Sur un immense territoire, une mosaïque de peuples  nomades, animistes et fétichistes, fut unifiée politiquement et spirituellement par le Grand Duc Vladimir grâce à la civilisation monotéiste la plus raffinée de son temps : celle de l'Empire Chrétien Byzantin.
La religion chrétienne à cette époque, après un longue guerre entre iconoclastes et iconolâtres avait rétabli définitivement le culte de l'icône :
"Puisque l'invisible est devenu visible en prenant chair, tu peux exécuter l'image de celui qu'on a vu."

Lorsqu'après sa conversion, en 988, le Grand Duc Vladimir ramena au royaume de Kiev des moines iconographes de Constantinople, il imitait à plus grande échelle ce que sa grand-mère Olga avait fait en 957.
L'iconographie prenait désormais le chemin d'une évolution purement russe qui allait devenir un modèle pour tout le monde orthodoxe.

La mosaïque des peuples

En 400 av J-C, Hérodote décrit l'installation de colons grecs sur les bords de la Mer Noire et leur commerce avec des tribus nomades, les Scythes, des grandes plaines du Turkestan et de la Caucasie.
Les Scythes furent chassés par les Sarmates nomades d'origine iranienne qui eux mêmes durent fuir au IIIe siècle devant les Gépides, germains de l'est. L'invasion la plus marquante fut celle des Huns au IVe siècle. Contrairement à la légende, ce peuple qualifié de sanguinaire sut assimiler les populations qu'il soumit en préservant par exemple les villes grecques de Crimée. 
Les trouvailles archéologiques dans les tombeaux de l'élite guerrière et princière des Alains dans le Caucase ou des Ostrogoths en Ukraine durant la période hunnique prouvent que les identités culturelles étaient respectées.
A la mort d'Attila, en 453, les Alano-germaniques constituent sur le Danube moyen des royaumes en contact avec  l'Empire Romain d'Orient. Les Gépides formeront jusqu'à la fin du Ve siècle une entité puissante allant des Carpates au Danube moyen.
Le flux et le reflux des populations reprit de plus belle à cause des guerres inter tribales jusqu'à l'arrivée au VIIe siècle des Khazars qui prirent possession des immenses territoires de l'actuelle Russie d'Europe. 
Habiles marchands, ils fournissaient à Byzance des épées et des couteaux et troquaient avec les slaves des bijoux contre des fourrures, du miel et de la cire. Mais ils eurent la mauvaise idée d'être sur le chemin des arabes mahométans qui, après avoir envahi la Perse, poursuivaient leur chemin vers le Nord.

Les peuples slaves se tournèrent alors vers les vikings du nord, les Varègues,  auxquels ils proposèrent les marchandises habituelles de leurs premiers commerces avec les Khazars. 
Par la suite ils leur demandèrent de venir rétablir l'ordre et de mettre fin aux querelles entre les chefs de guerre locaux dans la principauté de Novgorod.
La venue des Varègues, au IXe, est généralement considérée comme étant le début de l'Histoire de la Russie.

Olga grande duchesse de Kiev

Épouse d'Igor (913-945) lui même fils de Rurik, premier chef viking à s'installer véritablement sur le territoire russe, à la demande des habitants de Novgorod lassés des querelles intestines entre clans.
En 907, Igor reçut le pouvoir et devint Grand Duc de Kiev. Incapable de résister à l'attrait de Constantinople,
il tenta vainement de la conquérir. Il mourut peu d'années après en laissant la régence à son épouse Olga.  Elle prit le titre de Grande Duchesse et en 955 emmena avec elle les principaux marchands du pays en visite de bon voisinage à Constantinople.
La religion chrétienne l'impressionna suffisamment pour qu'elle se convertisse; elle fut baptisée en 957 par le Patriarche de Constantinople. En retournant à Kiev, elle emmenait dans ses bagages des architectes, des orfêvres et surtout les premiers moines iconographes qui installèrent des couvents (appellés Laures) où ils exercèrent leur art pour quelques rares convertis. Elle fut la première chrétienne à introduire l'art des icônes en territoire russe.
Olga eut la réputation d'être d'une grande sagesse, plus prompte à conclure des alliances commerciales que partir en guerre. Son fils Stviatoslav ne suivit pas cette voie mais l'un de ses trois petits fils devint le Grand Duc Vladimir.

Le Grand Duc Vladimir

Petit  fils d'Igor et Olga, fils bâtard de Sviatoslav et de Maloucha, intendante d'Olga, Vladimir dut fuir Kiev à la mort de son père. L'héritier en titre, Iaropolk, après avoir assassiné son frère cadet aurait en effet bien trucidé le benjamin.Vladimir réunit une flotte de partisans dévoués et en 980 élimina son frère aîné selon la tradition familiale. Il consolida les frontières de l'état et les pouvoirs des princes tribaux passèrent dorénavant entre les mains du Prince de Kiev. Dans un premier temps Vladimir tenta d'affermir le culte païen de Peroun comme culte officiel. Peroun représentant le tonnerre et la foudre était le premier des dieux des slaves orientaux. On trouve son nom inscrit  dans un traité conclu en 944 avec les grecs par le Prince Igor. Cependant l'idée d'un culte monothéiste qui donnerait une cohésion à un état pluri ethnique et pluri déiste, faisait son chemin. les motifs politiques semblent avoir prévalus dans le choix d'une religion.  Relativement méfiant vis à vis des trois religions monothéistes (juive, chrétienne et islamique) Vladimir fut pourtant très impressionné par les rapports fournis par ses ambassadeurs auprès de Constantinople.
En 988 les Empereurs Basile II et Constantin VIII acceptèrent de lui donner leur soeur Anne en mariage à condition qu'il se convertisse ainsi que son peuple. Le baptême et le mariage eurent lieu à Cherson, citadelle de Crimée, et non pas à Kiev. Le grand duc retourna dans sa ville en 990 en emmenant de nombreux prêtres.
Les idoles de bois des anciens dieux furent jetés solennellement dans le fleuve Dniepr. Pour la célébration du nouveau culte, le Grand Duc fit bâtir une première église en bois en l'honneur de Saint Basile dont il avait pris le nom lors de son baptême. Peu après, une second église fut érigée, en pierre cette fois, où il  fit disposer :  tout ce qu'il avait ramené de Cherson : icônes, vases et crucifix et y affecta pour la célébration du culte, des prêtres de Cherson.

Sainte Olga