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L'Europe occidentale a longtemps ignoré (et continue...?)
la civilisation de Byzance.
Les références
littéraires n'associent-elles pas le terme "byzantin" à
celui de "oiseux"?
Après
avoir raillé les fines discussions théologiques ("La
danse des anges sur la pointe d'une aiguille") l'Église Romaine,
donc l'Europe, se séparait définitivement de l'Église
d'Orient en 1054. Ce schisme était tout autant politique que
religieux mais après avoir contribué largement à
sa destruction (le sac de Constantinople en 1204 par la quatrième
croisade) l'Europe occidentale suivra pourtant les traces politiques,
culturelles et artistiques d'une civilisation vieille de onze siècles.
On ne peut dissocier l'art des icônes de l'art byzantin,
ni isoler celui-ci du pouvoir de l'état.
Après
la ruine de Jérusalem, Constantinople fut la nouvelle Jérusalem.
Les textes anciens racontent que lors de la consécration de
la cathédrale Sainte Sophie, l'empereur Justinien se serait
exclamé : "Gloire à
Dieu qui m'a jugé digne d'accomplir
un tel ouvrage. Je t'ai vaincu, ô Salomon!".
64 ap. J-C
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Néron
accuse les premiers chrétiens et marque le début des
persécutions un siècle après l'annexion de
la Palestine à l'empire romain. |
80 ap. J-C
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Diaspora juive. Conséquence
: des colonies juives dans toutes les provinces de l'empire installant
avec eux l'art des fresques des synagogues. |
161 ap. J-C
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L'empereur Marc Aurèle
diminue les persécutions. |
261
ap. J-C |
L'empereur Gallien promulgue
une tolérance vis à vis des chrétiens. |
303 ap. J-C
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Dioclétien, installé
à Nicomède, Asie Mineure, reprend les persécutions. |
324
ap. J-C |
Constantin le Grand impose
le christianisme après sa conversion
en 313 et initie le premier concile de Nicée en 325 où
l'hérésie aryenne est condamnée. |
330 ap. J-C
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La ville de Byzance devient
Constantinople - "la ville de Constantin"- nouvelle capitale
de l'empire Romain.
L'empereur voulait ainsi se
rapprocher des centres commerciaux importants, tels Ephèse,
Antioche et Alexandrie. Il avait également ainsi la
possibilité de lever rapidement des troupes prêtes sur place
pour affronter les dangers d'invasion des Sassandres (perses) sur
les fronts de l'est et des wisigoths plus au nord sur le Danube. La
ville était un havre naturel s'ouvrant sur la Méditerranée
et la Mer Noire et offrait déjà un port pouvant abriter
une importante flotte de guerre et de commerce.Bien que seulement 20%
de l'empire soit chrétien, Constantin va unifier l'état
grâce à la religion : l'Église passe sous le contrôle
de l'état qui nomme les Patriarches; il fait traduire la Bible
et construire de nombreuses églises.
Il va également asseoir
l'état grâce à l'art et la culture : le latin
devient la langue officielle, même si toutes les langues sont
parlées dans sa ville et il crée des bibliothèques.
Il fait disposer dans les rues et les places plus de 400 chef d'oeuvres
marquants de la Grèce antique et de l'Asie Mineure. |
379 ap.J-C
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Théodose Ier le
Grand fonde la dynastie théodosienne.
Le christianisme devient
officiellement religion d'état sur tous les territoires
et interdit les cultes païens.
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476 ap. J-C
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Le dernier empereur romain,
Romulus Augustule, est déposé
après la prise de Rome par Odoacre,
roi des Hérules (Vandales). L'empire d'Orient vit désormais
par lui-même et subit de plus en plus l'influence orientale.
Byzance devenue Constantinople devient le centre
d'un monde culturel nouveau.
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491 ap. J-C
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Anastase Ier devient
empereur d'Orient qu'il redresse économiquement et réconcilie
l'Église d'Orient avec les chrétiens d'Égypte
et de Syrie. Il disparaît en 518.
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L'Ordre Impérial et
l'Eglise
de 527 à 565 ap. J-C : Justinien
(en latin Flavius Petrus Sabbatius Justinianus) devient empereur byzantin.
