SAINTE AGATHE
Martyre
 

18 février / 05 février

 


 
 
Sainte Agathe, une des plus illustres Martyres d'Occident, était issue d'une noble et riche famille de Catane en Sicile(*). Depuis son plus jeune âge elle s'était appliquée à rehausser sa rare beauté par l'ornement plus précieux de la vraie foi et des saintes vertus, en se consacrant tout entière au Seigneur. Au temps de la persécution de Dèce (251), alors qu'elle n'était âgée que de quinze ans, elle fut arrêtée sur l'ordre du préfet Quintien et traduite devant son tribunal. Séduit par sa beauté et avide de s'accaparer ses richesses, celui-ci chercha à faire d'elle son épouse et, pour la convaincre, il la livra à une femme de mauvaise vie, Aphrodise, qui pendant un mois entier essaya vainement de la faire céder. Mais, fondée sur le roc inébranlable de la foi, la jeune fille restait imperturbable devant les promesses et les attraits des plaisirs mondains. Comme Aphrodise s'était avouée vaincue, en disant qu'il serait plus facile de changer la nature du fer ou de la pierre que la résolution de cette jeune vierge, Quintien la fit convoquer et l'interrogea sur son origine. « Si tu es de noble condition, dit-il, pourquoi te comportes-tu comme une esclave? » - « C'est que je suis servante du Christ, reprit Agathe, et tout serviteur du Christ est vraiment la plus libre de toutes les créatures, car il acquiert par Sa Grâce la maîtrise de soi. » Comme elle continuait de se moquer des dieux qu'on voulait lui faire adorer, le préfet la fit frapper au visage et jeter en prison, en attendant de décider à quels supplices il la livrerait.

Le lendemain, lors du second interrogatoire, la Sainte, sommée de sacrifier pour avoir la vie sauve, répondit que c'est le Christ, Fils du Dieu vivant, qui est notre seul Salut. Etendue sur le chevalet, elle fut alors flagellée et, pendant qu'on lui labourait le corps avec des crochets de fer et qu'on lui passait des torches sur ses plaies, elle s'écriait : « Ces tortures que tu m'affliges sont pour moi l'occasion d'une grande joie, car, de même qu'on ne range pas le grain dans le silo avant de l'avoir débarrassé de sa balle en le battant sur l'aire, de même pour mon âme, il ne lui sera pas possible d'atteindre la gloire de l'éternelle béatitude si elle n'est pas séparée de mon corps par les tourments. » Le tyran furieux lui fit alors couper les seins et ordonna de la jeter dans son cachot en ne lui procurant aucun soin. Mais, en pleine nuit, le Saint Apôtre Pierre lui apparut, précédé de son Ange gardien, au milieu d'une brillante lumière, et il la guérit complètement de toutes ses blessures.

Le quatrième jour, Quintien fit comparaître de nouveau Agathe devant lui et, sans s'émouvoir de sa guérison miraculeuse, il ordonna de dépouiller la Sainte de ses vêtements, et de la rouler sur des fragments de pots cassés et sur des charbons ardents répandus sur le sol. Un tremblement de terre ébranla soudain toute la région et fit s'écrouler une partie du palais. Le peuple de Catane effrayé courut vers le prétoire et menaça le préfet de le faire brûler avec le reste de son palais, s'il ne relâchait pas la Sainte Martyre, cause de cette vengeance divine. On interrompit le supplice et la Sainte fut remise en prison. Elle y pria le Seigneur, qui lui avait donné la grâce-de la constance dans les tourments, de lui accorder désormais de voir la gloire de Sa Face, et elle rendit son âme.

Aussitôt qu'ils apprirent la nouvelle les habitants de la cité se précipitèrent vers la prison, avec myrrhe et aromates, et procédèrent à ses funérailles. Au moment où ils plaçaient son corps dans un tombeau de porphyre, l'Ange gardien de la Sainte apparut dans la ville, sous la forme d'un brillant jeune homme escorté d'une centaine d'enfants vêtus de blanc, et il vint placer sur le tombeau une plaque de marbre sur laquelle était gravée l'inscription suivante : « Ame Sainte, dévouée. Honneur de Dieu. Protection de la patrie. » Puis il disparut.

Comme l'inique Quintien avait entrepris de s'emparer des biens de Sainte Agathe, il fut renversé en chemin par ses chevaux et disparut, englouti dans les eaux du fleuve. L'année suivante, au jour anniversaire de la mort de la Sainte, l'Etna entra en irruption et une coulée de lave menaça de réduire en cendres la ville de Catane. Les païens eux-mêmes se précipitèrent alors avec les Chrétiens vers le tombeau de la Sainte, ils prirent le voile qui le recouvrait et le placèrent, tel un bouclier, face au fleuve de feu, qui s'arrêta sur le champ. Le même miracle s'est répété bien des fois dans la suite des siècles, c'est pourquoi Sainte Agathe est vénérée avec ferveur comme la protectrice de la ville de Catane, et son culte s'est largement répandu tant en Occident qu'en Orient.

*. Selon d'autres, elle aurait été originaire de Palerme.