Yvan
IV
Grosny
(dit Le Terrible)
 
Grand Duc de 1533 à 1547
Tsar de 1547 à 1584

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Tout ce que Pierre et Catherine ont accompli était ébauché, partiellement réalisé même, en ce premier matin sur lequel un soir trop prompt est tombé.
Qui a fait cela? L'homme qui avait pour ainsi dire dépassé les limites de la sphère où la créature a reçu de Dieu la permission de faire le mal.
K.Waliszewsky, in "Yvan Le Terrible"-1904

Pour ses contemporains moscovites et leurs descendants, Yvan IV était  "Grozny" (surnom qu'avait reçu également- on l'oublie un peu vite- son gand père paternel Yvan III, mais que l'on a traduit alors plus banalement par le "grand", quand on ne l'a pas oubliédéfinitivement.)
En fait l'erreur de traduction semble due aux allemands qui les premiers l'ont appelé soit "der Schreckliche" :terrible, épouvantable, horrible , effroyable (connotationmorale), soit "der Grausame" : celui qui occasionne des tortures (connotation physique).
Yvan lui-même répond à l'un de ses détracteurs qui lui reproche une garde personnelle armée de haches :  "Eto tchine gossoudarskiï, da i griza"  "Ainsi le veulent mon rang et le respect [que jedois inspirer]"...

Certes les chroniques, les récits des voyageurs, les comptes-rendus des ambassades et la comptabilitétenus par le tsar lui-même, nous font frémir par toutes sortes d'atrocités, d'exécutions sans motifs (ou dérisoires, même pour cette époque), de tortures, et de cruautés inspirées par les délires d'un homme au bord de la folie. Sans vouloir excuser les démences d'Yvan, replaçons nous cependant dans ce XVIe siècle européen et ne citons qu'un seul exemple : en France, les 3000 morts en deux jours du massacre de la Saint Barthélémy en août 1572,.... Où que l'on vive, ce siècle n'était pas un modèle de douceur et de délicatesse!

Le Berceau d'Yvan : la Russie des Apanages
Du XIe au XIIIe siècles, l'immense territoire de l'époque kiévienne a disparu. Morcelé, éclatépar les lois de l'héritage, il n'est qu'un conglomérat de petites principautés (les Apanages) qui se chamaillententre elles et dont, entre 1237 et 1240, les envahisseurs mongolsne feront qu'un bouchée! Soumis au joug de la Horde d'Or, lesrusses doivent également faire face aux nombreuses attaquesde leurs voisins de l'ouest.

Ainsi au XIVe siècle, les conquêtes Polono-Lithuaniennes à l'ouest et au sud-ouest parachevèrent l'effondrement de la Russie. Repliée sur elle-même, ce qui restait de cette nation  ne vécut pratiquement qu'en autarcie du point de vue économique, culturel et politique jusqu'au règne d'Yvan III en 1462.

Le XVe siècle vit se former une grande principauté : Moscou. Les princes successifs rachetèrent, ou annexèrent par héritage ou par la force les territoires limitrophes de la Moscovie. L'état s'agrandit et se débarrassa de la domination mongole : en 1480 Yvan III dénonce officiellement la suzeraineté mongole.

Son papa :

Vassili (Basile) III, fils d'Yvan III, descendant par Dimitri Donskoï du grand et fameux Alexandre Nevski. La dynastie est celle des Rurikii, ayant comme fondateur le viking Rurik qui vers 856 vint à Novgorod mettre de l'ordre entre quelques tribus slaves qui se chamaillaient.

Sa maman :


Elena Glinskaïa (Hélène Glinski), seconde épouse de Vassili, elle est la fille d'un transfuge lithuanien. Orpheline, elle fut élevépar son oncle Michaël Glinski qui, grand voyageur,
était ouvert aux conceptions occidentales culturelles et politiques.
 

La Famille...
En 1530 : naissance du petit Yvan 
En 1533 : naissance du petit frère Iouri (Georges), et mort de Vassili III, qui avait modifié par testament l'ordre habituel  de succession : plus d'héritage aux frères du défunt mais au fils aîné! 

