Saints Hiéromartyrs
Vladimir de Kiev et Benjamin de Pétrograd, de la Sainte Martyre
la grande-duchesse Elisabeth ainsi que la Synaxe de tous les Nouveaux-Martyrs
de l'Eglise russe au XXe siècle .
Baptisée au Xe siècle par des
missionnaires venus de Byzance, l'Église russe a produit dans la
suite des temps quantité de Saints: hiérarques, moines et
justes, qui ont été prendre place en compagnie des Saints
antérieurs dans la cour céleste. Mais il lui manquait d'être
ornée, comme de pourpre et de lin fin, du sang des Martyrs, pour
être présentée parfaite et rayonnante au Christ son
Époux.
La persécution sans précédent
en cruauté et en extension qui, depuis la Révolution bolchevique
de 1917 jusqu'à la célébration du Millénaire
du Baptême de la Russie (1988), s'est abattue sur l'Église
de Russie, loin d'éteindre le Christianisme, lui a procuré
au contraire son plus haut titre de gloire.
La fermeture systématique des églises
et leur transformation en musées de l'athéisme, l'interdiction
de tout enseignement religieux, la grossière et oppressante propagande
athée, la délation répandue jusqu'au sein des familles,
les vexations de toutes sortes, les internements dans les hôpitaux
psychiatriques d'où l'on ne ressortait qu'après avoir été
dépouillé de sa personnalité, les déportations
dans les camps d'extermination, les tortures sanguinaires ou psychiques
qui ont dépassé en cruauté tout ce qu'avaient imaginé
les tortionnaires de jadis, toutes ces machinations de Satan se sont révélées
impuissantes à éteindre la Foi et ont tourné à
la confusion de leurs auteurs, en montrant que le Christianisme n'est pas
une doctrine humaine, mais qu'il est vie et puissance de Dieu qui habite
en nos coeurs pour nous rendre plus forts que la mort.
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De 1918 à
1926, la tourmente révolutionnaire qui s'est acharnée sur
les représentants les plus dignes de l'Église Russe, a produit
plus de Martyrs que toutes les persécutions d'antan. Parmi ces nouveaux-Martyrs
on compte 78 Evêques :
le Saint "Premier-Martyr" Vladimir, Métropolite
de Kiev,
le Saint Patriarche Tikhon (ci-contre)
les Saints Hiérarques Benjamin de Pétrograd,
Barsanuphe de Kirillov, Andronique de Perm, Métrophane d'Astrakhan... |
Quelques 2 700 Prêtres, 2 000 Moines et
3 400 Moniales, morts dans des monastères transformés en
camps de concentration, ainsi que des centaines de milliers de pieux laïcs,
connus ou inconnus, qui ont bravement affronté le dépouillement
de leurs biens, le mépris et les tortures de toutes sortes pour
répondre à cette invitation du Seigneur: « Reste
fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de
la vie » . Leur sang versé en libation et leurs souffrances
sont les joyaux qui, en ces derniers temps, sont venus rehausser la robe
nuptiale de l'Épouse du Christ, de sorte qu'on peut chanter aujourd'hui
en leur honneur avec le Psalmiste: « A sa suite des vierges sont
amenées au Roi, ses compagnes lui sont présentées.
Elles sont introduites parmi la joie et l'allégresse, elles entrent
dans le Temple du Roi »
Il est impossible de narrer ici toutes leurs
confession de foi et tous leurs tourments. Nous nous limiterons ici à
l'évocation de trois des plus notables de ces athlètes de
la piété, dont le culte a été récemment
proclamé.
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Le Saint Métropolite
Vladimir de Kiev (ci-contre sa photo et son Icône),
premier des Nouveaux-Martyrs de l'Église Russe, naquit en 1848,
dans le diocèse de Tambov, au sein d'une famille sacerdotale. Prêtre
marié, il perdit son épouse et son jeune fils après
quatre années de Sacerdoce, et il entra alors au Monastère
de Kozlov. En 1888, il fut consacré Evêque de Staraja-Russa,
dans le diocèse de Novgorod et, trois ans plus tard, fut transféré,
au plus fort d'une épidémie de choléra, à Samara
où il consacra toutes ses forces au soulagement du peuple éprouvé.
Puis il travailla, pendant six ans, à l'instruction spirituelle
des peuples orthodoxes du Caucase, fondant de nombreuses églises
et écoles ecclésiastiques.
Son élection comme Métropolite
de Moscou en 1898, marqua un renouveau dans la vie ecclésiastique
du diocèse. Il montrait un intérêt tout particulier
pour la formation des Prêtres, qu'il choisissait judicieusement,
et pour l'enseignement des ouvriers d'usine, à l'intention desquels
il oganisait des conférences spirituelles. Il aidait aussi les moines
de la Laure de Saint-Serge, et fut à cette époque le père
spirituel de la grande-duchesse Sainte Élisabeth. En 1912, il fut
nommé Métropolite de Pétrograd et président
du Saint-Synode. Mais sa résistance courageuse à l'ingérence
de l'imposteur Raspoutine dans les affaires de l'Église, provoqua
sa disgrâce, et il fut transféré à Kiev, au
bout de trois ans.
La Révolution d'Octobre ébranla
la vie ecclésiastique en Ukraine, comme dans toute la Russie, et
l'on tenta d'y fonder une Eglise nationale, ne reconnaissant pas le Métropolite
Vladimir qui s'était réfugié au Monastère des
Grottes. Au début 1918, alors que la guerre civile avait atteint
Kiev, le Métropolite continuait à célébrer
la Divine Liturgie en plein bombardement. Le 25 janvier, Kiev étant
occupée par les bolcheviques, un détachement de cinq hommes
armés se présenta au monastère qui avait été
pillé quelques jours plus tôt, et appréhenda le Métropolite.
