Transfert des reliques de
St Nicolas :
Au XIe siècle, l'empire Byzantin vivait
des heures terribles. Les Turcs mirent un terme à son influence
en Asie Mineure, détruisant villes et villages, massacrant les habitants,
et accompagnant leurs terribles ravages par la profanation des églises,
des saintes reliques, des icônes et des livres. Les musulmans tentèrent
aussi de détruire les reliques de saint Nicolas, profondément
vénéré dans tout le monde Chrétien.
En 792, le calife Aaron Al'-Rashid envoya
Khumeid à la tête d'une flotte pour piller l'île de
Rhodes. Ayant semé la désolation sur l'île, Khumeid
embarqua pour Myre en Lycie, avec l'intention d'y piller le tombeau de
saint Nicolas. Mais il pilla à la place une autre tombe, qui se
trouvait dans la crypte à côté de celle du saint. A
peine avaient-ils achevé leur sacrilège qu'une énorme
tempête se leva en mer, et quasiment tous les navires furent mis
en pièce.
La profanation de choses saintes ne choqua
pas seulement les Chrétiens d'Orient, mais aussi d'Occident. En
Italie, les Chrétiens étaient particulièrement inquiets
pour les reliques de saint Nicolas, et parmi eux il y avait nombre de Grecs.
Les habitants de la ville de Bari, qui se trouve sur les bords de la mer
Adriatique, se décidèrent à aller sauver les reliques
de saint Nicolas.
En 1087, des marchands de Bari et de Venise
partirent commercer à Antioche. Eux et d'autres aussi proposèrent
de prendre les reliques de saint Nicolas et de les transporter en Italie
lors du voyage de retour. Dans ce plan, les hommes de Bari commandèrent
aux Vénitiens de les débarquer à Myre. D'abord, on
y envoya deux hommes, qui rapportèrent en revenant que toute la
ville était calme. Dans l'église où les reliques glorifiées
reposaient, ils n'avaient recontré que quatre moines. Aussitôt,
47 hommes en arme partirent pour l'église de Saint-Nicolas. Les
gardes, ne se doutant de rien, leur montrèrent la plate-forme surélevée
en dessous de laquelle était cachée la tombe du saint, et
ils oignirent les étrangers avec de la myrhe coulant des reliques
du saint.
A ce moment-là, les moines leur racontèrent
l'apparition de saint Nicolas à un Ancien, ce même soir. Dans
cette vision, saint Nicolas ordonnait la précautionneuse sauvegarde
de ses reliques. Ce récit encouragea les chefs, ils virent une confirmation
pour eux dans cette vision, comme qui dirait un décret de la part
du saint. Afin de faciliter leur tâche, ils révélèrent
leurs intentions aux moines, et leur offrirent 300 pièces d'or.
Les gardes refusèrent l'argent et voulurent alerter les habitants
à propos du malheur qui les menaçait. Mais les nouvellement
venus les attachèrent et placèrent leurs propres gardes à
la porte.
Ils déplacèrent la plate-forme
qui recouvrait dans l'église la tombe avec les reliques. Dans cet
effort, le jeune Matthieu fut un peu trop zèlé, vouant trouver
les reliques de saint Nicolas le plus vite possible. Dans son impatience,
il brisa le couvercle, et les chefs virent que le sarcophage était
remplit d'une sainte myrhe odoriférante. Les compatriotes des chefs,
les prêtres Luppus et Drogus, chantèrent une Litanie, après
laquelle la faille faite par Matthieu commença à se remplir
de myrhe sortant du sarcophage du saint. Ceci eu lieu le 20 avril 1087.
Voyant l'absence d'un coffre, le prêtre
Drogus enveloppa les reliques dans le tissus, et en compagnie des chefs,
il les emmena au navire. Les moines ayant réussi à se libérer,
ils alertèrent la ville au sujet de la mauvaise nouvelle de l'enlèvement
des reliques du Thaumaturge Nicolas, par des étrangers. Une foule
de gens s'élança vers le rivage, mais il était trop
tard.
Le 8 mai, les navires abordèrent à
Bari, et vite la joyeuse nouvelle se répandit à travers toute
la ville. Le lendemain 9 mai 1087, ils transportèrent solennellement
les reliques de saint Nicolas à l'église de Saint-Etienne,
pas loin de la mer. La translation solennelle des reliques s'accompagna
de nombreuses guérisons de malades, ce qui inspira encore plus de
vénération respectueuse envers le saint de Dieu. Un an plus
tard, une église fut bâtie au nom de saint Nicolas, et consacrée
par le pape de Rome Urbain .
