Agé de dix-huit
ans, Saint Théophile était marin de profession. Faisant un
jour escale à Chio, il entra en dispute avec son capitaine, et profitant
de l'occasion un navigateur Turc entreprit de le prendre à son service.
Comme le jeune Chrétien refusait, il l'accusa auprès du juge
local de porter indûment un fez, insigne de la religion musulmane.
Théophile résista à toutes les pressions et aux promesses
fallacieuses, mais les Turcs réussirent cependant à le circoncire
de force et ils envisageaient de l'offrir en présent au sultan à
Constantinople. Toutefois, le soir même, le jeune garçon,
profitant du départ de ses ravisseurs pour la mosquée, réussit
à s'enfuir et resta caché pendant trois jours, réconforté
par son capitaine. Après un séjour à Samos, il revint
à Chio, où il fut aussitôt reconnu par les Turcs qui
s'emparèrent de lui et le conduisirent devant le juge, l'accusant
d'apostasie. Théophile criait: « Je suis Chrétien et
je veux mourir en Chrétien! Pour rien au monde je n'échangerai
la lumière de ma religion pour les ténèbres! »
Jeté dans un sombre cachot, on l'en tira, au bout de trois jours,
pour une nouvelle comparution. Comme il se répandait en de violentes
invectives contre l'Islam, il fut flagellé et, à l'issue
d'un troisième interrogatoire, on le condamna à mourir par
le feu. Le Saint courut avec joie vers le lieu de l'exécution, comme
s'il se rendait à un festin royal, en portant sur son dos les fagots
qui allaient servir au bûcher. Parvenu auprès du Monastère
Saint-Georges, les Turcs qui s'y étaient rassemblés dressèrent
prestement le bûcher, dans lequel le Saint entra de lui-même,
et c'est en chantant des hymnes d'actions de grâces qu'il remit son
âme à Dieu (24 juillet 1635). |