SYNAXE DES TROIS HIERARQUES
ET DOCTEURS UNIVERSELS : BASILE le GRAND,
12 février / 30 janvier |
Sous le règne
de l'empereur Alexis Comnène (1081-1118), une querelle vint à
diviser à Constantinople les hommes instruits dans les choses de
la foi et zélés pour la vertu, au sujet des trois Saints
Hiérarques et grands Pères de l'Eglise : Basile le Grand,
Grégoire le Théologien et Jean Chrysostome. Les uns disaient
préférer Saint Basile aux deux autres, car il a su expliquer
les Mystères de la nature comme aucun autre et il s'est élevé
au rang des Anges par ses vertus. Organisateur du monachisme, chef de l'Eglise
entière pour lutter contre l'hérésie, pasteur austère
et exigeant quant à la pureté des múurs, il n'y avait en
lui rien de bas ni de terrestre. C'est pourquoi il était, disaient-ils,
supérieur à Saint Chrysostome qui, par nature, était
plus facilement porté à pardonner aux pécheurs.
D'autres, prenant le parti de l'illustre Archevêque de Constantinople, rétorquaient que Saint Chrysostome n'avait été en rien moins zélé que Saint Basile pour combattre les vices, porter les pécheurs au repentir et élever tout le peuple à la perfection évangélique. Insurpassable par son éloquence, ce pasteur à la « bouche d'or » a arrosé l'Eglise d'un véritable fleuve de discours, dans lesquels il a interprété la parole de Dieu et a montré comment l'appliquer dans la vie courante, avec une maîtrise supérieure aux deux autres Saints Docteurs. Un troisième groupe soutenait que Saint Grégoire le Théologien leur était supérieur, à cause de la majesté, de la pureté et de la profondeur de son langage. Maîtrisant en souverain toute la sagesse et toute l'éloquence helléniques, il avait atteint, disaient-ils, un tel degré dans la contemplation de Dieu que personne comme lui n'a su exprimer si parfaitement le dogme de la Sainte Trinité. Chacun défendant ainsi l'un des Pères
contre les deux autres, la querelle gagna bientôt tout le peuple
chrétien de la capitale et, loin de favoriser la dévotion
pour les Saints, il n'en sortait que troubles, discordes et disputes sans
fin entre les trois partis. C'est alors qu'une nuit les trois Saints Hiérarques
apparurent en songe à Saint Jean Mauropos, Métropolite d'Eucheita
( mémoire le 5 octobre ), d'abord séparément puis
tous les trois ensemble. Et, d'une seule voix, ils lui dirent: «
Comme tu le vois, nous Sommes tous les trois auprès de Dieu et aucune
discorde ou rivalité ne nous séparent. Chacun d'entre nous,
selon les circonstances et selon l'inspiration qu'il avait reçue
du Saint-Esprit, a écrit et enseigné ce qui convenait pour
le salut des hommes. Il n'y a ni premier, ni second, ni troisième
entre nous; et si tu invoques l'un de nous aussitôt les deux autres
sont présents avec lui. Aussi ordonne à ceux qui se disputent
de ne pas créer de divisions dans l'Eglise à cause de nous,
car lorsque nous étions en vie tous nos efforts ont été
consacrés à rétablir l'unité et la concorde
dans le monde. Puis réunis en une fête nos trois mémoires
et composes-en l'Office en y insérant les hymnes dédiées
à chacun d'entre nous, selon l'art et la science que Dieu t'a donnés,
et transmets-le aux Chrétiens en leur ordonnant de le célébrer
chaque année. S'ils nous honorent ainsi, comme étant un auprès
de Dieu et en Dieu, nous leur promettions d'intercéder dans notre
commune prière pour leur salut ». Sur ces mots, les Saints
furent enlevés au ciel dans une lumière infinie, en s'adressant
l'un à l'autre par leurs noms.
Comme l'évoquent de nombreux tropaires de cet Office magnifique, les trois Hiérarques ó trinité terrestre ó distincts par leurs personnes mais unis par la Grâce de Dieu, nous ont enseigné, tant par leurs écrits que par leur vie, à adorer et à glorifier la Sainte Trinité, le Dieu unique en trois Personnes. Ces trois luminaires de l'Eglise ont répandu par toute la terre la lumière de la Vraie Foi, au mépris des dangers et des persécutions, et ils nous ont laissé, à nous leurs descendants, ce saint héritage par lequel nous pouvons atteindre aussi la béatitude suprême et la vie éternelle en présence de Dieu, avec tous les Saints. En clôturant le mois de janvier, pendant
lequel nous célébrons la mémoire de tant de glorieux
Hiérarques, Confesseurs et Ascètes, par la fête commune
des trois grands Hiérarques, l'Eglise récapitule en quelque
sorte la mémoire de tous les Saints qui ont témoigné
de la Foi Orthodoxe par leurs écrits et par leur vie. Avec cette
fête, c'est tout le ministère d'enseignement, d'illumination
de l'intelligence et des coeurs des fidèles par la parole, que nous
honorons. La Fête des trois Hiérarques est donc en fait la
commémoration de tous les Pères de l'Eglise, de tous ces
modèles de la perfection évangélique que le Saint-Esprit
a suscité d'époque en époque et de lieu en lieu, pour
être de nouveaux Prophètes et de nouveaux Apôtres, les
guides des âmes vers le Ciel, les consolateurs du peuple et des colonnes
de prière incandescentes qui soutiennent l'Eglise et la confirment
dans la vérité.
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