SAINT PAMPHILE
Martyr

et ses Saints Compagnons
 
 

01 mars / 16 février
 


 
 

Le maître de ce choeur des douze glorieux Martyrs qui, d'origines et de qualités différentes, étaient une image de l'Eglise en sa diversité, était l'illustre Pamphile. Originaire de Béryte (Beyrouth), en Syrie, il avait été l'élève de Piérius, le successeur d'Origène à la tête de l'école catéchétique d'Alexandrie, et il devint l'un des plus fervents admirateurs et propagateurs de l'enseignement de ce grand maître. Ayant renoncé à sa fortune pour la distribuer aux pauvres et fuyant toute gloire mondaine, il s'était consacré tout entier à la pratique de la vertu et à la méditation de la parole de Dieu. D'Alexandriie. Il alla s'installer à Césarée de Palestine où, après avoir été ordonné Prêtre, il devint le directeur de l'école théologique fondée par Origène. Avant même le déclenchement de la persécution, il vivait comme un Martyr, en mortifiant tous les plaisirs de la chair par l'ascèse, et il se consacrait avec un zèle infatigable à la copie et à l'interprétation de l'Ecriture Sainte, en utilisant la méthode allégorique de son maître.

En 307, au moment où la grande persécution de Maximin-Daïa faisait rage dans tout l'Orient, il fut arrêté et conduit devant le gouverneur de Palestine, le cruel Urbain, qui, après l'avoir éprouvé dans les connaissances philosophiques, lui donna l'ordre de sacrifier aux idoles. Le Saint Prêtre supporta les tourments avec la constance d'un être incorporel et fut jeté en prison, en compagnie du Diacre Valens, vieillard de noble apparence, qui pouvait citer de mémoire de longs passages de l'Ecriture Sainte, et du vaillant Paul qui avait enduré sans broncher l'application des fers rouges.

Ils restèrent ainsi durant deux années en prison, jusqu'au jour où cinq Chrétiens originaires d'Egypte, qui avaient escorté des Confesseurs du Christ déportés dans les mines de Cilicie, se présentèrent aux portes de la ville sur le chemin du retour vers leur patrie. Interrogés par les gardes, ils ne cachèrent rien de la vérité et se déclarèrent Chrétiens. On les arrêta aussitôt comme des malfaiteurs et on les conduisit devant le gouverneur de Césarée, Firmilien. Après les avoir éprouvé de diverses tortures, le juge passa à l'interrogatoire et leur demanda de décliner leur identité. Au lieu de donner leurs noms païens, ils s'attribuèrent les noms de grands Prophètes de l'Ancien Testament : Elie, Jérémie, Isaïe, Samuel et Daniel. Quand il leur demanda quelle était leur patrie, l'un d'eux répondit : « Jérusalem! » en faisant allusion à la Jérusalem d'en haut, la Ville du Dieu vivant, qui est la patrie céleste de tous les Chrétiens. Le juge, gardant l'esprit rivé aux choses de cette terre, pensa que les Chrétiens s'étaient concentrés dans une ville ennemie des Romains. Il fit flageller le Saint Martyr pendant un long moment, puis, constatant qu'il restait inébranlable, il donna l'ordre de le décapiter avec ses quatre compagnons.

Emporté par sa colère, il fit amener aussi Pamphile et ses compagnons, qui avaient déjà fait preuve de leur inébranlable fermeté au milieu des supplices, et il leur demanda de se soumettre. Comme les Saints Martyrs persistaient dans leur confession de foi, il les condamna au même châtiment.

Alors qu'on les emmenait afin díêtre exécutés, Porphyre, jeune serviteur de dix-huit ans et fils spirituel de Pamphile, sortit de la foule et réclama à haute voix les corps des Martyrs pour les ensevelir. Le juge, plus féroce qu'une bête sauvage, repoussa cette demande et après avoir fait saisir Porphyre, il le livra à ses bourreaux, en leur donnant l'ordre de lui déchirer la chair jusqu'aux profondeurs des entrailles. Après avoir eu le corps longuement broyé dans les tourments, sans voix et presque sans vie, Porphyre fut condamné à être brûlé à petit feu. Il marcha vers la mort tel un athlète victorieux, le visage rayonnant de la grâce divine et les yeux fixés vers le ciel, en donnant calmement à ses amis ses dernières instructions. Quand il fut placé sur le bûcher, il attira à lui les flammes avec avidité, en respirant profondément, et ne laissa échapper qu'une seule parole pour appeler Jésus, le Fils de Dieu, à son secours.

Séleucus, un des confesseurs qui avaient renoncé à servir dans l'armée pour prendre soin des Chrétiens opprimés, alla annoncer à Pamphile la consommation du Martyre de Porphyre. Comme il embrassait l'un des détenus, les soldats s'emparèrent de lui et le conduisirent devant le gouverneur qui, immédiatement, le condamna à mort. Quelques instants plus tard, Théodule, un vénérable et pieux vieillard, qui avait été honoré de la première charge dans la domesticité du gouverneur, manifesta sa foi et son attachement aux Saints Martyrs de la même manière que Séleucus. Il fut conduit devant son maître qui, au comble de la colère, le livra au supplice de la croix, et l'honora ainsi d'une mort semblable à celle du Sauveur.

Sur ces entrefaites, Julien, homme pieux originaire de Cappadoce et rempli du zèle de l'Esprit Saint, arrivant de voyage, se précipita vers le lieu où gisaient les dépouilles des Saints Martyrs et, transporté de joie, il les serra dans ses bras et les embrassa les uns après les autres. Il fut aussitôt arrêté et traduit devant Firmilien qui le condamna à mourir lui aussi, lentement, par le feu. C'est avec une joie surnaturelle, en rendant grâce à Dieu à haute voix, qu'il rejoignit le choeur des Saints Martyrs.

Après l'exécution de Pamphile, le chef de cette glorieuse cohorte, le gouverneur impie ordonna que son corps et ceux de ses compagnons fussent laissés sur place, en pâture pour les animaux carnassiers. Mais, par la Providence de Dieu, aucune bête n'approcha de leurs saintes dépouilles et les Chrétiens purent leur faire de dignes funérailles.