DIMANCHE DU
TRIOMPHE DE L'ORTHODOXIE - Premier Dimanche du grand Carême - |
Ce premier Dimanche
de Carême, nous faisons mémoire du rétablissement des
Saintes Icônes advenu sous le règne de Michel, empereur de
Constantinople, et de sa mère Théodora, d'éternelle
mémoire, et sous le pontificat du Saint Patriarche et Confesseur
Méthode.Lorsque Léon l'Isaurien, d'artisan et d'ânier
qu'il était, prit le sceptre de l'empire, par concession de Dieu,
le Patriarche Germain, qui tenait alors le gouvernail de l'Eglise, fut
aussitôt appelé par lui pour s'entendre dire : « A ce
qui me semble, Monseigneur, les Saintes Images ne diffèrent en rien
des idoles ; ordonne donc qu'elles soient rapidement enlevées. Si
elles représentent vraiment les Saints, qu'elles soient mises plus
haut, afin que les pécheurs que nous sommes ne les souillent pas
constamment de leurs baisers. »
Le Patriarche, cherchant à détourner l'empereur d'une telle aversion, lui dit : « Sire, ne te fâche pas, mais qui entendons-nous parler contre les Saintes "Icônes"? quelqu'un qui porte le nom de "Conon"! » Et lui : « Oui, c'est ainsi que j'étais appelé, quand j'étais enfant. » Comme le Patriarche ne se laissait pas convaincre de se ranger à l'avis de l'empereur, celui-ci l'exila et mit à sa place Anastase, qui partageait ses idées. Et c'est ainsi que fut déclarée la guerre contre les Saintes Icônes. On dit que les premiers à lui inspirer
cette aversion furent des juifs, qui lui prédirent grâce a
une sorcière son accession au trône, alors qu'il était
pauvre et qu'avec eux il pratiquait pour vivre le métier d'ânier.
Lorsqu'il eut fini de vivre et si mal, Constantin Copronyme, ce lionceau
encore plus cruel issu de lui, devint l'héritier de son pouvoir
et plus encore de sa rage contre les Saintes Icônes. Mais qu'est-il
besoin de dire les faits et gestes de cet impie?
Lorsqu'il eurent déposé la royauté, il y eut Nicéphore le Logothète, puis son fils Stavrakios et, après lui, Michel Rangabè, qui vénérèrent les Saintes Images. A Michel succéda le féroce Léon l'Arménien : perfidement corrompu par un moine impie, un reclus, il déclencha la seconde lutte contre les Icônes, et de nouveau l'Eglise de Dieu se trouva sans ornement. Michel d'Amorium lui succéda, puis son fils Théophile qui laissèrent les autres au second plan dans la fureur contre les Icônes. Ce Théophile livra beaucoup de Pères à d'horribles peines et châtiments à cause des images sacrées. Après douze ans de règne, il fut pris de dysenterie et faillit perdre la vie : sa bouche S'ouvrit de façon exagérée, au point de laisser paraître ses entrailles. L'auguste Théodora fut très fâchée
de ce qui arrivait. A peine endormie, elle eut la vision de la Sainte Mère
de Dieu, tenant dans ses bras le Dieu d'avant les siècles et entourée
d'Anges resplendissants, qui blâmaient et châtiaient Théophile
son époux. Lorsque le songe la quitta, Théophile, s'éveillant
un moment, s'écria : « Malheur à moi, je suis puni
à cause des Saintes Icônes! ».
