SAINT THEODORE
 le Sanctifié
 
 
 

29/05-16/05


 
 
Né dans une famille de notables chrétiens en Haute Egypte, Saint Théodore mena dès son enfance une vie pieuse. A l'âge de douze ans, voyant le festin préparé par sa famille à l'occasion de la fête de la Théophanie, il fut touché de componction et se dit : « Si tu jouis de ces aliments, tu n'obtiendras pas la vie éternelle. » Dès lors il jeûna tous les jours jusqu'au soir et s'abstint de tout aliment recherché. Deux ans plus tard, il fut reçu au Monastère de Latopolis, où il mena la vie anachorétique auprès de quelques vieux moines; puis, ayant entendu Monastère, le jeune Théodore s'efforça d'imiter en tout notre Père Pachôme, qu'il regardait comme la présence visible de Dieu. Il veillait à garder rigoureusement la pureté du cúur, un langage mesuré et agréable et une obéissance inconditionnée jusqu'à la mort. Ses progrès admirables dans les vertus, lui permirent de devenir, malgré son jeune âge, le réconfort et le modèle de nombreux frères. La première année de son séjour, comme il se levait un jour pour prier, sa cellule fut soudain illuminée et deux Anges éblouissants lui apparurent. Effrayé, Théodore sortit précipitamment et grimpa sur le toit; mais les Anges vinrent le rassurer et lui remirent prophétiquement un grand nombre de clés.

Une autre fois, sa mère vint lui rendre visite, mais Théodore refusa de la voir, par crainte de se voir reprocher au jour du Jugement cette transgression du commandement prescrivant à ceux qui veulent obtenir la perfection de renoncer pour toujours à leurs parents, et il dit : « Je n'ai pas de mère et rien en ce monde, car il passe. » Lorsque Saint Pachôme le réprimandait à tort pour l'éprouver, Théodore n'essayait pas de se justifier, mais il s'attribuait la faute et disait : « Il faut que je pleure jusqu'à ce que le Seigneur redresse mon coeur et que je mérite d'obéir à Ses ordres. »

Un jour, un frère ayant été réprimandé par Saint Pachôme, se préparait à quitter le Monastère. Théodore vint alors à lui et feignant d'avoir pris une résolution semblable, il put rendre courage au frère et le sauver de la perdition. Une autre fois, ayant interrogé un moine ancien, et l'ayant trouvé incapable de renoncer à son attachement pour sa famille, il fit semblant de vouloir quitter un tel monastère où l'on faisait si peu de cas de la parole évangélique et il put ainsi le corriger.

Quand il eut trente ans, un dimanche soir, Saint Pachôme, ayant réuni les frères pour sa catéchèse habituelle, céda soudain la parole à Théodore. Obéissant, celui-ci commença à parler selon ce que le Seigneur lui inspirait, et Saint Pachôme se tenait debout avec les autres moines pour l'écouter. Certains anciens s'irritèrent pourtant de cette élévation d'un plus jeune qu'eux et quittèrent l'assemblée. A l'issue de la synaxe, Pachôme déclara qu'ils s'étaient rendus étrangers à la miséricorde de Dieu et que s'ils ne se repentaient pas de ce mouvement d'orgueil, il leur serait difficile d'accéder à la vie étemelle. Après cela, il établit Théodore économe du Monastère de Tabennêsis (vers 336), et fit de lui son adjoint dans l'administration de la Koinonia. Eprouvé dans l'humilité et dépouillé de toute volonté propre, Théodore ne changea rien de son attitude de disciple et progressa en édif'iant les frères, car sa parole était remplie de grâce et sa charité couvrait toutes les faiblesses. Chaque jour, après son travail, il se rendait à Pabau afin d'écouter la catéchèse de Pachôme, puis il revenait à Tabennêsis pour la répéter à ses moines.

Ayant ensuite reçu de Saint Pachôme l'ordre de visiter les Monastères de la Koinonia, il était toujours accueilli par les frères avec grande joie, car Dieu lui avait accordé la charisme de la consolation, et Pachôme disait de lui : « Théodore et moi accomplissons le même service en l'honneur de Dieu, et il a pouvoir de commander en qualité de père et maître. » C'est pourquoi, après quelque temps, il le retira de Tabennêsis pour l'associer à la direction spirituelle de toute la congrégation. C'était lui qui recevait les nouveaux rnoines dans tous les Monastères et qui expulsait les récalcitrants. Lorsqu'il corrigeait un frère, il s'astreignait à accomplir la même pénitence, craignant d'être condamné par Dieu pour ne pas avoir accompli lui-même ce qu'il ordonnait aux autres.

