, le jeûne te plaît quand les hommes te voient jeûner, il te paraît intolérable quand tu le pratiques sâns témoin, parce qu'alors ta passion n'est pas satisfaite, Pendant qu'il était en prière, Macaire entendit un joun umme voix qui lui disait : e Macaire, tu n'es pas encore arrivé à une aussi grande vertu qu'est celle de deux femmes maniées qui demeurent ensemble dans telle ville non loin d'ici, » Alors, le vieillard pnend son bâton de palmier et se rend à la ville indiquée pour voir ces deux femmes. Et, quand il est admis en leur présence, il leur dit : " C'est pour vous que je suis venu du désert en cette ville : dites-mnoi, je vous pnie, ce que vous faites." Elles lui répondent toutes deux : "Permettez-mmous, mmuon père, de vous dire, comme la pure vérité, que cette imuit même nous ne nous sommes poimmt abstemmues de nos maris. Et, après cela, quelles bonnes oeuvres prétendez-vous que.nous puissions faire?" Macaire cependant insiste pour savoir de quelle manière elles vivent, Invitées à s'expliquer, elles ajoutent: e Nous ne sommes liées ensemble par aucune parenté, mais il s'est rencontré que nous avons épousé les deux frères. Depuis cela, c'est-à-dire depuis quinze ans, nous avons toujours demeuré ensemble sans nous dire, autant que nous pouvons nous souvenir, une seule parole licemicieuse, ni avoir la moindre dispute, mais vivant toujours dans une très grande union. Nous avons fait ce que nous avons pu d'un commun accord pour nous sépanen de nos maris, afin de nous retirer dans une assemblée de vierges religieuses, et nous le leur avons demandé avec beaucoup d'instance, mais, comme ils n'ont pas voulu y consentir, nous nous sommes promis l'une à l'autre, en la présence de Dieu, de ne dire jamais aucune parole séculière tant que nous vivrons. » Ayant entendu ce discours, Macaire s'écria u e Il est vrai que Dieu ne regarde point si l'on est vierge ou fennme mariée, si l'on est moine ou séculier; il ne considère que la disposition du coeur et il donne également l'Esprit-Saint, l'Esprit de vie, à ceux qui veulent le servir, de quelque condition qu'ils soient. » Il y eut, dans l'Égypte, une secte d'hérétiques, appelés hiénacites, du nom d'Hiérax, leur chef, qui niaient la résurrection des corps. L'un d'eux vint dans le désert où était Macaire d'Egypte et, pan ses paroles artificieuses, il jeta le trouble dans l'âme de plusieurs solitaires en soutenant sa pernicieuse erreur. Macaire, voyant le danger où était exposée la foi des siens, dit un jour u e Qu'est-il besoin de disputer? allons au tombeau des frères qui sont partis avant nous pour aller au ciel; celui auquel Dieu fera la grâce de ressusciter quelqu'un d'entre eux sera celui dont il approuve la foi et autonise la croyance. » L'hiéracite ayant accepté le défi tenta vainement d'opérer le miracle, que Macamne obtint par ses prières pour le triomphe de la vraie foi. On a vu dans la vie de saint Macaire d'Alexandrie comment Lucius, patnianche arien d'Alexandrie, obtint que nos deux ana- ehorètes fusseiit pour un moment expulsés de leurs retraites et relégués dans une petite île du delta du Nil. Cet exil dura peu de temps, car les confesseurs de la foi convertirent les païens qui habitaient cette île et, d'autre part, il y eut dans tout l'empire un tel sentiment d'indignation contre Lucius que les exilés furent autorisés à rentrer dans leurs cellules. Macaire le Grand eut alors le pressentiment de sa fin prochaine et voulut une dernière fois visiter ses disciples de Nitrie. Il les exhorta à la componction ((Pleurons, mes frères, leur dit-il, que nos yeux versent sans cesse des larmes, avant d'aller en un lieu où nos larmes ne pourront qu'enflammer le feu qui brûlera nos corps.)) Peu de temps après, il s'endormit du sommeil des justes et alla recevoir la récompense des combats livrés contre les passions et les désirs de la chair. Il avait quatre-vingt-dixans et en avait passé soixante dans le désert. |