BASILE le bienheureux Fol-en-Christ et Thaumaturge de Moscou. 15/08 - 02/08 |
Basile le Bienheureux,
le plus célèbre des Saints Fous qui fleurirent en Russie, naquit
en 1464 à Élokhov, village proche de Moscou, de pieux paysans,
Jacques et Anne. Confié dès son enfance comme apprenti à
un cordonnier, il menait une vie ascétique, priait constamment et
manifesta dès lors les premiers signes de la grâce divine. Alors
qu'il était âgé de seize ans, il se moqua un jour d'un
marchand qui venait de commander une grande quantité de bottes neuves.
Le client parti, son patron lui demanda avec insistance la raison de sa conduite.
Le jeune garçon lui répondit qu'il était étrange
de commander des bottes, en quantité suffisante pour de nombreuses
années, alors que cet homme allait mourir le lendemain. Sa prophétie
s'étant réalisée, Basile ne voulut plus rester chez
son maître ni retourner chez ses parents, et il partit pour Moscou.
Perdu dans la foule tumultueuse de la cité, il embrassa l'ascèse de la folie simulée, de manière à communier pleinement à la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ tout en restant à l'abri des honneurs des hommes. N'ayant pas de domicile fixe, et pas même de cahute pour reposer sa tête, il vivait presque nu dans les rues et sur les places publiques, passait ses nuits en prière sous le porche des églises, et gardait au milieu de la foule un silence aussi parfait que les ermites au fond des déserts. Quand il était obligé de prendre la parole, il feignait de parler avec difficulté. Étranger à tout homme, ayant renoncé au monde et à ses attachements, il montrait cependant une immense compassion pour les malheureux, les malades et les opprimés. Ainsi il rendait souvent visite aux détenus d'une prison pour ivrognes, afin de les exhorter à la conversion. En un temps où régnaient l'horreur et l'oppression, la vie de Saint Basile était un vivant reproche pour les boïars corrompus et une consolation pour le peuple éprouvé. Presque toutes ces actions avaient un sens prophétique. C'est ainsi qu'à maintes reprises le Bienheureux jeta des pierres à l'angle des maisons de gens pieux; mais quand il passait devant la maison de ceux qui vivaient dans le péché, il embrassait le coin du mur. Quand on lui demanda le sens de cette conduite étrange, Basile répondit que dans les maisons où réside la sainteté, il n'y a pas de place pour les démons, et c'est pour cette raison que, les voyant à l'extérieur, il les chassait à coups de pierres. Par contre, en embrassant le coin des mauvaises maisons, il saluait les Anges qui restaient à l'extérieur, affligés de ne pouvoir y entrer. Au marché, il détruisait les étals des négociants malhonnêtes; et un jour où le tsar lui avait remis de l'argent, contrairement à son habitude, il n'alla pas le distribuer aux pauvres, mais à un marchand proprement vêtu qui, ayant perdu sa fortune, n'osait pas mendier et souffrait de la faim. En 1521, alors que les Tatares, sous la conduite de Mehmet Hireï, menaçaient Moscou, Saint Basile priait devant les portes de la cathédrale de la Dormition en versant d'abondantes larmes pour le salut de sa patrie. On entendit alors dans l'église un bruit terrible, une flamme s'éleva et une voix venant de l'Icône de la Mère de Dieu de Vladimir annonça qu'elle délaisserait Moscou, à cause des péchés de ses habitants. Le Saint intensifia sa prière et la terrible apparition cessa. Mehmet Hireï, qui avait déjà incendié les faubourgs, fut alors repoussé par l'apparition d'une multitude de soldats, et il s'enfuit rapidement au-delà des frontières de la Russie. Le tsar Ivan IV, dit le Terrible, aimait le Saint et lui témoignait une profonde admiration, ainsi que le Métropolite Saint Macaire (cf. 30 déc. suppl.). Une fois, invité au palais à l'occasion de l'anniversaire du souverain, le Bienheureux versa à trois reprises du vin par la fenêtre, disant au tsar qui l'avait interrogé avec irritation, qu'il était en train d'éteindre un incendie à Novgorod. Un peu plus tard, on vint annoncer qu'un grand incendie s'était effectivement déclaré à Novgorod, mais qu'il n'avait pu s'étendre car un homme étrange et sans vêtements arrosait les maisons en feu. Et les messagers reconnurent qu'il s'agissait de Basile en voyant l'homme de Dieu. Une autre fois, en 1547, le Saint se mit à pleurer amèrement devant l'église du Monastère de l'Exaltation de la Croix, à l'endroit même où, peu après, se déclara le grand incendie qui dévasta Moscou. Quelque temps après ce sinistre, alors que le tsar assistait à la Divine Liturgie, le Bienheureux se tenait dans un coin et l'observait. Après la Liturgie, il dit au tsar: « Tu n'étais pas à l'église, mais quelque part ailleurs! » Le souverain protesta. Et Basile lui répliqua: «Tes paroles ne sont point véridiques. J'ai vu comme tu cheminais en pensée sur le Mont des Moineaux pour y construire ton nouveau palais! » Dès lors le souverain se mit à craindre le Saint et à lui montrer un respect encore plus grand; mais cette piété ne l'empêcha pas de manifester sa cruauté restée légendaire. Saint Basile apparut aussi à des passagers d'un navire perse en détresse, et les sauva du naufrage. Et il accomplit encore quantité d'autres miracles pendant les soixante-douze années de son ministère de salut. Parvenu à l'âge de 88 ans, il tomba malade. Aussitôt avertis, l'empereur et sa famille se rendirent à son chevet pour solliciter ses prières. Pendant que Saint Basile prophétisait sur l'avenir du royaume, son visage rayonnait de lumière, car il contemplait une assemblée d'Anges qui étaient venus prendre son âme. Ravi en extase, il s'endormit dans la joie, le 2 août 1552. Toute la cité se remplit alors de parfum et une foule immense se rassembla pour ses funérailles. L'empereur et ses fils portèrent sur leurs épaules son corps jusqu'à l'église, où l'attendaient le Métropolite et ses Evêques. Sur son tombeau, qui était devenu une source de guérisons pour les fidèles éprouvés, non seulement de Moscou mais aussi des régions éloignées, on bâtit une église dédiée à la Protection de la Mère de Dieu, en commémoration de la prise de Kazan, église qui reçut ensuite le nom de Saint-Basile. Comme les miracles du Saint ne cessaient de
se multiplier, au temps de l'épiscopat de Saint Job, on procéda
à la reconnaissance officielle de son culte (1588). Ce jour-là
cent vingt malades retrouvèrent la santé devant les précieuses
Reliques du Saint. |