Vers 1228, deux ascètes,
Jean et Conon, venus de la Ste Montagne de l'Athos, parvinrent à
Chypre, qui se trouvait alors sous occupation latine . Après avoir
séjourné dans les fameux monastères de Machaira et
de Chrysostome, ils s'installèrent au monastère isolé
de la Mère de Dieu de Kantara. Leurs vertus et leurs combats ascétiques
furent bientôt connus du peuple, qui accourait vers eux comme vers
une source d'eau vive capable de revigorer sa foi menacée. L'Archevêque
latin de Leucosie, Eustorgius, craignant que cette renommée ne vienne
troubler ses plans, envoya alors deux émissaires au Monastère,
en vue de soumettre les Sts Moines. Comme ceux-ci tentaient de les convaincre
que la Divine Liturgie doit être célébrée avec
du pain sans levain (azyme), Jean proposa que chaque parti célèbre
séparément la Liturgie et qu'ensuite ils entrent ensemble
dans une fournaise, pour que le feu manifeste quelle est la vraie foi;
mais les Latins refusèrent la proposition et quittèrent leMonastère.
Les treize Pères passèrent la nuit suivante en prières
d'actions de grâces et, au matin, ils se mirent en route pour Leucosie.
Sur le chemin, le peuple se précipitait en masse vers les Sts- Confesseurs
pour recevoir leur bénédiction. Aussitôt averti de
l'arrivée des moines, Eustorgius les fit convoquer en présence
de sa cour fastueuse. Jean, Conon et leurs compagnons réfutèrent
les arguments des Latins par les paroles des Sts Pères, aussi, pris
de fureur et ne trouvant rien à leur répondre, l'archevêque
les fit-il flageller puis jeter en prison. Pendant trois ans, ils endurèrent
avec constance et confiance en Dieu une sévère incarcération
dans un cachot sombre, humide et nauséabond, nourris d'un pain de
misère, injuriés constamment par leurs geôliers et
soumis à de fréquents supplices. Mais ils restaient inflexibles
à toutes les propositions des envoyés de l'Archevêque
et, comparaissant devant lui au début de la deuxième année,
ils lui répliquèrent avec une audace accrue. Ils furent alors
livrés aux bourreaux. Théognoste fut le premier d'entre eux
à remporter la couronne du Martyre, puis on livra son corps au feu.
La troisième année (1231), les Sts Pères comparurent
de nouveau devant l'assistant d'Eustorgius, l'inquisiteur André,
qui avait reçu l'ordre d'en finir avec ces rebelles. Ils lui répondirent
d'une seule voix qu'ils étaient fiers de confesser, au risque de
leur vie, la Foi Orthodoxe que les Prophètes ont annoncée,
que les Apôtres ont prêchée et que les Pères
et les Conciles ont définie. Trois jours après, ils furent
de nouveau convoqués, en présence d'Eric Ier, roi latin de
Chypre (1218-1254), qui donna licence à André de les châtier
comme il l'entendrait. Les bourreaux attachèrent alors les Sts par
les pieds derrière douze chevaux qu'ils lancèrent au galop
à travers les rues de la cité pour terroriser les Chrétiens
Orthodoxes. Finalement on détacha leurs corps expirants et on les
jeta sur un bûcher dressé à leur intention. Comme Jean
se tenait en prière au milieu des flammes, un des assistants le
frappa à la tête avec un gourdin, mais en tombant le St éteignit
le feu. Les bourreaux allumèrent alors un second brasier, sur lequel
ils jetèrent pêle-mêle les corps des Sts avec des ossements
d'animaux, puis ils dispersèrent leurs cendres. Un peu plus tard,
André, devenu Evêque d'Avila en Espagne, périt brûlé
vif, alors qu'il s'était endormi près de sa cheminée. |