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Art et Histoire des Icônes en
Russie du Xe siècle à nos jours |
Pskov, au Nord-Ouest de la Russie, très proche de la Baltique,
est un ville qui depuis le Xe siècle fait partie de la principauté
de Novgorod. Cité marchande, elle était dirigée par des
"vétchés", assemblées populaires, et obtint son indépendance
dès le XIIe siècle bien que reconnue seulement en
1348. Plusieur hypothèses sont évoquées : * artistiques tout d'abord : les couleurs attribuées aux personnages et surtout la finesse du dessin sont d'avantage mises en valeur par cette teinte; * politiques ensuite si l'on peut dire en parlant de religion : un démarquage par rapport à Novgorod était de bon goût et il fallait donc éviter les fond rouges "novgorodiens". Les teintes rouges de Pskov sont plus nettement plus vermillon que le carmin de Novgorod; * techniques, peut-être tout simplement : les premiers artistes iconographes sont avant tout des fresquistes et la maîtrise des teintes rouges est très délicate et très dispendieuse sur les surfaces murales. Ils prirent donc l'habitude de l'utiliser avec parcimonie. