Saint VLADIMIR
grand-prince de Kiev Égal-aux-Apôtres et illuminateur du peuple russe. 28/07 - 15/07
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A la suite du siège
manqué de Constantinople (864), le Patriarche Saint Photios envoya
à Kiev un Evêque accompagné de Prêtres, afin
d'y semer les premières semences du Christianisme. Mais cette mission
fut bientôt interrompue lors de la prise de la ville par les princes
varègues Oleg et Igor (880-883), qui favorisèrent l'implantation
de leur congénères idolâtres. Par la suite, les trois
attaques tentées par les Russes contre la capitale byzantine (911,
944 et 971) conduisirent à l'installation de marchands qui embrassèrent
le Christianisme et devinrent missionnaires en rentrant dans leur patrie,
si bien qu'en 945 Kiev possédait une assez grande Communauté
Chrétienne, qui se rassemblait dans l'église du Prophète-Elie.
La veuve du prince Igor, Sainte Olga, se fit baptiser alors qu'elle était régente, mais cette conversion resta personnelle et n'eut pas de répercussion notable dans son peuple. Bien au contraire, dès que son fils Sviatoslav prit le pouvoir, restant sourd aux exhortations d'Olga, il encouragea le paganisme, car la conversion au Christianisme était considérée comme une transgression de la tradition de son peuple et une honte. À la mort de Sviatoslav, son fils laropolk, qui était plus favorable aux Chrétiens, devint prince de Kiev, alors que son frère cadet, Vladimir, s'installait à Novgorod. Chassé de là par laropolk, il alla se réfugier en Scandinavie, d'où il revint peu après avec un fort contingent de Varègues. Il expulsa son frère, qui mourut au cours du combat, et s'installa à Kiev (980). Les instructions de sa grand-mère, Sainte Olga, et de sa mère, Malousa, n'avaient pu décider Vladimir à renoncer à l'idolâtrie et animé d'un zèle ardent pour les dieux des Vikings, dès son intronisation, il fit édifier sur les hauteurs de la cité un temple dédié au dieu du tonnerre, Péroun, où l'on faisait même des sacrifices humains. Et, conséquence de cette impiété, le prince menait une vie excessivement débauchée, qui le rendit tristement célèbre. Monarque belliqueux et soucieux d'étendre son territoire, il avait déclaré une guerre sans merci aux peuples voisins : Bulgares et Lituaniens. Au retour d'une campagne victorieuse contre les Jatvagues (983), il décida de rendre grâces aux dieux par un sacrifice humain. Le sort tomba sur un marchand varègue, Théodore, et son fils Jean, qui étaient Chrétiens et qui devinrent ainsi les premiers-Martyrs du sol russe. Cet ignoble sacrifice fit cependant une forte impression sur l'âme de Vladimir. Il se mit alors à méditer sur la religion et à nourrir des doutes à propos de l'idolâtrie. Ces préoccupations vinrent à la connaissance des peuples qui vénéraient un seul Dieu: les Bulgares musulmans de Kama, les Juifs Khazars, les Germains, Chrétiens latins, et les Grecs Orthodoxes. Ils envoyèrent des émissaires à Kiev, qui essayèrent d'influencer le prince en présentant leurs arguments; mais seul l'envoyé de Byzance parvint à capter son attention en réfutant toutes les autres religions et en lui exposant l'oeuvre salvatrice de Notre Seigneur Jésus-Christ. Après avoir consulté ses boyars, le prince décida d'envoyer ses propres ambassadeurs dans ces différents pays, afin de se rendre compte par eux-mêmes de la manière dont on y vivait la religion. Quand les émissaires envoyés dans la capitale byzantine assistèrent à la Divine Liturgie et aux diverses cérémonies qui avaient lieu à Sainte-Sophie, leur impression fut si forte qu'ils en restèrent stupéfaits et rapportèrent ensuite à leur souverain : « Nous ne savions plus si nous étions au ciel ou sur la terre. Car il n'y a pas sur terre un tel spectacle, ni une telle beauté, et nous sommes incapables de l'exprimer. Nous savons seulement que c'est là que Dieu demeure avec les hommes, et que leur culte dépasse celui de tous les pays. Cette beauté nous ne pouvons l'oublier, et nous savons qu'il nous sera désormais impossible de vivre en Russie d'une manière différente! » Convaincu que cette gloire manifestée dans la Liturgie ne pouvait être que le resplendissement de la Vérité, Vladimir se décida donc à