SAINT NICOLAS d'Ochrid
 
 

19/03 - 06/03


 
 
Saint Nicolas Velimirovitch, aîné de neuf enfants, naquit le 23 décembre 1880. Ses parents, Dragomir et Katarina, étaient des fermiers qui vivaient dans le petit village de Lelitch en Serbie occidentale. Lorsqu'il était enfant, il accompagnait souvent sa mère au monastère de Chélije, distant de cinq kilomètres, où ils assistaient aux offices. Ce furent les conseils et l'exemple de sa mère qui posèrent les fondations de son développement spirituel, comme il le reconnut lui-même plus tard.

Il fut malade, lorsqu'il était enfant, et níeut jamais une robuste constitution. Plus tard, il ne correspondit pas aux critères d'admission à l'école militaire. Il avait de brillantes capacités intellectuelles, ce qui lui permit d'entrer au séminaire Saint-Sava à Belgrade avant même que d'avoir achevé l'école préparatoire. Lorsqu'il obtint son diplôme, en 1905, il fut sélectionné pour poursuivre ses études à l'étranger. C'est ainsi qu'il obtint un doctorat à l'université de Berne en 1908, avec un ouvrage intitulé  "La foi en la Résurrection du Christ, comme dogme fondamental de l'Église apostolique". L'année suivante, il soutint une autre thèse doctorale à l'université d'Oxford en Angleterre.

De retour en son pays, il fut très gravement atteint de dysenterie. Il émit le vúu que si le Seigneur lui donnait la guérison, il consacrerait le reste de son existence à son service. L'année suivante, il entrait au monastère de Rakovitsa, près de Belgrade. Le même jour, il était ordonné prêtre. L'année suivante, il étudia en Russie, afin de se préparer à enseigner au séminaire de Belgrade. Il écrivit des cours de philosophie, logique, histoire et de langues étrangères - il s'exprimait couramment en sept langues- et il rédigea une anthologie d'homélies. Ces dernières montrent le don qu'il avait pour exprimer les pensées les plus profondes en un langage accessible à tous.

Lors du déclenchement de la première Guerre mondiale, l'archimandrite Nicolas fut envoyé en mission diplomatique en Angleterre, où il intervint avec succès en faveur des Serbes. Son diplôme de doctorat d'Oxford lui valut d'être invité à donner une conférence à l'Abbaye de Westminster. Un évêque anglican se rappelait plus tard  :"L'archimandrite Nicolas Velimirovitch est venu, et en trois mois, il laissa une impression qui dure jusqu'à ce jour. Sa vision de l'Église comme la famille de Dieu - précisément l'inverse de la conception díun "Empire divin" - brise en éclats l'accusation de césaro-papisme que la pensée occidentale adresse à l'Orthodoxie orientale". L'archimandrite Nicolas se rendit ensuite en Amérique. Il vint en aide non seulement aux émigrants serbes, mais encore à des milliers de Croates et de Slovènes.

Il revint en Serbie en 1919 et fut consacré évêque de Zicha; par la suite il fut transféré à Ochrid. Il prêcha la Foi, aida les pauvres, établit des orphelinats. Il encouragea le mouvement  "Bogomljcki Pokret" qui incitait à la prière, à la lecture de la Bible, et à la confession et à la communion fréquentes. Sous l'influence spirituelle de l'évêque Nicolas, le mouvement s'étendit et contribua au renouveau de la vie monastique en Serbie. Il séjourna un an en Russie et il allait chaque année au Mont-Athos. Les capacités de l'évêque Nicolas étaient également reconnues à l'étranger. En 1921, il fut invité en Amérique. En six mois, il donna plus de cent conférences, collecta des fonds pour les orphelinats, et posa les bases pour l'organisation de l'Église serbe en Amérique.

L'évêque Nicolas retourna six ans plus tard en Amérique, à l'invitation de différents mouvements et associations. Après avoir parlé et prêché pendant trois mois, en différentes églises et universités, il retourna en Serbie, tout en s'arrêtant  brièvement en Angleterre. Là, il parla prophétiquement des signes avant-coureurs d'une autre guerre meurtrière. 

Au début des années 1930, il écrit ses remarquables et célèbres "Prières près du lac", spirituellement très proche de ceux quíil rencontra à cette période au Mont-Athos, le starets Silouane et le père Sophrony. Chaque fois que líévêque Nicolas venait à líAthos, il se hâtaient de voir le starets en premier. Cíest líévêque Nicolas qui ordonna le père Sophrony diacre. Au décès de saint Silouane, saint Nicolas publia dans une revue missionnaire serbe une nécrologie intitulée  "Un homme d'un grand amour".