Hélène Glinski est régente et, pour assurer sa tranquillité, fait mettre en prison son oncle Michel (qui se serait bien vu soutenir la pauvre veuve) et deux des frères de feu son époux. Pour faire bonne mesure et assurer son autorité, elle fait pendre une bonne partie de leurs partisans. Femme intelligente et énergique, elle gouverna avec plus de fermeté que son défunt mari. Elleconclut des alliances avec les pays européens, réprima une révolte des seigneurs de Kazan, confirma des relations amicales avec la Suède et une trêve de 5 ans avec la Lithuanie. On attribue à son fils une réforme monétaire qu'enréalité elle mit en place : les pièces de monnaie de poids divers sont remplacées par une pièce unique de poids partout égal sur le territoire : le kopeck. 
Craignant un sursaut des mongols, elle fit fortifier  les frontières et l'enceinte de Moscou. 
L'amant de la régente, le prince Yvan Fédorovitch Obolenski ("Beau, bête et ambitieux") sera son conseillerjusqu'en avril 1538 où elle mourut après d'atrocessouffrances,  probablement empoisonnée.

... et l'Enfance
Les Chouïsky était un clan de puissantsboyards : ils appartenaient à la branche aînéedes descendants d'Alexandre Nevsky, alors que la famille régnanteappartenait à une branche cadette.  Ils décidèrentque le pouvoir leur revenait et après la mort "encouragée"d'Hélène, ils firent le ménage en quelquesjours : le favori "disparut" avec quelques uns de ses partisans, etsa soeur Agrafena Obolensky,  la nourrice d'Yvan à laquelle il était très attaché, fut éloignéedes enfants.
Bientôt Vassili Chouïsky et son cousin André, durent également faire face à un autre "concurrent" : le prince Yvan Bielsky, petit neveu direct d'Yvan III, qui réclamait le retour dans son patrimoine des domaines de Bielsk et Riazan,annexés un peu vite par la Moscovie...

Entre 1538 et 1543, violence, carnageset taquineries diverses, furent le lot quotidien des moscovites. Personnene pouvait dire en se réveillant le matin (quand il avait la chanced'être encore vivant dans son lit) qui était au pouvoir au Kremlin!Les coups d'état s'enchaînaient les uns aux autres. 
Heureusement, pour l'heure le jeune prince Yvan ne les intéresse pas. Ils l'exhibent lors de cérémonies officielles et de processions religieuses; de temps en temps il reçoit des ambassadeurs en vêtement d'apparat et retourne bien vite dans les quelques pièces du palais qui lui sont attribuées chichement.

Le tsar lui-même écrira plus tard : "Nous et notre frère Iouri, nous étions traités comme desétrangers, comme des enfants de mendiants. Nous étions mal vêtus, nous avions froid et faim..."
Quelque soit le parti au pouvoir, les boyards pillent le trésor du palais, font rentrer l'argent par de nouvelles taxes et s'attirent la haine du peuple et des marchands. Yvan dira  lors de son discours du Concile de 1551 : " J'étais orphelin; le royaume était privé, comme une femme l'est de son époux. Nos boyards jugèrent le moment favorable : ils gouvernèrent le royaume à leur fantaisie car personne ne s'opposait à leur funeste pouvoir...  Je grandis... Des gens qui m'entouraient, je m'appropriai les pratiques tortueuses, j'appris à ruser comme eux..."
En effet l'éducation d'Yvan sera construite d'excès dans la cruauté, la fourberie et la haine. Il n'en retiendra que méfiance envers les grands, doublée d'une peurparanoïaque des complots. Pourtant il est avide de connaissanceet satisfait sa curiosité en lisant la Bible, les chroniques anciennes,des légendes et des fables traduites en slavon. Il sera un temps guidé par le métropolite Macaire, mais n'aura jamaisni logique ni objectivité.

