Saint SIGISBERT
moine de  Luxueil eT
abbé de Dissenntis en Suisse 
 

24/07 - 11/07
 


 
 
Il était Irlandais d'origine, et servait Dieu à Banghor, quand saint Colomban forma le projet de passer dansles Gaules. Il eut l'honneur de faire partie des 12 religieux que le Saint prît avec lui. Il accompagna donc partout l'illustre apôtre, et partagea toutes ses tribulations et toutes ses joies. Entré à Luxeuil avec lui, il y vécut 20 ans sous sa conduite, et en sortit devant les persécutions du roi de Bourgogne. Il accompagna toujours son maître dans les pérégrinations à travers la France, et passa ainsi 3 ans à Brégentz. Il suivait Colomban en Italie, quand, au milieu des Alpes, il se sépara de lui, par raison de maladie peut-être, ou par une secrète inspiration du Ciel. S'avançant vers l'Est, à travers les hauteurs du mont Crispalt, il arriva jusqu'à la source du Rhin, et de là descendit dans une vaste solitude, appelée en latin "Disertina", en français "Dissentis". Là, s'arrêtant au pied d'une montagne du nom de "Vaccareccia", près d'une source d'eau limpide, il se construisit une cellule de troncs et de branches d'arbres, et un petit oratoire à la Vierge, puis mena la vie d'un solitaire. Un ange, dit la tradition, venait chaque jour lui apporter un pain du Ciel. Les habitants du pays étaient idolâtres pour la plupart; le saint homme s'efforça par la parole et par l'exemple de les amener au culte du vrai Dieu. Il eut la joie de voir ses efforts couronnés de succès. De toutes parts on abattait les bois et les temples consacrés aux faux dieux. A sa prière, on se résolut même à couper un arbre d'une hauteur prodigieuse, qui était plus spécialement l'objet du culte superstitieux de la contrée. Mais cet acte de vigueur faillit coûter la vie au solitaire. Un idolâtre, irrité de ce qu'il considérait comme un affreux sacrilége, allait lui décharger sa hache sur la tête, quand il détourna le coup on faisant seulement le signe de la croix. Ce miracle éclatant, et surtout la sainteté de sa vie, répandirent au loin la réputation de Sigisbert.
Non loin de là, dans un château appelé "Tremisium", habitait un homme riche et puissant, nommé Placide. Attiré par la curiosité, il assista un jour à la prédication du Saint, et en fut si frappé, qu'il se jeta avec larmes à ses pieds et le pria de le faire Chrétien. Sigisbert l'accueillit avec une tendresse paternelle, l'instruisit et le baptisa. Bientôt le riche seigneur se sentit pressé du désir d'une vie plus parfaite, offrit à Dieu et à Marie toutes ses possessions, et prit l'habit monastique sous la direction du Saint.
Le nombre de ses disciples augmentant tous les jours, Sigisbert éleva un autre oratoire, qu'il dédia à saint Martin, et construisit tout autour des cellules pour y loger ses moines. Il avait consacré à Dieu et à Marie ces immenses solitudes. On vit alors se reproduire le spectacle si commun dans ces siècles de Foi : une congrégation de frères unis par les liens de la plus étroite charité, et pratiquant à l'envi les plus sublimes vertus. Sigisbert les animait plus encore de l'exemple que de la voix; et, Dieu secondant ses efforts, il vint à bout d'établir et de maintenir dans son établissement la règle et l'esprit de Colomban, son illustre maître.
Toutefois, les tribulations ne lui furent point épargnées. Le démon, jaloux de ses succès, lui suscita un ennemi puissant dans la personne d'un comte ou juge du pays, nommé Victor, qui prit à tâche de le persécuter de toutes les manières, et porta l'injustice jusqu'à s'emparer des propriétés dont Placide avait doté le monastère. Celui-ci s'étant transporté à "Willinga", où habitait Victor, lui reprocha son injustice, et, avec la liberté d'un nouveau Jean-Baptiste, osa le réprimander du honteux commerce qu'il entretenait avec une femme. Victor se sentit vivement blessé de ce reproche ; mais, à son tour, nouvel Hérode, il ordonna à ses serviteurs d'attendre Placide au milieu du chemin, de le tuer, et, pour que rien ne manquât à la comparaison, de lui couper la tête, comme on le fit autrefois au Précurseur de Jésus-Christ. L'ordre fut exécuté de point en point. Toutefois, le barbare meurtrier ne jouit pas longtemps du fruit de son crime: car, peu de temps après, en traversant le Rhin sur un pont, il tomba avec son cheval et ses serviteurs, et fut entraîné par les eaux.
Sigisbert ne survécut pas longtemps à son fidèle disciple Placide. Vers l'an 615, l'année même où mourait son glorieux maître Colomban, il s'endormit paisiblement dans le Seigneur. On l'inhuma dans le même tombeau que Placide, afin que la mort ne séparât point ceux que l'amitié avait si étroitement unis sur la terre. De nombreux prodiges attestèrent la sainteté des serviteurs de Dieu : à tel point que Dissentis devint bientôt le but d'un pèlerinage très-fréquenté. Les plus grands personnages et les rois mêmes tenaient à honneur de s'y rendre. On éleva une magnifique église au lieu même où Placide avait été tué; elle subsista jusqu'à ces derniers siècles, où une énorme avalanche l'ensevelit, et avec elle les habitants du pays et la mémoire même du saint martyr.