Le Saint les suivit, en pleine nuit, chantant et priant, aussi calmement
que lorsqu'il se préparait à célébrer la Divine
Liturgie. Lorsqu'ils parvinrent au lieu de l'exécution, il bénit
ses bourreaux et dit: « Que Dieu vous pardonne! », avant de
tomber fusillé. |
Le Saint Métropolite
Benjamin, connu pour son zèle pastoral,
tout spécialement à l'égard des populations ouvrières,
fut élu pour le siège de Pétrograd en 1917.
Il entreprit aussitôt une réforme
des paroisses et s'efforça de libérer l'Eglise de toute implication
dans les affaires politiques. Sa parole, simple et spirituelle, attirait
les foules dans les églises où il célébrait,
et malgré sa haute charge, il continuait de visiter les pauvres
et les ouvriers. Lors de la famine de 1921, conséquence de la Révolution
d'octobre et de la guerre civile, qui fit plus de six millions de victimes,
le Métropolite n'hésita pas à livrer à l'État
tous les biens de l'Église, à condition qu'ils restent un
don délibéré, sévèrement contrôlé
par le Clergé et les fidèles.
Les bolcheviques semblèrent alors devenir
plus conciliants; mais la position intransigeante du Métropolite
contre le mouvement de l'"Eglise Vivante", qui avait pour but le démembrement
de l'Église et de la Tradition, raviva leur haine.
Arrêté le 29 mai 1922, avec quatre-vingt-cinq
autres Clercs et laïcs, il fut jugé devant un tribunal révolutionnaire,
tandis qu'une foule immense de cent mille personnes se pressaient autour
de l'immeuble, soutenant leur père spirituel par leur silence et
leur prière. Le Métropolite réfuta avec calme toutes
les accusations portées contre lui pour menées anti-révolutionnaires
et résista aux calomnies des clercs de l'Église Vivante,
véritables "incarnations de Juda" Appelé à se justifier
de ces ignobles accusations, il dit: « Ce qui me coûte le plus
est d'entendre que je suis un ennemi du peuple ». Et il ajouta: «
Quelle que soit votre sentence, je tourne mes yeux vers le ciel et, faisant
mon signe de Croix, je dit: "Gloire à Toi pour tout, Seigneur, mon
Dieu!" ».
Malgré le soutien manifeste du peuple,
le tribunal condamna à mort le Métropolite, ainsi que l'Archimandrite
Serge et les Prêtres Georges Novitsky et Jean Kavsarov; ils furent
fusillés le 13 août. Les bolcheviques, craignant une insurrection,
avaient fait croire que le Métropolite avait été transféré
à Moscou; et dans le petit peuple, la rumeur se répandit
que leur père n'avait pas disparu, mais qu'il se cachait pour revenir
un fois la tourmente apaisée. |
Le Métropolite Benjamin
avec le Patriarche Tikhon |
Icône de
Saint Benjamin |
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Elisabeth
à l'époque de
son mariage |
Sainte Elisabeth |
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La grande-duchesse
Sainte Élisabeth naquit en 1864.
Fille du duc de Darmstadt, elle se convertit
du protestantisme à l'Orthodoxie lors de son mariage avec le grand-duc
Serge Alexandrovitch, malgré l'opposition de sa famille. Dès
les premiers jours de sa vie matrimoniale, elle commença à
pratiquer largement l'aumône et à se consacrer à des
oeuvres philanthropiques. Pendant la guerre russo-japonaise, elle organisa
des convois d'ambulances et des hôpitaux pour recevoir les blessés.
Le 18 février 1905, son époux
fut assassiné par un terroriste. La grande-duchesse accepta le deuil
avec résignation et, deux jours après, elle rendit visite
à l'assassin en prison, pour l'exhorter au repentir. Elle adressa
au tsar une demande de grâce, et tout le reste de sa vie, elle pria
pour cet homme.
Ayant décidé de se consacrer
tout entière à Dieu, Sainte Élisabeth vendit les nombreuses
oeuvres d'art quelle possédait et fonda à Moscou le Monastère
de Marthe-et-Marie, dédié aux oeuvres de miséricorde.
Au printemps 1918, elle fut arrêtée par les bolcheviques en
compagnie de deux moniales de ce monastère, Catherine et Barbara.
La première fut libérée peu après, mais Barbara
réussit à rester auprès de la grande-duchesse et partagea
son Martyr.
La nuit du 18 juillet
1918, Sainte Élisabeth et d'autres membres de la famille Romanov
furent précipités dans une galerie des mines d'Alapaevsky,
où l'on fit éclater des grenades. Leurs corps furent retrouvés
au mois d'octobre suivant, après que des chants et des prières
eussent été entendus sur les lieux. Le corps de Sainte Élisabeth
était intact et incorrompu.
On envoya alors ses précieuses Reliques,
avec celle de la moniale Barbara, à Jérusalem, où
elles furent déposées dans l'église du Monastère
de Sainte-Marie-Madeleine, qui a été construite par l'empereur
Alexandre III.
Ci-contre :
Icône de Sainte Elisabeth
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N.B. : Proposée dès le
Concile pan-russe de 1918, la célébration de tous les Martyrs
de la persécution soviétique a été instituée
en 1981 par le Synode de l'Église Russe hors-frontières,
et a été fixée au dimanche le plus proche du 25 janvier,
selon l'ancien calendrier (soit du 7 février selon le nouveau).
En 1991, le Patriarcat de Moscou a procédé, à son
tour, à la reconnaissance du culte des Saints Hiéromartyrs
Vladimir de Kiev et Benjamin de Pétrograd, et de la Sainte Martyre
Élisabeth, première étape vers l'institution par l'Église
Russe d'une Synaxe de tous ses Nouveaux-Martyrs. |