Art et Histoire des Icônes en Russie du Xe siècle à nos jours

Les origines de la Russie
Les origines
des Icônes

La légende de
Saint Luc

Le culte des icônes
Les principaux symboles
Byzance
Les lieux
de culte
:
les églises

Les lieux
de culte :
les maisons

Les écoles
iconographiques
-1-

Les écoles
iconographiques
-2-

Les écoles
iconographiques
-3-

Les écoles
iconographiques
-4-

Théophane
le grec

Andreï Roublev

L'évolution
occidentale

Les reflets de
la Russie
:
L'Eglise
Les reflets de
la Russie :
L'armée

Les reflets de
la Russie :
les personnages et les vêtements

Les reflets de
la Russie :
la nature


A l'époque où de nombreux centres orthodoxes, dont le patriarcat de Constantinople (1453), tombent aux mains des turcs, l'Eglise russe accroît son prestige. Au XVIe siècle apparaissent les expressions "Sainte Russie" et "Sainte Terre Russe". Moscou obtient l'établissement d'un patriarcat en 1591. L'école iconographique appelle de nombreux artistes, de Novgorod et de Pskov, à venir travailler à Moscou et les particularismes des écoles d'origine vont s'estomper en quelques décennies.

Pendant que l'état moscovite prend forme, l'Eglise orthodoxe prend conscience de la nécessité de consolider des concepts purement russes tant dans sa gestion et son organisation que dans l'unification spirituelle. Les conciles de 1547 et 1549 vont canoniser une quarantaine de saints purement russes. Le concile de 1551, dit des "Cent Chapitres",  traita des nombreux aspects de la vie ecclésiastique dont les icônes. Apparaissent ainsi les canons propres de l'iconographie russe. La représentation de la Trinité sous la forme d'un vieillard à barbe blanche avec le Christ enfant et une colombe pour représenter le Saint Esprit, est désormais interdite et les peintres devront s'inspirer du modèle de Roublev.

Détail de l'icône "Hymne à la Vierge" Ecole de Moscou début XVIe 
On retrouve les robes brunes des moines et les longs omofors des évêques, avec en arrière plan les coiffes blanches des patriarches russes

Bref rappel des éléments de la hiérarchie écclésiastique telle qu'elle existait au temps du dernier tsar.

Le Clergé Monastique dit "Clergé Noir" :

Voué au célibat. On recrute en son sein les hauts dignitaires de l'église. Trois degrés : moines, hiéromoines (prêtres-moines) et évêques. Les moines passent leur vie dans les monastères. Ils sont d'abord frères convers (poslouchniki), puis après de longues études ils prononcent leurs voeux perpétuels pour être moines (monakhi). Après avoir achevé ses études dans un séminaire, le moine devient diacre (hiérodiacone) puis prêtre-moine (hiéromonach) et enfin archimandrite uniquement s'il possède un titre universitaire (maître ou docteur en théologie). Au plus haut niveau on trouve les évêques, les archevêques, les métropolites dont les vêtements lithurgiques, s'inspirant de ceux de Byzance, habillent également les saints; et enfin un seul Patriarche.
La russie est divisée en diocèses (éparchies) administrées par un archévêque (arkhiépiscop) ou un évêque (épiscop). Trois éparchies très importantes ont à leur tête un métropolite : Novgorod -St Petersbourg, Moscou et Kiev. Dans chaque éparchie, un consistoire présidé par l'évêque prend toutes décisions concernant même le clergé séculier des campagnes. La seule hierarchie au dessus des moines est le synode (et le tsar).

Le Clergé Séculier dit "Clergé Blanc" :

Le prêtre (pope) obligatoirement marié, est attaché sa vie durant à une paroise sans espoir de "promotion" ni de changement pour une autre paroisse. Pour être ordonné prêtre il faut avoir obtenu au moins le grade de bachelier en théologie dans un séminaire (un par diocèse et seulement 4 académies théologiques dans tout l'empire)
Le pope (hiéreï) est en général assisté d'un diacre (diacone), assisté lui-même d'un lecteur de psautier (psalomshik) et d'un sacristain (ponomar). Les archidiacres (protodiacone) sont en général réservés au service de l'évêque.
Au dessus du pope on trouve l'archiprêtre (protohiéreï)  dont certains pouvaient porter la mitre épiscopale pendant les offices. Les membres du clergé blanc furent très peu représentés dans les icônes anciennes. On en trouve beaucoup plus depuis la révolution dans la représentation iconographique de saints martyrs.
Obligatoirement mariés avant de recevoir une paroisse, les prêtres sont obligés de porter la barbe et les cheveux longs.Si leurs épouses mourraient, ils n'avaient pas le droit de se remarier et devaient se retirer dans un monastère.



Prêtre (pope) et...


...son épouse

Ces deux portraits furent réalisés dans les années 1860 en Russie.

Les vêtements écclésiastiques sont largement inspirés des habits de la cour et du clergé de Constantinople. Dès les premiers temps de l'iconographie byzantine, on retrouvera ces vêtements sur les saints et tout particulièrement lorsqu'ils avaient été évêques ou religieux au cours de leurs vies. Ainsi Saint Nicolas, Evêque de Myre en Anatolie, est représenté avec au moins un omofor brodé de croix noires.



Icône de voyage, 
représentant un évêque
Il porte mitra, croix pectorale, 
sakkos et phelonion
La rizza est le revêtement
en métal repoussé, 
doré ou argenté, d'une icône
ne laissant
apparaître que
la peinture du visage et des mains.



L'archimandrite Cyrille, 
père spirituel du Monastère 
de la Trinité St Serge, 
portant la coiffe traditionnelle (mitra) 
et le phelonion : 
sorte de manteau plus 
court sur la poitrine, 
laissant les bras dégagés






Déisis du XVIIIe siècle :
Jésus est revêtu de l'habit liturgique appelé stichar ("robe de dessous", généralement en lin) recouvert d'un sakkos ("vêtement du dessus") richement brodé; il porte également l'un des attributs de la royauté : la couronne, et autour des épaules et du cou une sorte de longue écharpe appelée omofor  brodée de croix, habituellement noires sur fond blanc, pour les saints évêques. 

Elle mesure trois mètres de long sur environ 30 centimètre de large. Elle correspond au pallium de l'Eglise romaine, réservé au pontife et symbolisant la plénitude du pouvoir pontifical.
Le Christ est ici entouré de la Vierge Marie et de Jean le Précurseur (le Baptiste). Les personnages debouts sont chacun sur un piédestal, signe qu'ils se sont élevés vers Dieu.


Icône de Saint Nicolas
en habit d'évêque et portant
l'omofor épiscopal 
(sorte de longue écharpe) : il est de plusieurs croix.
L'omofor simple des prêtres ne comporte
que trois croix noires.


Des vêtements semblables portés 
lors d'une procession au monastère Volokolamsk



©Marie Deriglazoff-2000 à 2010-