Art et Histoire des Icônes en Russie du Xe siècle à nos jours

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Les origines
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Les lieux
de culte
:
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Les lieux
de culte :
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Les écoles
iconographiques
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-4-

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Les maisons particulières, lieux de culte :

Le père de famille, le maître de maison, est évêque chez lui. La famille devient en ce sens une "église domestique" où la présence des icônes est indissociable de la présence divine.

L'icône est posée dans un angle, krasnié ugol, de la pièce d'où elle peut être vue de quiconque et du visiteur passant la porte d'entrée. La traduction française de "krasnié ugol" est le "beau coin" ou le "bel angle".
Elle n'est pas accrochée mais posée sur un support de bois. L'icône étant assimilée à la personne du Christ ou d'un Saint, et priée comme un être vivant, il est impensable de lui mettre un clou dans le dos! 

Pourtant,  elle descend de son coin pour être posée à côté d'un malade ou d'une jeune accouchée et de son enfant. Elle accompagne au dehors la procession de mariage ou d'enterrement.
Les familles les moins aisées avaient au moins une reproduction d'une des icônes les plus fameuses dans la salle commune : celle où l'on mangeait et se réchauffait autour du poêle.

Les copies qui étaient réalisées n'étaient pas toujours de très bonne qualité mais la foi qui avait animée le peintre n'était pas à mettre en doute.
Ce sont ces oeuvres, souvent naïves et chères aux coeur des plus pauvres des russes, qui disparurent, brûlées par les révolutionnaires.

Les deux éléments essentiels des maisons étaient le poêle et les icônes :
 
Les marieuses se plaçaient sur le poêle pendant les tractations puis sous les icônes, le mariage conclu.

"Après le coin des icônes, le poêle constitue le deuxième pôle de la spiritualité russe, une relation privilégiée que traduit bien la conduite païenne du paysan qui "est sur son poêle et qui adresse aux briques une prière". D'un point de vue chronologique, le premier "centre religieux" du paysan russe a sans doute été formé par le poële [...] Il focalise les dévotions liées à la vie et à la chaleur, à la lumière comme à la purification."
Texte de Francis Conte, "L'héritage païen de la Russie", éditions Albin Michel


Les maisons plus fortunées ou plus pieuses avaient une icône dans chaque pièce, voire plusieurs, regroupées dans un "coffre à icônes", véritable petite iconostase à domicile mais servait surtout à les préserver des fumées.




Une illustration de Boris Zvorykine pour "Boris Godounov" d'Alexandre Pouchkine.



 

 





Le "krasnie ugol" dans la maison du Maître de Poste de Vyra,
au sud de Saint Petersbourg, au milieu du XIXe siècle.
Salle de repos pour les voyageurs qui pouvaient se restaurer
sous la protection des icônes.


 

Intérieur de la "Maison des invités" dans la colonie artistique d' Abramtsevo, fondée en 1870 par Sacha Ivanovitch  Mamontov. 
Le domaine, situé à deux heures de Moscou, regroupait
des ateliers artistiques divers : sculpture, peinture,
céramique et menuiserie d'art.


 
Photo prise vers 1910 de la chambre à coucher d'un couple de travailleurs des usines Konovalov.
Les usines textiles Konovalov, à Boniatchki,
près de Kinechma, sur la Volga (province de Kostroma)
furent fondées au début du XIXe siècle.
Leurs équipements modernes et le souci du bien-être des ouvriers en faisaient des établissements modèles.


 
Le "Beau coin" des icônes se trouvait partout, même dans les lieux les plus inattendus, comme dans cette salle
où était organisée une soupe populaire
par la Croix Rouge, vers 1890.



©Marie Deriglazoff-2000 à 2010-