Apparition de 
l'Icône de la Mère de Dieu de Kazan 
(1579) 
 

21/07 - 08/07
 


 
 
La nuit du 1er octobre 1552, en la Fête de la Protection de la Très Sainte Theotokos, le Tsar Ivan IV, à la tête des forces Russes, lança un assaut décisif contre la cité Tatar de Kazan, quand soudain il entendit le carillonnement des cloches de Moscou. Le Tsar réalisa que c'était un signe de la miséricorde de Dieu. A travers les prières du commandant-en-chef, le Seigneur accorda que le peuple de Kazan se convertisse à Lui.
La capitulation de Kazan en la Fête de la Protection de la Très Sainte Mère de Dieu complèta une chaîne d'évènements initiée en 1164 par le saint prince André Bogoliubsky (4 juillet), contre les Bulgares musulmans de la Volga. Avec la prise de Kazan, la Volga, le fleuve principal du pays, devint enfin fleuve Russe. 

60.000 Russes furent libérés de la servitude des Tatars.
L'illumination des Tatars par la lumière de l'Evangile de Vérité avait commençé. Là tombèrent les premiers martyrs, saints Pierre et Etienne. Le diocèse nouvellement fondé de Kazan entra dans l'Eglise Russe et fut vite illustre par ses propres archévêques : saint Gurias et saint Germain.

Mais la diffusion de l'Orthodoxie parmi les musulmans de la Volga fut facilitée par l'apparition de l'Icône miraculeuse de la Mère de Dieu dans la ville de Kazan le 8 juillet 1579. Prêchant l'Evangile dans ce royaume conquis avait été fort difficile parmi les musulmans et les païens. La Très Sainte Mère de Dieu, Médiatrice des préducateurs du Verbe de Dieu, Qui déjà durant Sa vie terrestre partagea les oeuvres évangéliques des saints Apôtres, regarda vers les efforts des missionnaires Russes. Elle n'hésita pas à leur envoyer de l'aide, à travers Son Icône miraculeuse.
Le 28 juin 1579, il y eut un terrible incendie qui éclata autour de l'église de Saint Nicolas de Tula. Ce feu détruisit une partie de la ville et réduisit la moitié du Kremlin de Kazan en cendres. Les Hagarenes (musulmans) jubilèrent, supposant que Dieu était en colère contre les Chrétiens. "La Foi du Christ, dit le chroniqueur, est devenue une fable et un outrage". Mais l'incendie à Kazan fut la préfiguration de la chute finale de l'islam et de l'affirmation de l'Orthodoxie à travers le pays de la Horde d'Or, la future partie orientale du royaume Russe.

La ville se releva très vite de ses ruines. La maison de Daniel Onuchin était construite non loin d'où la conflagration avait commencé. La Théotokos apparut en songe à sa fille de 9 ans, Matrona, et lui ordonna de trouver Son Icône, cachée secrètement dans le sol par des confesseurs de l'Orthodoxie à l'époque où les musulmans règnaient. Personne ne prêta attention aux paroles d'une filletteÖ
A trois reprises, la Mère de Dieu apparut et indiqua le lieu où Son Icône miraculeuse avait été cachée. Finalement, Matrona et sa mère commencèrent à creuser à l'endroit indiqué et trouvèrent la sainte icône. L'archévêque Jérémie vint sur place, à la tête de son clergé, et transporta la sainte image en la proche église de Saint-Nicolas. Après un Molieben (office d'action de grâce et d'intercession, paraclesis), ils formèrent une procession d'église et transférèrent l'icône à la cathédrale de l'Annonciation, le premier temple Orthodoxe de la ville de Kazan, qui avait été bâtie par le tsar Ivan le Terrible. Durant la procession, deux hommes aveugles, Joseph et Nicétas, retrouvèrent la vue.

Une copie de l'Icône, qui était apparue à Kazan, fut envoyée à Moscou en 1579 ensemble avec un récit des circonstances de sa découverte et la description des miracles. Le Tsar Ivan le Terrible ordonna de bâtir un temple en l'honneur de l'Icône Kazan de la Théotokos, d'y placer la sainte icône, et fît aussi fonder un monastère de femme à l'endroit. Matrona et sa mère, qui furent les instruments de la découverte de la sainte icône, reçurent la tonsure monastique dans ce monastère.

A l'église Saint-Nicolas, où le premier Molieben à l'Icône Kazan avait été célèbré, le futur saint Germogènes, patriarche de Moscou servait comme prêtre. Comme métropolite de Kazan, il compila le rapport des saints évènements dont il avait été le témoin occulaire et le participant : "Compte-rendu et Miracles de la Très Pure Théotokos, de Sa Vénérable et Glorieusement Manifestée Icône à Kazan". Dans ce compte-rendu, on trouve les descriptions avec une grande précision au sujet des nombreuses guérisons à travers l'Icône miraculeuse par les prières des croyants. Le manuscrit, écrit par le patriarche Germogenes, fut reproduit dans une édition fac-similée : "Rapport sur l'Icône Miraculeuse de Kazan de la Très Sainte Théotokos", avec une introduction par  A. I. Sobolevsky (Moscou, 1912).