En septembre 1543, les Chouïsky lui enlèvent son dernier ami : Fédor Vorontsov qui manque d'y perdre la vie. Il continue à dissimuler mais sa vengeance se forge. Endécembre de la même année, au cours d'un banquet, le jeune tsar de 13 ans adresse de sévères reproches aux boyards et annonce qu'il se contentera cette fois de faire un seul exemple.  Après s'être assuré du dévouement de ses maîtres-chiens, il leur fait enlever André Chouïsky, chef de la Douma. Mais sur le chemin de la prison les piqueurs l'étranglent par mégarde et le font dévorer par leurs chiens! Yvan ne les sermonnera même pas...

Si les boyards comprirent que le pouvoir commençait à changer de mains, ils n'en continuèrent pas moins leurs luttes pour le pouvoir.

En dehors de cet épisode on pourrait donner une date précise du "premier massacre officiel" d'Yvan : mai 1546. Un malentendu entre des cavaliers de Novgorod et ceux de la suiteaccompagnant le tsar, se termina  en échauffourée. Yvan se laissa convaincre aisément par un scribe de son entourage, Zakharov, et par un courtisan issu de la domesticité, Adachev,qu'il avait failli être la victime d'un complot fomenté parles Vorontzov et leurs partisans dont les nombreuses têtes ne tardèrent pas à tomber.

Le Jeune Tsar :

Le  18 décembre 1546, Yvan annonce officiellement aux boyards qu'il se fera couronner en prenant le titre de "Tsar" et que dans la foulée il se marierait...
Le sacre se déroula le 16 janvier 1547 dansla cathédrale de La Dormition au Kremlin de Moscou, dansune débauche de luxe et d'opulence. Yvan reçu la couronne de Vladimir Monomaque (Vladimir III qui régna de 1113 à 1125) des mains du Métropolite Macaire, qui le sacra "Tsar saint, couronné par Dieu, autocrate de toute la Russie". Les chroniqueurs racontent qu'après la cérémonie qui avait duré quatre heures, lepeuple se rua sur le brocart recouvrant le trône et le déchira pour garder une relique de l'événement.

Le mariage quant à lui fut également àla hauteur des traditions de l'apparat byzantin. Le choix de la fiancée respecta scrupuleusement les coutumes : sur vingt mille jeunes filles, candidates à assurer la dynastie (de la fille de boyard à la plus humble paysanne), des "éliminatoires" en province n'envoyèrent que quelques centaines de beautés à Moscou. Puis Yvan sélectionna lui-même miss Moscou 1547 en lui offrant un mouchoir brodé d'or et de perles : Anastasia Romanovna, fille du défunt Roman Iourévitch Zakharine-Kochkine. Le mariage fut célébré le 3 février 1547 dans l'enceinte du Kremlin.

Cette jeune femme fort belle était également pourvues de nombreuses qualités dont l'intelligence. "Invisible mais présente" selon la condition féminine de l'époque, elle sut contrôler les sautes d'humeur de son époux, son irascibilité et ses terreurs. Ils eurent six enfants dont deux fils : Alexis et Fédor.
L'influence bénéfique qu'elle exerça sur Yvan prit fin à sa mort en 1560. Le tsar, très épris, la pleura sincèrement. Dès lors plus rien ne contrôla ses colères excessives et cruelles.

On compte par la suite au moins 6 mariages officiels d'Yvan IV, auxquels il faut ajouter de nombreuses concubines dont quelques unes connurent quelques mois de prestige et d'influenceavant d'être remplacées par une nouvelle maîtresse.Des enfants nés de ces unions un seul régnera : Fédor, mais à sa mort,  sans enfant vivant, la dynastie des Rurikii s'éteindra définitivement.

Installédans la cathédrale de La Dormition, à Moscou, devant l'autel, dans la partie sud-est de la cathédrale de la Dormition :
le "Trône de Vladimir Monomaque".

Objet précieux d'art appliqué,
réalisé en 1551
par les sculpteurs sur bois du tsar.

