Né en 1868
Mort en 1918

Fils aîné d'Alexandre III et de Maria Fédorovna,  il est peu enclin aux études, et préfère pratiquer letennis, l'aviron et l'équitation. Il apprend l'Allemand et le Français, mais c'est l'Anglais qu'il pratiquera couramment grâce à l'un de précepteurs. Son inertie surprend ses professeurs pourtant il absorbera tout ce qu'on lui enseignera.

Il grandit entouré d'une mère attentive mais protocolaire, et surtout d'un père fascinant (ne dit-on pas qu'Alexandre, force de la nature, pouvait tordre de ses doigts un rouble argent?). Ce géant impressionnant qui n'était pas initialement destiné àmonter sur le trône, avait été d'une nature tolérante voire réformatrice, mais en réaction à l'attentat dont son père fut victime, il gouverna  la Russie au "knout".

L'assassinat d'Alexandre II, son grand-père, traumatisa à l'âge de 13 ans, le jeune Nicolas. Il garda à l'esprit que les réformes et la tolérance ne pouvaient s'appliquer à la Russie puisque le peuple n'en était pas reconnaissant! Et ce ne furent pas les positions autocratiques deson père qui allaient le détourner de cette vision des choses...
Alexandre III et Maria Fédorovna

Il persuadera son père de le laisser demander la main de cette descendante d'une des plus grandes familles allemandes qui était également par sa mère, petite fille de la Reine Victoria.

Nicolas devenu Tsar épouse Alix (Alexandra Fédorovna après sa conversion à l'Orthodoxie)  le 14 novembre 1894, moins d'un mois après la mort de son père. 
Ils auront cinq enfants vivants, quatre filles et un fils atteint d'hémophilie : Olga née en 1895, Tatiana en1897, Maria en 1899, Anastasia en 1901 et Alexis en 1904.
Nicolas préféra toujours sa vie familiale à sa vie d'homme d'Etat. On dit de lui qu'il fut un "pantouflard"... Reconnaissons cependant que pour un homme qui aimait la quiétude de son foyer, il voyagea beaucoup : il rencontra et accueillit de nombreux chefs des Etats d'Europe (dont les présidents français Poincaré, Loubet et Faure). Ses sorties du palais étaient aussi fréquentes que le nécessitaient les cérémonies russes religieuses (et il y en a beaucoup) en tant que chef de l'Eglise, ou militaires.

De gauche à droite : Olga avec Alexis, Tatiana, Maria  et Anastasia

Tsar foncièrement pacifiste, il prit l'initiative en 1899 de la première Conférence pour la Paix à La Haye, réunissant 26 pays. Quelques "règles de guerre" furent péniblement adoptées mais on se souviendra surtout le 6 mai 1899, de la création d'un tribunal permanent : la Cour de Justice Internationale. Lors de la cérémonie de l'ouverture de la Ligue des Nations, le président des USA,Thomas Woodrow, demanda une minute de silence à la mémoirede Nicolas II, en tant que créateur de cette ligue d'arbitrage.

Tsar conformiste, souvent rigide afin de juguler un caractère naturellement sentimental, il s'en tiendra aux principes d'autocratie des tsars russes. La destinée lui infligea tout ce qui lui faisait horreur : guerres (contre le Japon 1904-1905, et contre l'Allemagne 1914), révolutions (1905, 1917), attentats, concession d'une Douma "démocratique". Par dessus tout,il s'en remettra à des ministres qui lui déplaisaient maisdont il reconnaissait la valeur. 

Ainsi Sergueï Witte, ministre des Finances (qui deviendra Premier Ministre) continua les réformes financières amorcées sous Alexandre III : le 3 janvier 1897, le rouble-or est instauré dont l'impérial (15 roubles) et le demi-impérial (7roubles et 50 kopecks). Cette réforme donnera un élan sans précédent en Russie, à l'économie et aux développements de l'industrie.
L'industrie lourde notamment prit son essor afin de garantir l'indépendance russe au niveau de l'armement. Naissent ainsi les grands centres métallurgiques : Usines Poutilov, Oboukhov, chantiers navals de la Neva, et construction des chemins de fer dont les réseaux doublèrent de longeur entre 1895 et 1905. Witte fut le père des fameux emprunts russes dont on parle encore...
Ce fut Nicolas II qui présida dès 1892 la commission chargée de la construction du transibérien.
Entre 1895 et 1905, le réseau ferroviaire doubla delongueur et cet essort eut des effets sur la politique diplomatique internationale. Partenaire privilégié, la France absorbaitla majeure partie des emprunts russes en échange d'engagement en cas d'attaques allemandes ou italiennes. Ainsi l'accord prévoyait que la Russie engagerait tous ses effectifs disponibles en cas d'attaque par la Triple Alliance : Allemagne+Autriche-Hongrie+Italie.
Malgré les alliances sécurisantes avec l'Europe de l'Ouest et le caractère pacifique de Nicolas, la première des guerres destructrices de l'empire russe commence le 26 janvier1904 : le Japon détruit l'escadre de Port-Arthur. Les défaites successives, les pertes humaines et un traité de paix peu glorieux, semèrent le doute dans l'opinion du peuple qui commença à voir le tsar "Batiouchka" d'un autre oeil.