L'Icône, découverte par la jeune fille Matrona dans la récemment annexée frontière du royaume Russe, devint vite un trésor national sacré, un signe de la protection céleste de la Mère de Dieu, manifestée à toute l'Eglise Russe. L'âme de la nation Orthodoxe encensa la participation spéciale de la Toute-Pure Dame Théotokos dans sa destinée historique.

L'Icône Kazan est une copie de l'antique Icône Blachernae, et considérée par ses caractéristiques iconographiques comme une "Hodigitria.
" Nombre de fois la "Mère Kazan" montra le chemin de la victoire aux soldats Russes Orthodoxes remplissant leur devoirs sacrés envers Dieu et la Patrie.

En l'année de son apparition à Kazan (d'autres sources disent 2 ans plus tard) commença la remarquable marche "Au delà de Kazan" (au delà de l'Oural), dont saint Germain avait eu la vision, et prirent l'ataman Cosaque Ermak Timofeevich Povolsky (+ 1584), un effort qui mena à l'annexion de la Sibérie. Cela s'avéra suffisant, pour permettre que dans les décénies suivantes, les missionnaires-explorateurs Russes puissent aller vers l'Est, "à la rencontre du soleil", parcourant des milliers de kilomètres avec beaucoup d'énergie, et voyageant souvent de manière miraculeuse. En la Fête de la Protection en 1639, ils embarquèrent pour leur premier voyage à travers l'Océan Pacifique, prêchant le Salut aux peuples environnants. 
Les soldats Orthodoxes et missionnaires allèrent vers l'Est, pendant que les apostats fuyaient vers l'Ouest. Les Jésuites tentèrent d'écraser la Rus au début du 17ième siècle, avec des vagues tumultueuses d'imposteurs royaux et de "peuplades rapaces". En effet, grâce à la Divine Providence, durant l'Occupation Polonaise (1605-1612), que la nation appela "Epoque des Troubles", l'Eglise Russe était dirigée par un grand confesseur de l'Orthodoxie, le hiéromartyr Germogènes, patriarche de Moscou et Toute la Rus', qui avait été parmi les premiers à vénérer l'Icône Kazan de la Très Sainte Mère de Dieu, rédigeant le "Compte-Rendu" et l'Office dédié.

Durant les pénibles jours où Moscou était occupée par les Polonais, et la discorde et le désordre semés à travers le pays, ce confesseur souffrant résolu pour la Sainte Foi et la Patrie fut tenu sous bonne garde, et il parvint à envoyer un appel secret à Nizhni Novgorod : "Ecrivez à Kazan au métropolite Ephraïm, et faites envoyez des ordres aux régiments pour les boyars  et les forces Cosaques, afin qu'ils se lèvent pour la Foi, mettent un terme aux pillages et préservent la fraternité, et fassent le voeu d'offrir leurs âmes pour la maison de la Toute-Pure et des thaumaturges et de la Foi, qu'il en soit ainsi. Ecrivez cela à toutes les villes en mon nom." Le peuple de Nizhni Novgorod répondit à l'appel de l'archipasteur. 
Le prince Dimitrios Mikhailovich Pozharsky dirigea la milice rassemblée. Les forces de Kazan, se joignant à la milice, apportèrent avec eux une copie de l'Icône miraculeuse de Kazan, qu'ils donnèrent au prince Dimitri à Yaroslav. La Très Sainte Mère de Dieu prit la milice sous Sa protection, et par Son intercession, la Russie fut sauvée.
Les forces Russes expérimentèrent de terribles difficultés : hostilités internes, armement et approvisionnement insuffisants. Au milieu du mauvais temps de l'automne Russe, l'armée s'avança en trombe vers Moscou, alors aux mains des Polonais.
Un jeûne de 3 jours et de ferventes prières devant l'Icône Kazan de la Mère de Dieu inclina le Seigneur à la miséricorde. Dans le Kremlin alors assiégé, l'archévêque grec Arsène était retenu captif, lui qui deviendra par la suite archévêque de Suzdal; il était arrivé de Grèce, et était très malade de son voyage, et aussi d'avoir été si secoué. Durant la nuit, la cellule de saint Arsène fut soudain remplie d'une divine lumière, et lui apparut saint Serge de Radonège, qui lui dit : "Arsène, tes prières ont été entendues. Par l'intercession de la Mère de Dieu, le jugement divin sur la Patrie est changé, la miséricorde vient. Demain, Moscou tombera aux mains de ceux qui l'assiègent, et la Russie sera sauvée".
Et comme pour prouver la véracité de cette prophétie, l'archévêque reçut guérison de sa maladie, et alors cet heureux évènement fut connu des forces Russes. Le lendemain, 22 octobre 1612, les forces Russes, inspirées par la vision, emportèrent une victoire écrasante, s'emparèrent du quartier Chinois, et 2 jours plus tard, du Kremlin lui-même.