Il fut un grand bâtisseur en favorisant Constantinople.
En 532 il engage des travaux pour rebâtir la cathédrale
Sainte Sophie ravagée par le feu : deux architectes Anthémios
de Tralles et Isidore de Milet éliminèrent le bois des
constructions traditionnelles et construirent la nouvelle église
en pierres et la consolident avec du mortier, inventé par les chimistes
engagés par Justinien.
Pendant les travaux, lorqu'il
pleuvait, on tendait un immense vélum au dessus des bâtiments
: cela se traduira dans les canons iconographique par le symbole de
protection divine; on retrouvera ce symbole au dessus de Marie lors
de l'Annonciation ou au dessus des bâtiments du Temple de Jérusalem
où Jésus à douze ans discuta avec les prêtres.
Ces voiles rouges deviennent désormais un code pour signifier que
la situation décrite se déroule à l'intérieur
des bâtiments malgré leurs apparences extérieures. Les bâtisseurs
utilisèrent également des pierres telles que l'onyx,
le jaspe et le porphyre, pierre dure venant d'Égypte. A noter
que plus tard, les murs de la chambre dévolue à l'accouchement
des impératrices étaient recouverts de porphyre d'où
le qualificatif de certains empereurs : "porphyrogénètes".
L'empereur est un chef d'état et surtout un chef
d'Église :
l'Église
ne doit jamais s'opposer en rien aux ordres ni à la volonté
de l'empereur. L'art byzantin ne se préoccupe cependant de la réalité
immédiate que pour la sacraliser : il transforme la vision du monde
selon les révélations de la foi. Il faut manifester
aux yeux des hommes les valeurs supérieures et dans cette démarche,
peindre et orner est une façon de prier.
L'empereur est le "treizième" apôtre
: en lui s'accomplit la synthèse du spirituel
et du temporel. Sa personne est sacrée jusque dans ses vêtements.
Les costumes de cérémonie avaient le caractère
des habits lithurgiques : de longues robes d'étoffes
brochées de perles, d'or et de pierres précieuses.
On trouvera dès les premiers
règnes les plus belles mosaïques, prémices des
icônes qui commencent leur lente maturation.
Au cours des décennies suivantes les icônes
prirent une place de plus en plus importante. Leur culte s'amplifiait
mais les images étaient adorées pour elles-mêmes
et non pour ce qu'elle représentaient.
de 853 à 989 ap. J-C : Six empereurs se succèderont jusqu'en 989 (conversion
du Grand Duc Vladimir de Kiev, sous le règne de Basile
II.)
L'influence impériale
sur l'iconographie
Si le premier
Concile a avoir abordé le sujet de l'iconographie eut lieu
en 692, d'autres conciles, comme celui de Nicée en pleine crise
iconoclaste en 787, traitèrent des canons des images.
Les empereurs en tant que chefs d'état et de l'Eglise
influencèrent fortement la peinture religieuse officielle.
L'image classique
du Christ Pantocrator est une référence
à l'empereur : les couleurs
de la tunique rouge et du manteau bleu, teintes obtenues par les
pourpres qui étaient réservées à l'empereur; le claviculum
(ou clavus), bande jaune ou en or sur l'épaule droite, est
l'insigne des grands dignitaires et symbole du commandement des armées.
Un autre symbole iconographique est une référence
aux usages de la cour byzantine : les hommes
de la garde personnelle de l'Empereur étaient recrutés
parmi les grandes familles de l'empire. Ces jeunes
hommes maintenaient leurs cheveux longs par un bandeau dont les
extrémités se rejoignaient derrière la tête. On retrouve
ce ruban dans les cheveux des anges et des archanges : les deux extrémités
deviennent les symboles de l'écoute et de l'obéissance.
L'archange Saint Michel est dénommé
"Grand Chef des cohortes célestes".
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Multiple d'or
de Constantin
IVe siècle
"Jésus devant les docteurs"
(Détail)
Icône du Christ pantocrator
Icône de l'archange Saint Michel
(Détail)
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