Saint Martyr Emilien 31/07 - 18/07 |
Quand Julien l'Apostat
s'empara du pouvoir impérial (361), ne comptant pour rien les bienfaits
reçus de Saint Constantin le Grand ainsi que son éducation chrétienne,
il bouleversa l'ordre public par sa tyrannie et injuria Dieu en s'employant
à restaurer par tous les moyens le paganisme. Il envoya des fonctionnaires
acquis à sa cause dans diverses provinces, pour contraindre la population
à se soumettre. Capitolin, vicaire de Thrace, se rendit dans ce but
à Durostorum, capitale de la Scythie. Aussitôt assis au tribunal,
il proféra des menaces de mort, non seulement envers les Chrétiens
mais encore à l'égard de ceux qui auraient évité
de les dénoncer. Les assistants effrayés s'écrièrent
qu'il n'y avait aucun Chrétien dans leur cité et que tous les
habitants sacrifiaient aux dieux de l'empereur. Satisfait et plein de joie,
Capitolin prit alors part à un grand banquet organisé en son
honneur.
Alors que tous se réjouissaient bruyamment,
un jeune et noble Chrétien, Émilien, ne supportant pas davantage
l'offense faite au vrai Dieu et avide de remporter les trophées du
Martyre, s'introduisit dans le temple, armé d'un marteau. Il brisa
toutes les idoles, renversa les candélabres et les autels sur lesquels
étaient déposées les offrandes, et répandit à
terre le vin des libations, puis il se retira, sans avoir été
remarqué. Quand des serviteurs vinrent avertir Capitolin, celui-ci
entra dans une grande fureur et ordonna de perquisitionner pour retrouver
à tout prix le coupable. Les soldats n'ayant trouvé personne,
et craignant de se présenter bredouilles devant le tyran, s'emparèrent
d'un paysan qui rentrait des champs et le traînèrent au prétoire
en le frappant de verges. Témoin de ce spectacle et ne pouvant souffrir
qu'un innocent fût châtié à sa place, Émilien
alla se livrer, clamant à haute voix qu'il était le coupable.
D'abord surpris et hésitants les soldats l'emmenèrent à
Capitolin. Le visage renfrogné et les yeux injectés de sang,
le magistrat lui demanda de décliner son identité et de révéler
qui l'avait poussé à commettre un tel acte. Après avoir
déclaré qu'il était à la fois libre et esclave:
esclave de Dieu et libre à l'égard des idoles, Emilien ajouta:
« Cest l'amour de Dieu et le zèle que j'éprouve pour
le Christ, ainsi que la répugnance que me procure la vision de ces
statues inertes, qui m'ont convaincu et m'ont donné la force de détruire
ce qui est une honte pour le genre humain. Car rien n'est plus dégradant
pour nous qui avons été créés doués de
raison, que d'adorer des êtres sans raison et de nous prosterner devant
l'úuvre de nos mains en rejetant l'honneur dû à notre
seul Dieu et Créateur. » « Trêve de rhétorique!
C'est donc toi qui as commis ce sacrilège? » demanda le magistrat.
Émilien répondit qu'il était fier de cette action, comme
la plus noble et la plus pieuse de sa vie. Capitolin ordonna de le dépouiller
de ses vêtements et de le fustiger violemment, après l'avoir
étendu à terre; et comme le Saint continuait à se moquer
du culte païen, il le fit retourner et frapper sur la poitrine.
Les soldats s'emparèrent aussitôt du Saint et le conduisirent en dehors de la ville, sur les rives du Danube, où un bûcher avait été préalablement allumé. Dès qu'il y fut jeté, les flammes s'écartèrent de son corps et se retournèrent contre les bourreaux, qui périrent calcinés, tandis que Saint Emilien chantait les louanges de Dieu comme les Jeunes Gens dans la fournaise de Babylone. Il fit son signe de Croix et, après avoir recommandé son âme à Dieu, s'endormit paisiblement pour être reçu dans l'assemblée des vaillants athlètes de la piété (18 juillet 362). La femme de Capitolin, qui était Chrétienne en secret, réussit à obtenir de son mari le corps du Saint Martyr et elle le céda à de pieux Chrétiens qui allèrent l'ensevelir à Gizidina, à trois stades de Durostorum.
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