Lire : La Destruction de l'Escadre Russe à Port-Arthur

Si l'industrialisation concentra une population ouvrière, elle donna le jour également à une classe intermédiaire jusque là restée dans l'ombre : la petite bourgeoisie. Dans ce milieu "nouveau" se développèrent les idées libérales, reprises par les intellectuels insatisfaits. Les mutineries et  la grève générale de1905 virent s'unir ces libéraux aux travailleurs manuels etse créer le Parti Constitutionnel-Démocrate (K.D.)  Nicolas sous la pression accorda la constitution de la Douma formée de représentants élus.Trotsky fut arrêté et Lénine dut retourner en exil. Le gouvernement reprenait la situation en main. 

Lire : Le Dimanche Rouge

Lire : La Pétition des ouvriers au Tsar

Le nouveau premier ministre Pierre Stolypine se chargea d'établir une politique intérieure de répression et malgré les attentats qui firent des milliers de morts, les mouvements révolutionnaires furent muselés pour un temps. Stolypine fut assassiné le 14 septembre 1911 et remplacé pendant deux ans par le comte Kokovtsov, puis par le faible et sénile Gorémykine qui dut faire face à la crise des Balkans en 1914. Le moine Raspoutine, devenu le guérisseur et guide spirituel du couple impérial, devait lui aussi tenter d'influencer le tsar afin que la Russie n'entre pas en guerre.
Ce fut donc bien malgré lui, que Nicolas II se trouva dans l'obligation de jeter la Russie dans le conflit mondial.

L'attitude de ministres réactionnaires précipita ces évènements qu'il refusait : "Une bonne guerre calmera les révolutionnaires, et ramènera la cohésion nationale". Hélas l'exemple de la guerre contre le Japon n'avait pas servi de leçon à ce genre de raisonnement.
De l'été1914 à 1917, les armées russes se battirent avec courage et ténacité malgré un manque évident de préparation, de matériel (on conseillait aux hommes de se servir en armes sur les corps des ennemis) d'intendance et les erreurs stratégiques du commandement. On estime les pertes russes à deux millions d'hommes dès 1915.
En 1916, la contre-offensive fit perdre la vie à un million de ces "soldats-paysans".
Nicolas II s'investit particulièrement auprès des ses troupes sur le front. On vit également les grandes duchesses et le jeune tsarévitch le suivre dans ses tournées dans les lignes arrières. 
Dans le pays, bien loindu front les mécontentements populaires s'accroissaient :défaites, manque de ravitaillement des villes, insuffisancesdes salaires. En  Mars 1917, les troupes se mutinèrent àSaint Pétersbourg, refusant de tirer sur la foule qui réclamait du pain. Les ouvriers créèrent un "soviet" (un conseil)tandis que siègeait toujours la Douma.

Nicolas II abdiqua le 15 mars au profit de son frère la Grand Duc Michel qui refusa le trône àson tour. 
En hâte la Douma créa un gouvernement provisoire avec à sa tête Alexandre Kérenski qui du faire face au mouvement bolchévique de Lénine. 
La famille impérialefut tout d'abord mise en résidence surveillée àTsarkoïe Selo, puis tranférée en août 1917à Tobolsk en Sibérie et en avril 1918 incarcéréedans l'Oural, à Ekaterinbourg dans la maison Ipatiev.

Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918  le dernier tsar Romanov et sa famille disparaissent officiellement.

Le lieu de l'exécution et par là même, les traces qui suscitaient des études polémistes autour de la véracite de la disparition de la famille impériale, furent "effacées" par le pouvoir soviétique : la maison était l'objet depuis les années 1970 d'un regain de pélerinage qui avait débuté officieusement une dizaine d'années auparavant. Elle a été détruite en juillet 1977, sur l'ordre de Michel Souslov, membre du politburo. Boris Eltsine, alors premier secrétaire du parti communiste de Sverdlovsk (nom d'Ekaterinbourg de 1924 à 1991), fut chargé de sa démolition.
Le terrain fut remis en 1990 à l'Église orthodoxe, qui lança en 2000 les travaux de construction d'une église “Sur-le-Sang-versé”. Celle-ci fut consacrée en 2003,85 ans après la mort du Tsar. L'Eglise Orthodoxe Russe en exil a reconnu la sainteté de Nicolas II et de sa famille en 1982.
Mais il fallut beaucoup plus longtemps pour que le Saint-Synode russe, sous la pression populaire habituellement souveraine, arrive à conclure à la canonisation en août 2000, des Romanov ainsi que de plus de cinq cent martyrs "pour avoir enduré de façon chrétienne leurs souffrances".

La maison Ipatiev à Ekatérinbourg avant qu'elle devienne la dernière résidence des Romanov.	La maison Ipatiev, entourée de palissades pendant la rétention des Romanov.
La chambre où les Romanov ont été fusillés. Les trous impressionnants dans les murs ont été faits  par les enquêteurs afin d'extraire les balles.	La destruction de la maison Ipatiev.

Eglise "Sur-le-sang-versé"
à Ekatérinbourg