Art et Histoire des Icônes en Russie du Xe siècle à nos jours

Les origines de la Russie
Les origines
des Icônes

La légende de
Saint Luc

Le culte des icônes
Les principaux symboles
Byzance
Les lieux
de culte
:
les églises

Les lieux
de culte :
les maisons

Les écoles
iconographiques
-1-

Les écoles
iconographiques
-2-

Les écoles
iconographiques
-3-

Les écoles
iconographiques
-4-

Théophane
le grec

Andreï Roublev

L'évolution
occidentale

L'évolution
occidentale

Les reflets de
la Russie :
l'Eglise

Les reflets de
la Russie :
l'armée

Les reflets de
la Russie :
les personnages et les vêtements

Les reflets de
la Russie :
la nature


L'Europe occidentale a longtemps ignoré (et continue...?) la civilisation de Byzance. 
Les références littéraires n'associent-elles pas le terme "byzantin" à celui de "oiseux"? 
Après avoir raillé les fines discussions théologiques ("La danse des anges sur la pointe d'une aiguille") l'Église Romaine, donc l'Europe, se séparait définitivement de l'Église d'Orient en 1054. Ce schisme était tout autant politique que religieux mais après avoir contribué largement à sa destruction (le sac de Constantinople en 1204 par la quatrième croisade) l'Europe occidentale suivra pourtant les traces politiques, culturelles et artistiques d'une civilisation vieille de onze siècles.

On ne peut dissocier l'art des icônes de l'art byzantin, ni isoler celui-ci du pouvoir de l'état.
Après la ruine de Jérusalem, Constantinople fut la nouvelle Jérusalem. Les textes anciens racontent que lors de la consécration de la cathédrale Sainte Sophie, l'empereur Justinien se serait exclamé : "Gloire à Dieu qui m'a jugé digne d'accomplir un tel ouvrage. Je t'ai vaincu, ô Salomon!".

64 ap. J-C
Néron accuse les premiers chrétiens et marque le début des persécutions un siècle après l'annexion de la Palestine à l'empire romain.
80 ap. J-C
Diaspora juive.  Conséquence : des colonies juives dans toutes les provinces de l'empire installant avec eux l'art des fresques des synagogues.
161 ap. J-C
L'empereur Marc Aurèle diminue les persécutions.
 261 ap. J-C L'empereur Gallien promulgue une tolérance vis à vis des chrétiens.
303 ap. J-C
Dioclétien, installé à Nicomède, Asie Mineure, reprend les persécutions.
 324 ap. J-C Constantin le Grand impose le christianisme après sa conversion en 313 et initie le premier concile de Nicée en 325 où l'hérésie aryenne est condamnée.
330 ap. J-C




La ville de Byzance devient Constantinople - "la ville de Constantin"-  nouvelle capitale de l'empire Romain.
L'empereur voulait ainsi se rapprocher des centres commerciaux importants, tels Ephèse, Antioche et Alexandrie. Il avait également  ainsi la possibilité de lever rapidement des troupes prêtes sur place pour affronter les dangers d'invasion des Sassandres (perses) sur les fronts de l'est et des wisigoths plus au nord sur le Danube. La ville était un havre naturel s'ouvrant sur la Méditerranée et la Mer Noire et offrait déjà un port pouvant abriter une importante flotte de guerre et de commerce.Bien que seulement 20% de l'empire soit chrétien, Constantin va unifier l'état grâce à la religion : l'Église passe sous le contrôle de l'état qui nomme les Patriarches; il fait traduire la Bible et construire de nombreuses églises.
Il va également asseoir l'état grâce à l'art et la culture : le latin devient la langue officielle, même si toutes les langues sont parlées dans sa ville et il crée des bibliothèques. Il fait disposer dans les rues et les places plus de 400 chef d'oeuvres marquants de la Grèce antique et de l'Asie Mineure.
379 ap.J-C
Théodose Ier le Grand fonde la dynastie théodosienne.
Le christianisme devient officiellement religion d'état sur tous les territoires et interdit les cultes païens.
476 ap. J-C

Le dernier empereur romain, Romulus Augustule, est déposé après la prise de Rome par Odoacre, roi des Hérules (Vandales). L'empire d'Orient vit désormais par lui-même et subit de plus en plus l'influence orientale. Byzance devenue Constantinople devient le centre d'un monde culturel nouveau.
491 ap. J-C

Anastase Ier devient empereur d'Orient qu'il redresse économiquement et réconcilie l'Église d'Orient avec les chrétiens d'Égypte et de Syrie. Il disparaît en 518.