Cet évènement, en liaison avec
la translation des reliques de saint Nicolas, suscita une vénération
particulière du Thaumaturge Nicolas, et fut marquée par l'établissement
d'un jour de Fête spécial au 9 mai. Au départ, ce jour
de Fête de la Translation des Reliques de saint Nicolas fut seulement
observée par le peuple de la ville de Bari. Elle ne fut pas adoptée
dans les autres pays de l'Orient et de l'Occident Chrétien, malgré
le fait que la translation des reliques était largement connue.
La raison qui l'explique est qu'au Moyen-Age, on avait pour coutume de
vénérer principalement les reliques des saints locaux. De
plus, l'Eglise Grecque n'établit par de célébration
de commémoration, car ils considéraient la perte des reliques
de saint Nicolas comme un triste évènement.
La célébration dans l'Eglise
Russe Orthodoxe de la mémore de la Translation des Reliques de saint
Nicolas de Myre en Lycie jusqu'à Bari en Italie au 9 mai fut établie
fort vite après l'an 1087, du fait qu'il existait déjà
une vénération par le peuple Russe de ce grand saint de Dieu,
amené de Grèce en même temps que l'acceptation du Christianisme.
Les glorieux récits de miracles accomplis par ce saint tant à
terre qu'en mer étaient largement connus du peuple Russe. Leur inépuisable
force et abondance attestent de l'aide du grand saint de Dieu pour l'humanité
souffrante. L'image de saint Nicolas, un puissant thaumaturge et bienfaiteur,
devint particulièrement chère au coeur du peuple Russe, car
elle lui inspira une profonde Foi, et l'espoir en son intercession. La
foi du peuple Russe dans l'abondante aide du saint de Dieu a été
marquée par d'innombrables miracles.
Un important corpus de littérature
fut compilé à son sujet dans les antiques écrits Russes.
Des récits des miracles de saint Nicolas accomplis en terre Russe
furent enregistrés dès les débuts. Peu après
la Translation des Reliques de saint Nicolas de Myre à Bari, une
version Russe de sa Vie et un récit de la Translation de ses saintes
reliques furent rédigés par un contemporain de l'évènement.
Plus tôt encore un panégyrique au Thaumaturge avait été
rédigé. Chaque semaine, le jedu, l'Eglise Orthodoxe Russe
honore particulièrement sa mémoire.
Nombre d'églises et de monastères
ont été bâtis en l'honneur de saint Nicolas, et le
peuple Russe est habitué de donner son nom aux enfants lors de leur
Baptême. En Russie, on a conservé nombre d'icônes miraculeuses
de ce saint. Les plus célèbres d'entre elles sont les icônes
de Mozhaisk, Zaraisk, Volokolamsk, Ugreshsk et Ratny. Il n'y avait pas
de maison ou de temple sur la terre Russe où il n'y avait pas une
icône de saint Nicolas le Thaumaturge. L'importance de l'intercession
du grand saint de Dieu est exprimée par l'ancien compilateur de
la Vie, par ces mots sur saint Nicolas qui "accomplit nombre de glorieux
miracles sur terre et sur mer, aidant les opprimés par le malheur
et sauvant ceux qui se noyaient, les ramenant sur la terre sèche
en les retirant des profondeurs des mers, relevant d'autres de la corruption
de la mort et les ramenant à la maison, libérant des chaines
et prisons, empêchant que ne tranche l'épée et libérant
de la mort, et accordant la guérison à nombreux; la vue aux
aveugles, la marche au paralysés, l'ouïe aux sourds, et la
parole aux muets. Il apporta des richesses à nombreux qui subissaient
une abjecte misère matérielle, et donna de la nourriture
aux affamés, et pour chacun de leurs besoins, il apparut prêt
à les aider, un avide défenseur et un rapide intercesseur
et protecteur, et qui à peine invoqué était là
à aider et à délivrer de l'adversité. Tant
l'Orient que l'Occident connaissent ce grand Thaumaturge, et toutes les
extrémités de la terre connaissent ses grands miracles." |