|
Art et Histoire des Icônes en
Russie du Xe siècle à nos jours |
MOSCOU Au XVe siècle le peintre qui allait donner "son" style
à l'iconographie russe en général et à l'école
moscovite en particulier, fut Theophane le Grec qui bien que formé
au mont Athos avait été saisi par le particularisme russe.
Sa technique et son influence font l'objet d'un chapitre séparé. Quelque peu aux antipodes des conceptions de Théophane, un peintre qui fut son élève : Andréï Roublev. Lui aussi devra s'affranchir des canons grecs pour laisser parler l'influence locale (son oeuvre fait également l'objet d'un chapitre séparé). Son influence fut si grande que le "Concile des cents" à la fin du XVe imposera ses oeuvres comme canons particuliers de l'Eglise orhodoxe russe. Un troisième peintre donnera un style à
l'école de Moscou : Maître Denis. Il vécut sous le
règne d'Yvan III le grand, le reconstructeur du Kremlin et son
atelier décorera de nombreuses églises; un inventaire datant
du XVIe siècle effectué au Monastère de Joseph de
Volokolamsk, compte plus de 90 icônes de ce peintre. Obsédé
par la nécessité de représenter "la beauté
qui n'est pas de ce monde" et de provoquer une élévation
morale et spirituelle du croyant, il mélangea la pureté des
lignes des vêtements et des visages avec la luminosité des
couleurs. Détail de l'icône ; "Mère de Dieu
Hodiguitria",
SIMON
OUCHAKOV Lorsque Simon Ouchakov mourut en 1686, il laissait plus
de quarante d'années de travaux d'iconographe, de graveur, d'orfèvre
et de portraitiste mais également d'illustrateur et de créateur
de cartes géographiques. Inspiré par les réformes du Patriarche Nikon et fortement influencé par les écoles occidentales, il fit venir à Moscou quelques peintres européens afin d'enseigner dans son atelier les différentes techniques de peinture. Toute sa vie il fut tiraillé entre le respect des canons traditionnels et la recherche d'une innovation dans les visages et les compositions des icônes. Sa façon d'interpréter la Sainte Face (ou Mandylion) qui traditionnellement était la représentation de la Protection Divine, met à jour un côté beaucoup plus humain de Jésus et apparaît alors la notion d'icônes-portraits. Un des plus anti-réformiste, l'archi-prêtre
Avvakoum s'est violemment opposé à lui :
|
Les saints Boris et Gleb avec
des scènes de leurs vies
mi-XIVe siècle - Détails- Provenance : église de Saints-Boris-et-Saint-Gleb-aux-Etangs dans la ville de Kolomna, rattachée à la principauté de Moscou. Actuellement visible à la Galerie Trétiakov de Moscou. Les vêtements ont été repeints après un incendie au XVIe siècle. Le fond d'origine est probablement rouge et remplacé par des feuilles d'or. Les deux visages des saints présentent la particularité, contrairement à la ligne générale de l'ensemble de style byzantin, d'être purement russes. Cette icône est signée et datée : on peut lire en bas du panneau : " Peint par Maître Simon Ouchakov en l'année 1656 du règne de Alexis Mickaïlovitch". Le Christ est représenté avec la mitra des "grands archevêques". C'est une création pure de Simon Ouchakov : aucune autre représentation sous cette forme n'avait été peinte auparavant. L'art de Simon Ouchakov a évolué, par rapport à l'icône précédente : le linge portant le visage de Jésus est représenté finement brodé de motifs dorés; les traits du visage sont nettement plus modelés comme dans les représentations occidentales, tout en gardant cependant les touches de lumière des carnations de l'iconographie classique. |