Le siège est surmonté d'un baldaquin orné de kokolchniks (sortesd'arcs)
sculptés qui repose sur 4 colonnes torsadées.

Les quatre parois qui masquent
la base sont ornées
de scènes du "Dit des princes de Vladimir" racontant l'histoire des insignes de la souveraineté, venus
de Constantinople, de Vladimir Monomaque,
 époux de la nièce du dernier
empereur byzantin.



1530
Charles Quint est sacré empereur à Bologne.
François Ier épouse Éléonore de Habsbourg, sœur de Charles Quint.
Premières grèves des paysans français contre les dîmes.
Le protestantisme progresse dans les Cévennes à partir de 1530-1540.
L’exploitation des mines d’Amérique jette sur le marché européen de grandes quantités d’or
à partir de 1530 par l’intermédiaire de Séville.

1533
le roi d'Angleterre Henri VIII, deuxième souverain de la dynastie Tudor, divorce de sa première femme Catherine d'Aragon et épouse Anne Boleyn, dame d'honneur de la reine, qu'il fait couronner quelques jours plus tard. L'évènement provoque l'excommunication du roi par le pape Clément VII,premier épisode du schisme qui s'avéra définitif.
Henri d'Orleans, futur roi de France, épouseà Nice Catherine de Médicis d'Italie.

1538
Ferdinand Ier du Saint Empire est élu àCetin roi de Croatie-Slavonie.
Les Genevois, excédés par les exigences de leurs pasteurs et par la rigidité morale qu’ils veulent imposer, décident les membres du conseil à prononcer l’exil de Couraud, Calvin et Farel.  
En Angleterre, les Injonctions du Clergé insistent sur l’importance de la lecture de la Bible en anglais et sur ladoctrine du salut par la foi, et autorisent le mariage des prêtres.
Les pèlerinages, la vénération des reliques et toute dévotion aux statues des saints et de la Vierge sont condamnés comme superstitions.
Entrevue d’Aigues-Mortes entre François Ier et Charles Quint. Une trêve de dix ans est signée. L'empereur obtient du roi de France l’autorisation de traverser ses états pour réprimer la révolte de Gand.
Le Titien peint la Vénus d'Urbin.

1543
Ligue de l'empereur Charles Quint et d'Henri VIII d'Angleterre contre la France.
L’Angleterre entre en guerre contre la France (fin en 1546).
François Ier ordonne la reconstruction des Halles de Paris (édit du 20 septembre).
Andreas Osiander publie
les théories de l'astronome polonais NicolasCopernic “Des révolutions des sphères célestes”et montre que la théorie héliocentrique simplifie lescalculs astronomique.
Décès de Hans Holbein le Jeune, peintre et graveur allemand.


1546
7 juin : Traité d’Ardres entre François Ier et Henri VIII d'Angleterre, qui restitue Boulogne à la France contre une forte rançon.
18 février : mort de Martin Luther, moine allemand initiateur du protestantisme


1547
28 janvier : Mort d’Henri VIII d'Angleterre.
31 mars : Mort de François Ier.
Début du règne de Henri II,
roi de France
Début du règne de Édouard VI d'Angleterre.
Les Anglais envahissent l'Écosse.
26 février : Canonisation d’Alexandre Nevski.
Michel-Ange devient architecte officiel de la papauté.

1560
Signature du Traité de Berwick
entre l'Angleterre et les seigneurs écossais, en vue de chasser les Français d'Écosse.
Début du règne de Erik XIV Vasa (1533-1577) roi de Suède
5 décembre : mort de
François II
Charles IX devient roi de France
(il régnera jusqu'en 1574).
Réunion des États généraux,
qui confient la régence
à Catherine de Médicis
"Venuset Adonis"  du Titien.
"Suzanne et les vieillards"
du Tintoret.

1584
10 juin : En France, la succession passe à Henri de Navarre,
protestant, ce qui provoque la réaction de la ligue puis la
huitième guerre de religion,
dite des « Trois Henri »
(1584-1598).



©Marie Deriglazoff-2012