Une fois, Saint Pachôme étant tombé malade, les frères vinrent trouver Théodore pour lui demander de prendre la succession dans le cas où le Père mourrait. Quand Pachôme se fut rétabli, il demanda compte à chacun de ses pensées. Théodore confessa que, sous la pression des frères, il avait acquiescé à leur proposition de lui succéder. Pachôme lui retira alors toute autorité sur les moines et le relégua dans un endroit solitaire, où il versa beaucoup de larmes à cause de son péché d'orgueil. Après des années de pénitence et peu de temps avant de mourir, Pachôme le rétablit dans ses fonctions, déclarant aux frères que cette épreuve avait fait progresser Théodore sept fois plus que ses ascèses antérieures, à cause de l'humble repentir qu'il avait montré.

Après la mort de Saint Pachôme (346), Théodore, qui l'avait enseveli dans un endroit secret, fut envoyé à Alexandrie pour affaires. Il rendit visite à Saint Antoine le Grand, qui témoigna de son admiration pour Pachôme et la vie cénobitique, et 1'envoya à Saint Athanase avec une lettre de recommandation. C'est à Alexandrie qu'il apprit la mort de Pétronios et, de retour en Thébaïde, il se soumit avec humilité et ferveur à Saint Horsièse. Il était devant lui comme une brebis, ayant déraciné de son coeur toute pensée de pouvoir, bien qu'aux yeux de beaucoup il fût le plus digne de succéder à Saint Pachôme. Voyant que de nombreux frères avaient recours à lui, et voulant éviter toute rivalité, il obtint d'être envoyé au Monastère de Pachnoum, pour y diriger la boulangerie.

Lorsque le supérieur du Monastère de Monchôsis (Thmousons), Apollonios, se fut révolté, prétendant rendre son Monastère indépendant, Horsièse se retira et désigna Théodore pour lui succéder à la tête de la Koinonia. Théodore réunit aussitôt les frères et les exhorta, avec force larmes, à maintenir la tradition instituée par Saint Pachôme et à garder l'unité de leur sainte assemblée. Puis il visita avec soin les Monastères, changea tous les supérieurs et distribua de nouvelles charges. Se souvenant pourtant de la pénitence imposée jadis par Pachôme pour sa pensée concernant la succession, il ne s'estimait pas le supérieur des Monastères, mais seulement remplaçant et serviteur d'abba Horsièse; et chaque fois qu'il voulait prendre une décision, il allait d'abord en demander l'autorisation à Horsièse qui s'était retiré à Chenoboskion. Il était au milieu des frères un modèle d'humilité, tant dans l'habillement que dans la parole et dans tout son comportement, malgré sa renommée qui s'était étendue à toute l'Egypte, et les nombreuses guérisons qu'il accomplissait.

Grâce à sa diligence, il parvint à restaurer le bon ordre et à réanimer le zèle des moines. Il s'entretenait avec chacun, les exhortant à résister avec courage à Il assaut des pensées, et corrigeait les négligents avec patience, en priant ardemment pour leur correction. Aux Monastères fondés par Saint Pachôme, il ajouta ceux de Kaïor et Ouï dans la région d'Hermoupolis et un autre près d'Hennonthis, ainsi que deux monastères féminins.

Vers 363, saint Athanase, exilé, vint rendre visite à la Koinonia, dont il admira l'ordre et les règlements, aptes à procurer la paix à tant d'âmes. Théodore lui dit : « Cette faveur de Dieu nous appartient grâce à notre Père Pachôme. Mais quand nous te voyons, c'est comme le Christ que nous te voyons. »

Par la suite Théodore réussit à faire revenir Horsièse à Pabau et le servit en qualité de second, et ils alternaient pour visiter les monastères. Toutefois les préoccupations matérielles ayant considérablement augmenté du fait de l'accroissement du nombre des frères, Théodore se désolait de voir les moines abandonner la rigueur et la simplicité de vie instituées par Saint Pachôme. Il se mortifiait pour qu'ils fassent pénitence et il allait passer de longues nuits de prière sur le tombeau de Saint Pachôme, connu de lui seul.

Après la Pâque 368, Théodore tomba malade. Horsièse supplia le Seigneur de mourir le premier et de laisser Théodore, dont la Koinonia avait un si grand besoin. Mais tel n'était pas la volonté de Dieu et, après avoir confessé qu'il n'avait jamais rien fait sans obéissance, Théodore s'endormit très paisiblement, le 27 avril, Tous les frères poussèrent alors une grande clameur et s'écrièrent : « Nous sommes devenus orphelins, car c'est en effet notre juste Père Pachôme qui est mort aujourd'hui (en sa personne) ! » Après les funérailles, Saint Horsièse alla déposer son corps aux côtés du tombeau secret de Saint Pachôme. Aussitôt qu'il apprit la nouvelle, Saint Athanase écrivit aux frères que Théodore ne cessait d'être parmi eux, puisqu'ils formaient un seul homme avec abba Horsière, et il les exhorta à ne pas pleurer celui qui était désormais parvenu au séjour des bienheureux.