Barhadbesaba veut dire
"fils du dimanche"; c'est l'équivalent perse du français Dominique.
Barhadbesaba était un diacre d'Arbèle qui fut arrêté
et mis à mort pendant la quinzième année de la persécution
de Sapor II, en 354-355, le 20 de la lune de Tarmuze, ce qui correspond au
15 juillet 355. Le tyran Sapor Tamsapor dont il est question était
un puissant personnage : il n'était pas vice-roi, mais probablement
gouverneur militaire. Son surnom de Tamsapor est une distinction honorifique
accordée par le roi. Ce personnage se retrouve dans les Actes d'autres
martyrs de l'Abiadène. Le bourg d'Hazza où est mort Barhadbesaba
est situé dans la banlieue d'Arbèle.
Le récit de son martyr :
"La quinzième aimée de la persécution,
Sapor Tamsapor fit arrêter à Arbèle le diacre Barhadbesaba.
Pendant qu'on le torturait le tyran lui disait : Adore le feu et l'eau, mange
du sang des animaux et aussitôt tes tourments cessent et tu es libre.
Mais le martyr, trop heureux de souffrir pour son Dieu, souriait et insultait
au tyran : Qui es-tu, lui criait-il, pour me forcer à abjurer la religion
de mon enfance? J'en jure par le Dieu que j'aime de toute mon âme et
par son Christ, en qui j'ai mis mon espoir, ni toi, ni ce roi dont tu vantes
la puissance, ni les tourments, rien ne pourra me séparer de la charité
de mon Jésus, que j'ai aimé par-dessus toutes choses depuis
ma plus tendre enfance jusqu'à ma vieillesse. Alors le tyran condamna
le diacre à avoir la tête tranchée.
« Il y avait alors dans les prisons un chrétien d'une haute
naissance, nommé Agaï, qui, dans une première épreuve,
avait eu l'honneur d'être emprisonné pour avoir généreusement
confessé la loi, mais depuis il n'avait plus de chrétien que
le nom. Le gouverneur fit ôter ses chaînes à ce lâche
apostat et le condamna à remplir à l'égard du saint
diacre l'office de bourreau. Il voulait sans doute, en lui commandant ce
nouveau crime, le punir de sa première résistance.
« On conduisit donc Barhadbesaba en dehors des murs d'Hazza sur une
colline. Là les gardes l'attachèrent à un poteau et
il attendit le coup fatal. On présenta à Agaï un glaive
et on lui commanda de le tirer et de remplir son office. Il obéit,
l'infâme, mais il trembla. Hors de lui, ne sachant ce qu'il faisait,
il ne porta que des coups mal assurés. Sept fois il frappa le martyr
sans faire tomber sa tête. Alors il jeta son glaive, mais les spectateurs
indignés le forcèrent à le reprendre et à achever
sa victime. Il ramassa donc son épée sanglante, l'essuyant
sur le corps du saint martyr, et la plongea dans ses entrailles. Le martyr
expira aussitôt.
Dieu punit bientôt l'apostat. Je dois raconter ici ce prodige. Au moment
où le diacre expirait, il fut frappé d'une épouvantable
maladie qui fit enfler comme une poutre sa main sacrilège. Aussi était-il
forcé de rester toujours au lit afin d'appuyer sa main qui tomba en
pourriture, et le malheureux mourut quelques jours après cette maladie
extraordinaire, abandonné de tout le monde.
« Deux soldats, par les ordres du tyran, gardèrent le corps
du martyr, mais deux clercs se concertèrent, et se cachèrent
pendant la nuit dans un lieu voisin afin d'enlever les saintes reliques pendant
que les gardes dormiraient. Ils essayèrent d'abord de les gagner par
de l'argent, mais, n'ayant pas réussi, ils les attaquèrent
au milieu de la nuit pendant qu'ils étaient plongés dans un
profond sommeil, les garrottèrent, emportèrent le corps et
l'enterrèrent à la faveur des ténèbres où
ils voulurent. »
|