Yvan
IV
Grosny
(ditLe Terrible)
 
Grand Duc de 1533 à 1547
Tsar de 1547 à 1584

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Mort du Tsar

Les trois dernièreannées d'Yvan IV sont marquées par la mort de son fils,le tsarévitch Yvan Yvanovitch en 1581.
 
Le jeune tsarévitch, ayant perdu sa mère à 6 ans, vécut au milieu des diverses épouses et concubines de son géniteur. Il semble qu'il y trouva même un certain bonheur, ayant pour compagnons de jeux ses demi-frères adultérins. Il eut également une meilleur éducation que son père : plus encadré par de véritables enseignants, il fut un lettré de qualité et rédigea un ouvrage sur "La viede Saint Antoine" dont les manuscrits originaux figuraient dans la bibliothèque des comtes Tolstoï.
A vingt-sept ans, Yvan junior ressemble à son père tant physiquement que moralement. On aurait pu croire que Yvan IV,qui avait connu la perte de sa mère et de sa nourrice, les violences des boyards et l'apprentissage de la perversion, aurait eu l'envie d'épargner cette jeunesse à son fils. Il n'en est rien! Il fut le meilleur des professeurs en ce qui concerne la débauche, l'ivrognerie, la cruauté et les dépravations de toutes sorte. On prétend même que le père et le fils se partageaient les mêmes maîtresses.

Après avoir expédié au couvent les deux premières épouses (Eudoxie Sabourova et Prascovia Salova) l'héritier était, en novembre 1581, marié àHélène Cheremetiev dont il semble avoir étéamoureux mais qu'il trompait sans vergogne.

Son rapport avec son père a commencé à se détériorer pendant les stades derniers de la guerre Livonian. En colère contre son père qui avait signé la Trêve de Jam Zapolski, Ivan avait demandé à prendre la tête de troupes pour libérer Pskov. Leur rapport se détériorèrent totalement quand le 15 novembre, beau-papa Yvan IV rencontra sa bru,enceinte, dans le palais et ne la jugeant pas vêtue de façondécente, il l'a battit.  En entendant ses cris, le tsarevichpris la défense de sa femme, avec colère : "Vous avez envoyéma première femme à un couvent pour aucune raison, vousavez fait le même avec ma seconde et maintenant vous frappez latroisième, en provoquant la mort du fils qu'elle portait." Yelenafit effectivement une fausse couche.

La dispute revint sur l’affaire de Pskov : le fils refusant de qualifier d’insubordination sa volonté de libérer Pskov et le père accusant son fils d’inciter à la rebellion. Très en colère, le Tsar frappa son fils à la tête avec la canne ferrée dont il ne se séparait jamais.Boris Godounov, qui assistait à la scène, essaya d'intervenir, mais reçut lui-même des coups. Ivan le jeune tomba à terre, à peine conscient, avec une blessure saignante à la tempe.

Le diagnostic du médecin se terminera par ces mots : "... A moins d'un miracle?!"
L'agonie du tsarévitch dura quatre jours et quatre nuits durant lesquels son père passait de la prière humble et fervente aux cris de colère, de la prostration repentante auxhurlements de douleur. Il fait venir les moines pour prier, il promet desgestes de largesse sans fin, jure d'arrêter les tortures et lesexécutions, mais en vain. Le jeune Yvan Yvanovitch meurt dans lesbras d'un père anéanti.

Ci-contre:
Détail d'un tableau de Viatcheslav Schwarz - XIXe siècle

"La mort du Tsarévitch"
Le 22 novembre 1581, après avoir inhumé le tsarévitch à la cathédrale de Saint-Michel-Archange, et selon les chroniqueurs de son règne "il fallut plusieurs hommes pour arracher le père du tombeau de son fils."
Le tsarévitch était aimé du peuple etsa disparition se transforma en désastre national. Les russespleuraient l'homme mais également le seul héritier "convenable" de la dynastie. Certes Yvan IV, de ses concubines diverses, avait eu des enfants mâles (dont Fédor Basmanov, partisandu faux Dimitri quelques années plus tard) mais aucun n'étaitreconnu.

Du nouveau tsarévitch Fédor, on ne peut pas dire qu'il avait une intelligence limitée, en fait il n'en avaitprobablement aucune. Et la dernière épouse du tsar, MariaNagaïa, n'était pas encore enceinte...
Le tsar modifia son testament en 1582 afin d'instituer Fédor “faible de corps et d'âme” héritier du trône et lui donna un conseil privé de cinq membres dont Boris Godounov, beau-frère de Fédor, Yvan Petrovitch Chouïsky, Yvan Fédorovitch Mstislavsky, Nicétas Iourieff oncle maternel du tsarévitch, et le prince Yvan Bielsky.

Yvan pensa un moment abdiquer mais les boyards l'implorèrent de ne pas le faire. Il revint sur sa décision mais se jeta plus que jamais dans les excès. La débauche accéléra sa dégradation physique et mentale. Dans un sursaut de luciditéil dota généreusement quelques monastères dont celui de la Troïtsa pour que les moines prient pour le repos de l'âme des Yvan père et fils.

En Mars 1584, son corps se met à enfler, les chairsà se dégrader et se dégage de tout son êtreune odeur nauséabonde de putréfaction.
Le 15 mars, il reçoit l'ambassadeur anglais Horsey au milieu de ses trésors et trouvant que les pierres changent de couleur, déclare qu'il est empoisonné et s'évanouit. On le ramène dans ses appartements où son état de dégrade rapidement.
Bogdan Bielsky consultades astrologues pour connaître la date de la mort du tsar, enles menaçant de mort s'ils se trompaient! Les devins donnèrentla date du 18 mars. Hors, au matin de ce fameux jour, le tsar semblaaller mieux, prit un long bain, et après diverses activitésconvia Boris Godounov à une partie d'échecs. Yvan Groznyne finit jamais de disposer les pièces sur l'échiquier,il tomba foudroyé.
Selon ses dernières volontés, après avoir reçu les derniers sacrements, le moine Iona accomplit sur lui la cérémonie de la prise de l'habit monacal. Le tsarsanguinaire mourut sous le nom de "moine Jonas".

Tombeaux d'Yvan IV et de ses deux fils
L'inscription dit :
"L'an 10092-1584, le 18e jour de mars, consacré à la mémoire dessaints Chrysanphe et Daria, martyrs,
a comparu le très fidèle souverain, tsar et grand-prince de toute la Russie, Ivan Vassiliévitch, en monachisme Jonas."



Dès sa disparition, les hypothèses d'empoisonnement se développèrent et à ce sujet, citons au moins deux auteurs :
Henri Vallotton :
" Selon Pierre de la Ville, sieurde Dombasle, le tsar aurait été empoisonné : "Ivan IV fut secrètement empoisonné par son médecin nomméJean Nilos par le commandement de deux conseillers du royaume àsavoir Bogdan Bielsky et Boris Godounov". Horsey attribue lui aussi ce prétendu crime à Boris Godounov et au prince Bielsky".
Nicholas Riasanovsky :
"Le tsar mourut en mars 1584 et une autopsie pratiquée par des savants soviétiques a décelé des traces d'empoisonnement."

 
 


La mort du Tsarévitch
par I. Repine










©Marie Deriglazoff-2012