L'Ordre Impérial et l'Eglise

de 527 à 565 ap. J-C : Justinien  (en latin Flavius Petrus Sabbatius Justinianus) devient empereur byzantin.
Il fut un grand bâtisseur en favorisant Constantinople. En 532 il engage des travaux pour rebâtir la cathédrale Sainte Sophie ravagée par le feu : deux architectes Anthémios de Tralles et Isidore de Milet éliminèrent le bois des constructions traditionnelles et construirent la nouvelle église en pierres et la consolident avec du mortier, inventé par les chimistes engagés par Justinien.
Pendant les travaux, lorqu'il pleuvait, on tendait un immense vélum au dessus des bâtiments : cela se traduira dans les canons iconographique par le symbole de protection divine; on retrouvera ce symbole au dessus de Marie lors de l'Annonciation ou au dessus des bâtiments du Temple de Jérusalem où Jésus à douze ans discuta avec les prêtres. Ces voiles rouges deviennent désormais un code pour signifier que la situation décrite se déroule à l'intérieur des bâtiments malgré leurs apparences extérieures. Les bâtisseurs utilisèrent également des pierres telles que l'onyx, le jaspe et le porphyre, pierre dure venant d'Égypte. A noter que plus tard, les murs de la chambre dévolue à l'accouchement des impératrices étaient recouverts de porphyre d'où le qualificatif de certains empereurs : "porphyrogénètes".

L'empereur est un chef d'état et surtout un chef d'Église l'Église ne doit jamais s'opposer en rien aux ordres ni à la volonté de l'empereur. L'art byzantin ne se préoccupe cependant de la réalité immédiate que pour la sacraliser : il transforme la vision du monde selon les révélations de la foi. Il faut manifester aux yeux des hommes les valeurs supérieures et dans cette démarche, peindre et orner est une façon de prier.

L'empereur est le "treizième" apôtre en lui s'accomplit la synthèse du spirituel et du temporel. Sa personne est sacrée jusque dans ses vêtements. Les costumes de cérémonie avaient le caractère des habits  lithurgiques : de longues robes  d'étoffes brochées de perles, d'or et de pierres précieuses. On trouvera dès les premiers règnes les plus belles mosaïques, prémices des icônes qui commencent leur lente maturation.
Au cours des décennies suivantes les icônes prirent une place de plus en plus importante. Leur culte s'amplifiait mais les images étaient adorées pour elles-mêmes et non pour ce qu'elle représentaient
.

de 853  à 989 ap. J-C : Six empereurs se succèderont jusqu'en 989 (conversion du Grand Duc Vladimir de Kiev, sous le règne de Basile II.)


L'influence impériale sur l'iconographie

Si le premier Concile a avoir abordé le sujet de l'iconographie eut lieu en 692, d'autres conciles, comme celui de Nicée en pleine crise iconoclaste en 787, traitèrent des canons des images.
Les empereurs en tant que chefs d'état et de l'Eglise influencèrent fortement la peinture religieuse officielle.
L'image classique du Christ Pantocrator est une référence à l'empereur  : les couleurs de la tunique rouge et du manteau bleu, teintes obtenues par les pourpres qui étaient réservées à l'empereur;  le claviculum (ou clavus), bande jaune ou en or sur l'épaule droite, est l'insigne des grands dignitaires et symbole du commandement des armées.

Un autre symbole iconographique est une référence aux usages de la cour byzantine : les hommes de la garde personnelle de l'Empereur étaient recrutés parmi les grandes familles de l'empire. Ces jeunes hommes maintenaient leurs cheveux longs par un bandeau dont les extrémités se rejoignaient derrière la tête. On retrouve ce ruban dans les cheveux des anges et des archanges : les deux extrémités deviennent les symboles de l'écoute et de l'obéissance. L'archange Saint Michel est dénommé "Grand Chef des cohortes célestes".












Multiple d'or
de Constantin
IVe siècle





 

"Jésus devant les docteurs"
(Détail)




 

Icône du Christ pantocrator




Icône de l'archange Saint Michel
(Détail)










©Marie Deriglazoff-2000 à 2010-