Saints Pères Théophores
du quatrième concile oecuménique à Chalcédoine. 30/07 - 17/06
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En 451, le Quatrième
grand et Saint Concile åcumémique réunit à Chalcédoine,
630 Pères venus principalement des diocèses d'Orient. À
leur tête se trouvaient Saint Anatole de Constantinople, les légats
du Pape de Rome Saint Léon, Maxime d'Antioche et Saint Juvénal
de Jérusalem. Cette assemblée, la plus grande que l'Eglise
ait connu jusqu'alors, avait été convoquée par les
pieux empereurs Marcien et Pulchérie, afin de rétablir la
paix et l'unité, troublées depuis le faux concile d'Éphèse
(449), et de condamner l'hérésie d'Eutychès.
A la suite du IIIe Concile åcuménique, les partisans des Écoles théologiques d'Alexandrie et d'Antioche étaient difficilement parvenus à une conciliation sur la formule de foi concernant l'union en Christ des natures divine et humaine3. Archimandrite à Constantinople, Eutychès avait été collaborateur de Saint Cyrille. Dans sa volonté d'extirper toute trace de nestorianisme, arguant de la doctrine de ce grand docteur de la foi, il soutenait que les deux natures, divine et humaine, ne pouvaient plus être distinguées l'une de l'autre après l'Incarnation, et que la nature humaine du Christ avait été en quelque sorte "absorbée" par sa nature divine. Alors que Nestorius avait séparé les deux natures, Eutychès, privé par son orgueil de la droite connaissance de la Vérité, qui est la "voie royale" entre deux extrêmes, tomba dans l'hérésie inverse et parlait de "mélange" ou de "fusion" des deux natures en une seule: la nature divine. De cette conception, dénommée monophysisme strict, il fallait donc déduire que le Sauveur n'est pas vraiment de même nature que le Père et le Saint-Esprit, ou qu'Il n'a pas communié avec notre humanité. Eusèbe de Dorylée ayant décelé dans les opinions d'Eutychès une hérésie qui renversait tout le mystère du Salut, un concile fut réuni à Constantinople, sous la présidence de Saint Flavien, qui condamna l'archimandrite (448). Mais, grâce à ses soutiens à la cour, l'hérétique réussit à retourner la situation en sa faveur et, suite à l'intervention violente de l'Archevêque d'Alexandrie, Dioscore, lors du "Brigandage d'Éphèse" (449), il fut innocenté, et Saint Flavien se trouva déposé de manière inique et mourut peu après des suites des mauvais traitements qu'on lui avait infligés. A la mort de Théodose II, qui avait soutenu Eutychès, Marcien et Pulchérie furent invités par le Pape Saint Léon et par tous les Orthodoxes à réparer l'injustice et à rétablir la paix par un Concile åcuménique. D'abord convoqués à Nicée, en septembre 451, les Pères furent transférés à Chalcédoine, dans la basilique de Sainte-Euphémie. Au cours de seize sessions, du 8 octobre au ler novembre, ils travaillèrent d'abord à la condamnation du Brigandage d'Éphèse, à la déposition de ses responsables, Eutychès et Dioscore, et à la réhabilitation posthume de Saint Flavien; puis ils réitérèrent la condamnation de Nestorius prononcée par le Concile d'Éphèse et s'attachèrent surtout à réfuter le monophysisme d'Eutychès. Utilisant la même méthode de conciliation et de synthèse, que celle employée par Saint Cyrille et Jean d'Antioche (433), ils réussirent à harmoniser les points de vue respectifs d'Alexandrie, d'Antioche et de Rome6, et complètèrent l'oeuvre du IIIe Concile åcuménique en définissant de manière précise le dogme de la Personne du Christ-Sauveur (dogme christologique). Après avoir examiné les arguments d'Eutychès, au regard de la Sainte Écriture et des décisions des Conciles antérieurs, les Pères jetèrent l'anathème sur quiconque ajouterait ou retrancherait quoique ce soit à la foi des trois premiers Conciles åcuméniques et, se fondant sur la lettre de saint Léon à Flavien, qu'ils saluèrent comme colonne de l'Orthodoxie, ils rédigèrent une définition de foi, qui fut lue solennellement, en présence de l'empereur, lors de la sixième session, le 22 octobre: « Suivant les Saints Pères, nous enseignons tous unanimement que nous confessons un seul et même Fils Notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait dans sa divinité et le même parfait dans son humanité, le même Dieu en vérité et homme en vérité, composé d'une âme raisonnable et d'un corps, consubstantiel au Père selon sa divinité et, le même, consubstantiel à nous selon l'humanité, en