Sur ces entrefaites, Joannice le Grand, qui pratiquait l'ascèse dans les montagnes de l'Olympe, eut une sainte visite, en la personne du grand ascète Arsakios. « Dieu m'a envoyé vers toi, dit-il, afin que nous nous rendions chez un très Saint Moine, Isaïe, reclus de Nicomédie, et que nous apprenions ce qui est agréable à Dieu et ce qui convient à son Eglise. S'étant donc rendus chez le Vénérable Isaie, ils entendirent de lui : « Ainsi parle le Seigneur : Voici qu'approche la fin des ennemis de Ma représentation en Image ; allez donc chez l'impératrice Théodora et chez le Patriarche Méthode, et dites-leur de calmer tous les impies, afin de pouvoir m'offrir le Sacrifice avec les Anges, en vénérant Mon Image et celle de Ma Croix. » Ayant oui cela, ils gagnèrent aussitôt Constantinople et rapportèrent au Patriarche Méthode et à tous les élus ce qui leur avait été dit. S'étant rassemblés, ils allèrent chez l'impératrice pour la convaincre ; mais ils découvrirent que ses parents lui avaient inculqué en tout la piété et l'amour de Dieu. Et aussitôt l'impératrice, détachant l'image de la Mère de Dieu qu'elle portait suspendue à son cou, à la vue de tous la baisa en disant : « Si quelqu'un ne vénère et ne baise les Icônes avec amour, non de façon idolâtre mais en relation avec leurs archétypes, qu'il soit anathème! » Et ils éprouvèrent une grande joie. A son tour, elle leur demanda de faire une prière pour son époux Théophile. Voyant sa foi, ils se laissèrent persuadés, malgré leur réluctance. Le Patriarche Méthode rassembla tout le peuple, tout le Clergé et les Evêques dans la grande Eglise de Dieu. Parmi eux furent choisis : les moines de l'Olympe Joannice et Arsakios, Naukratios et ses disciples Théodore Studite, le Grand et Saint Théophane et Théodore, ces confesseurs « marqués », le syncelle Michel l'Hagiopolite, et beaucoup d'autres ; ils célébrèrent devant Dieu une intercession de toute la nuit pour Théophile, tous priant avec larmes et de manière instante. Et ils firent ces [pannykhides] pendant toute la première semaine du Carême, l'impératrice Théodora y prenant part elle-même, avec les femmes et le reste du Peuple. Sur ces entrefaites, l'impératrice Théodora,
à l'aube du vendredi, eut un songe, et il lui sembla se trouver
près de la colonne de la Croix et que des gens passaient avec tumulte
le long de la voie, portant divers instruments de supplice ; au milieu
d'eux, on amenait un prisonnier, l'empereur Théophile, les mains
liées derrière le dos. L'ayant reconnu, elle suivit elle
aussi ceux qui l'emmenaient. Lorsqu'ils arrivèrent à la Porte
de bronze, elle vit un homme à l'aspect surnaturel, assis devant
l'Icône du Christ, et Théophile se tint en sa présence.
Telle fut la vision de l'impératrice Théodora. Alors le Patriarche Méthode, après les prières et intercession qu'on avait faites pour lui, prit une charte neuve, où il inscrivit les noms de tous les empereurs hérétiques, y compris celui de Théophile, et il déposa le tout au bas de l'Autel. Et le vendredi, il vit lui-même un Ange effrayant entrer dans la grande Eglise et s'approcher de lui pour lui dire : «Evêque, ta prière a été exaucée, et l'empereur Théophile a obtenu son pardon ; dorénavant n'importune plus le Seigneur à son sujet! » Pour se rendre compte de la véracité de sa vision, il descendit de son siège, il prit la charte et, l'ayant déroulée, il trouva, ô merveille, que le nom de Théophile avait été effacé, par jugement divin. Apprenant cela, l'impératrice exulta grandement et demanda au Patriarche que tout le peuple se rassemble, avec les Croix vénérables et les Images sacrées, dans la grande Eglise, afin que lui soit rendue l'ornement des Saintes Icônes et que soit connu de tous le prodige nouveau. Alors, tous, ou peu s'en faut, affluèrent dans l'Eglise avec des cierges, et l'impératrice vint avec son fils. On y fit une Litie avec les Saintes Icônes, les vénérables Reliques de la Croix et le Saint Evangile, puis on sortit jusqu'au lieu dit [de la borne] milliaire, en chantant le Kyrie eleison. Au retour de la procession, on célébra
la Divine Liturgie dans la grande Eglise : les Saintes et vénérables
Icônes furent élevées à nouveau sur les colonnes
par de Saints hommes choisis ; ceux qui avaient pratiqué la piété
et le Culte Orthodoxe furent l'objet de louanges, ceux qui n'avaient pas
accepté la vénération des Saintes Icônes furent
excommuniés et livrés à l'anathème. Et les
Saints Confesseurs décidèrent que dorénavant on célébrerait
chaque année cette fête sacrée, afin qu'on ne retombât
plus jamais dans une telle impiété.
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