devenir chrétien. Entre-temps, l'empereur de Byzance, Basile II, affaibli par la guerre contre le tsar des Bulgares, Samuel, et menacé d'être expulsé de Constantinople par la révolte de Bardas Phocas (987), fit appel au grand-prince de Kiev. Vladimir proposa de lui envoyer six mille Varègues, mais demanda en échange la main de sa soeur, Anne Porphyrogénète, en promettant de se convertir au Christianisme avec tout son peuple. Grâce à l'intervention des Varègues la révolte de Bardas fut réprimée, mais l'empereur tarda à tenir sa promesse et à envoyer à Kiev sa soeur qui répugnait à s'unir à un païen. Jamais, en effet, une princesse de rang impérial n'avait été mariée à un barbare (qui de plus avait déjà 7 ou 8 concubinesÖ). Vladimir marcha alors vers la Crimée et s'empara de la ville de Cherson, menaçant de poursuivre vers Constantinople si l'empereur ne tenait pas sa promesse. Effrayé, Basile envoya sans retard sa soeur, accompagnée de l'Evêque Saint Michel et des Prêtres qui avaient été assignés pour la mission en Russie. Le grand-prince fut baptisé, sous le nom de Basile, le jour de la Théophanie avec les officiers de sa suite, puis on célébra les noces. En cadeau Vladimir rendit la ville de Cherson aux Byzantins, puis il repartit pour Kiev, avec la princesse et les Clercs qui avaient pris à Cherson un fragment des Reliques de Saint Clément de Rome ainsi que d'autres glorieux trophées, Icônes et objets de culte. Aussitôt arrivé dans sa capitale, le prince libéra de leurs obligations ses épouses païennes, déclarant qu'il ne pouvait désormais avoir qu'une seule épouse, et il commença à purifier la ville de tout culte idolâtre. Avec le même zèle qu'il avait auparavant pour le culte des faux dieux, il fit renverser leurs idoles et ordonna d'attacher la statue de Péroun à la queue de chevaux, qui lui firent dévaler la colline et allèrent la précipiter dans le Dniepr aux yeux de tout le peuple. Saint Michel commença alors à prêcher la parole de Dieu, aidé par Vladimir en personne. Le jour de la Pentecôte, une multitude d'habitants de Kiev fut baptisée dans le fleuve: jeunes et vieux entrèrent ensemble dans le bain de la nouvelle Naissance, les uns plongés dans l'eau jusqu'au cou, d'autres jusqu'à la taille, les enfants groupés au bord et les nourrissons dans les bras de leurs mères. L'Evêque célébra le Baptême et demanda au prince Vladimir de servir de parrain à tout son peuple. Changeant complètement son caractère et adoptant la douceur des moeurs évangéliques, Vladimir supprima la peine de mort et mena dès lors une vie agréable à Dieu, qui le fit surnommer par son peuple: le "Soleil radieux". Il fit édifier des églises à la place des temples païens, et en particulier une splendide église, dédiée à la Dormition de la Mère de Dieu, fut érigée à l'endroit même du Martyre de Saint Théodore et de son fils, à laquelle le prince affecta un dixième de ses revenus. Il fonda aussi des écoles pour l'instruction du peuple et la formation des Prêtres. Des missionnaires furent envoyés dans les autres principautés, afin d'y proclamer la Bonne Nouvelle en langue slave. La ville de Kiev devint ainsi le siège de l'Evêque métropolitain, dépendant du Patriarcat de Constantinople, ayant juridiction sur cet immense territoire. Du fait de la résistance des prêtres païens, seule la principauté de Novgorod resta rétive, et c'est par la force que Vladimir y imposa le Christianisme. Vers la fin de sa vie, après la mort
de sa femme, le Saint prince eut à endurer de cruelles afflictions
de la part de ses deux fils aînés, Sviatopolk et Iaroslav.
Ses précieuses Reliques furent cachées pendant l'invasion mongole, et on ne les retrouva, dans les ruines de l'église, qu'en 1631. Son crâne est conservé dans l'église principale du Monastère des Grottes de Kiev, sa mâchoire dans la Cathédrale de la Dormition à Moscou, et d'autres fragments dans divers Sanctuaires de Russie. N.B. :
Lors du grand incendie de 1070, 700 églises
furent détruites à Kiev. Ce qui montre l'importance de la
christianisation. En ce temps-là Kiev était considérée
comme une des principales capitales d'Europe en ce qui concerne les arts
et les lettres.
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