Saint Père SISOES
le grand 19/07 - 06/07
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Ayant pris sur lui la
Croix de Notre Seigneur depuis sa jeunesse, notre bienheureux Père
Sisoès se retira au désert de Scété. Il progressa
si rapidement dans la vertu et dans les combats ascétiques, qu'il
fut bientôt considéré par tous comme le modèle
du moine. Peu après la mort de Saint Antoine, alors que les déserts
de Scété et de Nitrie commençaient à être
trop peuplés, il décida de se rendre dans la montagne intérieure,
où avait vécu le grand patriarche du désert, et qui
se trouvait alors abandonnée à cause des incursions des barbares
(vers 357). Il y demeura soixante-douze ans, suivant en tout les traces
de Saint Antoine.
Un frère lui demanda un jour s'il était parvenu à la mesure d'abba Antoine. Il répondit: « Si j'avais l'une des pensées d'abba Antoine, je deviendrais tout entier comme du feu; pourtant je connais un homme qui, avec peine, peut porter la pensée d'abba Antoine. » Il recevait de temps en temps des provisions d'un moine venu de Pispir; mais il advint que ce dernier tarda pendant près de dix mois. Comme il marchait dans la montagne, Sisoès rencontra un chasseur, venu de Pharan (Sinaï), qui n'avait vu personne depuis onze mois. Le vieillard rentra alors dans sa cellule et se frappa la poitrine en disant: « Voilà, tu as pensé que tu avais fait quelque chose, mais tu n'es même pas arrivé au niveau de ce séculier! » Parmi les vertus qui ornaient son âme, il excellait avant tout dans l'humilité, et il enseignait à ses visiteurs qu'elle s'acquiert premièrement par l'abstinence, deuxièmement par la prière, et troisièmement en s'efforçant de se considérer en toute circonstance comme inférieur à tous les hommes. Il aimait tellement le jeûne, et était si absorbé par la prière, qu'il restait des jours entiers sans aucun souci pour la nourriture, et quand son disciple, Abraham, lui en faisait la remarque, il lui répondait avec une grande simplicité: « N'avons-nous pas mangé, mon enfant? » - L'autre lui ayant répondu que non, il disait: « Si nous n'avons pas mangé, apporte et mangeons. » Le fils d'un homme qui était venu rendre visite à l'ancien sur la montagne, étant mort en chemin, le père, sans se troubler, l'apporta avec confiance au vieillard, et s'inclina devant lui avec son fils. Puis, il sortit. Le Saint, pensant que l'enfant restait prosterné par respect, dit: « Lève-toi, va dehors! » Sur-le-champ le défunt se leva et sortit. S'arrêtant un jour auprès du tombeau
d'Alexandre le Grand, l'ancien contempla avec stupeur la vanité
de la gloire terrestre et versa des larmes sur le sort commun de tout homme.
Puis il retourna dans sa cellule, pour y persévérer dans
l'attente du Seigneur. A un frère qui était tombé
à plusieurs reprises dans le péché, il dit: «
Relève-toi encore et encore. »
Lorsque, ayant accompli sa course, Saint Sisoès
fut sur le point de mourir, alors que des Pères étaient assis
autour de lui, son visage brilla soudain comme le soleil. Et il leur dit:
« Voici que vient abba Antoine. » Peu après, il dit:
« Voici le choeur des Prophètes. » Son visage brilla
avec plus d'éclat et il dit: « Voici que vient le choeur des
Apôtres. » Puis sa face s'illumina, et il semblait parler avec
un personnage invisible. Les Pères lui ayant demandé quel
était son interlocuteur, il répondît: « Voici
que les Anges viennent me prendre, et je les supplie de me laisser faire
un peu pénitence. » Les anciens répliquèrent:
« Mais tu n'as plus besoin de faire pénitence, Père.
» Il répondit alors en pleurant: « En vérité
je n'ai pas même conscience d'en être au commencement. »
Les Pères s'émerveillèrent d'une telle humilité
et comprirent qu'il avait atteint la perfection. Son visage devint alors
subitement plus brillant que le soleil, et tous les assistants furent remplis
de crainte. L'ancien murmura: « Regardez, le Seigneur vient et Il
dit: "Apportez-moi le vase du désert". » À ces mots,
Saint Sisoès remit son âme entre les mains de Dieu. Il y eut
comme un éclair fulgurant et tout l'endroit fut rempli de bonne
odeur.
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