Saints nouveaux-Martyrs Athonites
23/06 - 10/06 |
Aussitôt que fut
proclamée l'insurrection du peuple grec contre le joug ottoman,
en mars 1821, d'abord dans le Péloponnèse puis dans d'autres
régions de Grèce, dont la Macédoine à partir
du Mont Athos, la Sublime Porte déclencha de terribles représailles
qui ne tardèrent pas à prendre le caractère d'une
implacable persécution religieuse. Après le martyre du Saint
Patriarche Grégoire V et d'autres Hiérarques membres du Saint
Synode, dont le Métropolite Joseph de Thessalonique , la persécution
s'étendit à Thessalonique et sa région. Dès
le 15 juin, les insurgés de Chalcidique furent dispersés
par les troupes turques qui détruisirent tout sur leur passage,
et une partie de la population se réfugia au Mont Athos. En septembre,
le sultan nomma pacha de Thessalonique et gouverneur de l'armée,
Emin Abdoul Loubout pacha, un chrétien apostat, fils de Prêtre
et dont un frère était moine à l'Athos, que l'on surnomma
"le Porte-massue" à cause de sa cruauté. Celui-ci, ayant
organisé une vaste offensive contre les insurgés, vainquit
le reste de leurs troupes, et lorsque les Athonites vinrent lui présenter
leur reddition, le 9 novembre, il leur témoigna une apparente bienveillance.
Mais dès qu'il se fut assuré que les monastères, dont
la plus grande partie des moines avait pris la fuite avec leurs trésors,
n'offraient plus de résistance, il se livra à des pillages
sans précédent, imposa aux Athonites des redevances écrasantes,
installa dans tous les monastères des soldats qui en profanèrent
les lieux les plus saints, et fit arrêter et emprisonner à
Thessalonique la plupart des moines qu'il avait trouvés dans les
monastères et leurs dépendances de Thessalonique et de Chalcidique
Entassés par centaines, principalement
dans les sous-sols humides, ténébreux et malsains de la Tour-Blanche,
appelée alors la "Tour-du-Sang", ces victimes innocentes, les pieds
serrés dans de lourds étaux et le cou retenu par un carcan
de fer, endurèrent la faim, la soif, les injures, les crachats,
les fustigations quotidiennes, refusant d'obtenir la liberté au
prix d'un reniement de leur foi. L'un de ces moines, pourtant, apostasia;
il fut immédiatement libéré et se rangea dans les,
rangs des oppresseurs. Quatre-vingt-deux d'entre eux obtinrent la couronne
du Martyre, alors que d'autres restèrent en prison jusqu'en août
1823. L'histoire nous a préservé les noms de trente-trois
Martyrs de la Grande-Lavra, treize de Grégoriou, cinq de Constamonitou.
Les autres étaient moines de Xénophontos, de Simonos-Petras,
de Stavronikita et d'autres monastères et skites. Le premier, Chrysanthos
de Xénophontos, fut pendu à Constantinople, le 10 avril 1821;
Timothée de Constamonitou périt à Thessalonique le
4 juin 1822; Sabbas le Simple du même monastère, le 10; et
leurs compagnons à d'autres dates et dans des circonstances diverses.
Avec ces bienheureux, Macaire, l'Evêque de Kitros, qui remplaçait
le Métropolite de Thessalonique, souffrit aussi le Martyre. Sans
respect pour son grand âge, les Turcs lui rasèrent la barbe
et les cheveux, puis le traînèrent sur la place publique,
où ils le coupèrent en morceaux (19 mai 1821). Le Prêtre
de l'église Saint-Mènas, Jean, eut les mains et les pieds
coupés, puis ses bourreaux lui arrachèrent les yeux en se
servant de ses propres mains amputées. En ce temps-là, la
ville entière de Thessalonique se couvrit de la pourpre du sang
des martyrs et des victimes innocentes de la barbarie des tyrans, qui entassaient
leurs crânes par milliers, afin de les présenter au regard
satisfait du pacha. Mais peu d'entre eux renièrent la foi.
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