Le Dimanche 25 octobre, les forces Russes entrèrent triomphalement dans le Kremlin, portant l'Icône Kazan en procession. Sur la Place "Lobnoe mesto »  la procession fut rencontrée par l'archevêque Arsène, émergeant du Kremlin, portant l'Icône Vladimir de la Mère de Dieu, qu'il avait sauvée durant sa captivité.  Bouleversé par la rencontre de ces deux icônes miraculeuses de la Mère de Dieu, le peuple, en larmes, pria la Reine des Cieux.
Avec l'expulsion des Polonais hors de Moscou, selon la chronique Nikonov, le prince Dimitri Pozharsky plaça la sainte Icône Kazan dans sa propre paroisse de l'Entrée au Temple de la Très Sainte Mère de Dieu, à Lubyanka à Moscou. Ensuite, et aux frais du prince-patriote, on bâtit la cathédrale Kazan sur la Place Rouge (ou "Belle"). La sainte icône, qui avait accompagné les armées de Pozharsky durant la libération de Moscou, fut transférée en 1636 dans la cathédrale Kazan nouvellement construite. 

A présent, cette sainte image se trouve dans la cathédrale patriarcale de la Théophanie, à Moscou.

En commémoration de la libération de Moscou des Polonais, une Fête spéciale fut établie au 22 octobre en l'honneur de l'Icône Kazan de la Mère de Dieu. Au début, cette célébration n'eut lieu qu'à Moscou, mais dès 1649 elle s'étendit à toute la Russie.

En 1709, avant la battaile de Poltava, Pierre le Grand pria avec ses soldats devant une icône Kazan de la Mère de Dieu (celle du village de Kaplunovka). En 1721, Pierre transféra une des copies de l'Icône Kazan de la Mère de Dieu de Moscou à Saint-Petersbourg, où l'icône se trouva au début dans une chapelle, puis dans la Lauvre du monastère Saint Alexandre Nevsky. A partir de 1737, elle fut placée dans l'église de la Nativité de la Mère de Dieu, sur la Perspective Nevsky. En 1811, la sainte icône de la Théotokos fut transférée dans la nouvellement construite cathédrale Kazan.
En 1812 l'Icône Kazan de la Mère de Dieu bénit les soldats Russes pour repouser l'invasion Française. Lors de la Fête de l'Icône Kazan, le 22 octobre 1812, les détachements Russes sous le commandement de Miloradovich et Platov détruisirent l'arrière-garde de Davu. Ce fut le premier coup de force réussi contre les Français après leur départ de Moscou, et dans lequel l'ennemi perdit 7.000 hommes. Ce jour-là, la neige tomba abondamment, un terrible froid commença, et l'armée qui avait jusqu'alors vaincu l'Europe commença à faillir.
La cathédrale Kazan à Saint-Pétersbourg fut bâtie dans les années 1801-1811, comme si elle devait devenir un monument à la gloire Russe pour la guerre de 1812. L'iconostase du maître-autel fut un travail considérable et élaboré, avec 3600 livres d'argent. Les Cosaques du Don offrirent 1440 livres d'argent au temple, argent qu'ils avaient pris au Français en 1812. Les murs de la cathédrale furent décorés avec les trophées pris au Français en 1812.  Le Prince Mikhail Kutuzov-Smolensky, sauveur de la Patrie, fut enterré dans la cathédrale avec les étendards ennemis enveloppant son saint tombeau. Des sculptures en bronze de Kutuzov et Barclay de Tolli se tiennent devant le temple à la fin des colonnades, dans l'hémisphère faisant cercle face à la place de la cathédrale.
D'innombrables copies miraculeuses de l'Icône Kazan en Russie glorifient la Toute-Pure Théotokos, Protectrice du peuple Russe Orthodoxe. De la pléthore d'icônes de la Mère de Dieu vénérées par l'Eglise Russe Orthodoxe, aucune n'est aussi nombreuse que l'Icône Kazan. Elle est considérée comme sainte par toute la Rus Orthodoxe, et tous tournent leur face vers elle à chaque malheur ou maladie, criant : "O fervente Médiatrice, Mère du Seigneur Très Haut, prie Ton Fils, Christ notre Dieu, pour tout... accorde tes bienfaits et sauve tout, O Vierge Théotokos, et soit la Divine protection pour Tes serviteurs".