Le 6 avril 1941, les troupes allemandes envahirent la Yougoslavie, et le gouvernement capitula aussitôt. Un grand nombre de Serbes furent massacrés en de terribles atrocités commises par les forces de l'Axe et par les Oustachis, une organisation terroriste croate qui collabora avec les Nazis afin d'obtenir leur appui politique. 750,000 hommes, femmes et enfants furent massacrés, et des milliers furent envoyés dans les camps de la mort en Allemagne.

L'évêque Nicolas fut arrêté en 1941, suites aux critiques qu'il avait émis contre les Nazis. Il fut mis en résidence surveillée au monastère de Ljubostir Vojlovici, jusqu'en septembre 1944. Ensuite, il fut envoyé, avec le Patriarche Gavrilo, au camp d'extermination de Dachau. Là, ils vécurent toutes les horreurs que les prisonniers purent connaître en cet endroit. 

À quelqu'un qui lui demandait si les souffrances des camps "détruisent la vie spirituelle ou la rendent vivante", l'Évêque Nicolas répondit : "Vous êtes assis dans le coin et dites encore et encore  :"Je suis poussière, je suis cendres;  prends mon âme". Et soudain votre âme est soulevée et voit Dieu face à Face. Mais vous ne pouvez pas le supporter et vous Lui dites : "Je ne suis pas prêt, je ne peux pas, renvoie-moi." Et ainsi, une fois de plus, vous êtes assis là pour des heures et des heures, répétant  :"Je suis poussière, je suis cendresÝ; prends mon âme." Et encore une fois, Dieu vous saisit vers le haut. Si c'était possible, je voudrais changer le reste de ma vie pour une heure de plus à Dachau."  À quoi Mgr Nicolas ajoute  :"Et lorsque tu te penches sur des cendres froides, celles-ci sont transfigurées et reçoivent un visage... Permets-moi juste de voir ton visage encore plus... et encore plus de ton visage..." . Le camp fut enfin libéré par les troupes américaines en mai 1945.

Pendant ce temps, le maréchal Tito consolidait son pouvoir communiste en Yougoslavie, écrasant toute opposition et persécutant l'Église. Bien que l'évêque Nicolas désirât revenir en son pays, il savait que s'il le faisait, il serait réduit au silence. Il décida donc, comme le firent des milliers de réfugiés serbes, de rester à l'étranger, afin de pouvoir servir plus efficacement son peuple.

L'évêque Nicolas arriva en Amérique en 1946. En dépit de sa santé, gravement affectée par les épreuves extrêmes du camp de Dachau, il partagea son temps en de nombreuses activités :  des voyages, des conférences, des cours, et l'écriture. Il rédigea un synaxaire intitulé "Le Prologue d'Ochrid" , dont les quatre volumes sont considérés comme un classique de la spiritualité. Il passa trois ans à enseigner au séminaire Saint- Sava à Libertyville en Illinois, avant de s'établir au monastère Saint-Tikhon, en 1951, à Johnstown en Pennsylvanie. Il y resta jusqu'à son décès le 5/18 mars 1958.

Le chapitre final du parcours terrestre de l'évêque Nicolas ne fut en nulle manière affecté par le fait qu'il était âgé de plus de soixante-dix ans. Il enseignait au séminaire, dont il devint le doyen, puis le recteur. Il fut le père spirituel de nombreux séminaristes et moines. Il fut professeur invité au séminaire Saint-Vladimir à Crestwood en l'État de New-York. Il reçut díinnombrables visiteurs, qu'il encourageait avec des propos remplis de vie spirituelle. Lorsqu'il se retirait le soir, c'était pour écrire ou pour prier.

La prière fut une constante dans la vie de l'évêque Nicolas. C'est en position de prière qu'il fut trouvé dans sa chambre à sa mort. Des chrétiens du monde entier se rassemblèrent pour ses funérailles dans la cathédrale orthodoxe serbe de Saint-Sava à New-York. Il fut enterré au monastère de Saint-Sava à Libertyville. L'évêque Nicolas avait exprimé le désir d'être inhumé en son pays natal. Vingt-cinq ans plus tard, le 27 avril 1991, ses reliques furent transférées au monastère de Chetinje en Serbie, en un endroit qui lui avait été réservé depuis longtemps, auprès du tombeau de son disciple, l'archimandrite Justin Popovitch.

Le 19 mai 2003, le saint Synode de l'Église serbe a décidé de canoniser l'évêque d'Ohrid et de Zicha Nicolas Velimirovitch en inscrivant son nom dans le calendrier des saints de l'Église orthodoxe. Les dates de commémoration sont le jour de son décès, le 5/18 mars, et celle du transfert de ses reliques d'Amérique en Serbie, le 20 avril/3 mai.