tout semblable à nous hormis le péché; engendré du Père avant les siècles selon la divinité et, le même, dans les derniers temps, né de la Vierge Marie Mère de Dieu, pour notre salut, selon l'humanité: Un seul et même Christ, Fils, Seigneur, Unique-Engendré (Monogène), connu comme étant en deux natures, sans confusion, sans transformation, sans division, sans séparation, la différence des natures n'étant nullement supprimée à cause de l'union, mais la propriété de chacune d'elles étant bien plutôt sauvegardée et rencontrant l'autre dans une unique personne et une unique hypostase; un seul et même Christ qui n'est pas partagé ou divisé en deux personnes, mais qui est l'unique et le même Seigneur Jésus-Christ, Fils Unique, Dieu Verbe, comme les Prophètes jadis l'ont annoncé, comme Jésus-Christ lui-même nous l'a enseigné et comme le Symbole des Pères nous l'a transmis. » A la question de l'empereur, tous s'écrièrent: « Nous croyons tous ainsi. Une seule foi, un seul jugement. Nous sommes tous dans les mêmes sentiments. Nous avons tous souscrits à l'unanimité. Nous sommes tous Orthodoxes. C'est là la foi des Pères. C'est là la foi des Apôtres. C'est cette foi-là qui a sauvé le monde. ( ... ) Dieu donnera la paix à votre règne: Marcien, nouveau Constantin! Pulchérie, nouvelle Hélène! Vous êtes les flambeaux de la Foi Orthodoxe! Votre vie est la sécurité de tous. Votre foi est la gloire des Églises! » Par cette définition de foi, unique par sa profondeur et sa précision, les Saints Pères confessaient donc l'union véritable des deux natures, divine et humaine, dans l'unique Personne du Verbe de Dieu. Grâce à la foi de Chalcédoine, précisée ensuite par des Pères tels que Saint Maxime le Confesseur et Saint Jean Damascène, nous, Orthodoxes, comprenons que c'est en vivant dans le Christ Dieu-Homme que nous pouvons être unis à Dieu, déifiés, sans toutefois perdre notre identité naturelle. L'union sans confusion de la divinité et de l'humanité dans le Christ, selon l'hypostase, devient union sans confusion des deux natures, selon la grâce du Saint-Esprit, chez les Chrétiens. Le but de l'Église qui est le Christ Dieu-Homme continué parmi nous jusqu'à la fin des âges ó est de nous conduire jusqu'à la mesure de la plénitude du Christ, c'est-à-dire à la pleine "divino-humanisation". Tout part et revient à la Personne du Sauveur, tout y est "divino-humain": le Dogme, la morale, l'ascèse et la prière, la Liturgie, l'art de l'Icône et la musique. Tout y est humain, sensible et historique, et en même temps pleinement divinisé par l'énergie du Saint-Esprit, de sorte que c'est vraiment le Christ qui "vit" en chacun de Ses membres et dans toutes les manifestations de son Corps mystique. Le Dieu-Homme défini par le Concile de Chalcédoine est donc pour nous, Chrétiens Orthodoxes, la "valeur suprême et le critère ultime de la vérité", car c'est en Lui et par Lui que nous avons accès auprès de Dieu et acquérons la dignité de fils. Dans les sessions suivantes, les Pères réglèrent les questions d'ordre et de discipline ecclésiastiques, et promulguèrent 27 Canons, auxquels fut ajouté un décret confirmant le 3e Canon du IIème Concile åcuménique et conférant au siège de Constantinople ó en tant que capitale ó le second rang après Rome et la juridiction patriarcale sur les diocèses d'Asie, du Pont et de Thrace, ainsi que sur les Communautés Chrétiennes situées en dehors des limites de l'Empire. La Synaxe du Concile de Chalcédoine fut célébrée pour la première fois le 16 juillet 518, à l'occasion du rétablissement du Concile dans les Diptyques, après l'avènement de l'empereur Justin. Malgré les arguments avancés par St Nicodème pour montrer que ce dimanche est dédié à la mémoire des six premiers Conciles åcuméniques, il faut remarquer que si le second canon de l'Orthros, composé par St Philothée de Constantinople, se rapporte à la théologie des deux énergies, confessée par le sixième Concile, il s'agit en fait d'un développement de la foi de Chalcédoine et cela ne remet pas en cause cette mémoire du Quatrième Concile, dont témoigne les plus anciens manuscrits. Par ailleurs les tropaires (Doxastika) qui mentionnent les sept conciles et toutes les hérésies, se répètent à d'autres fêtes de Conciles, manifestant que chaque Synode a été la récapitulation de la Foi une et indivisible de l'Église.
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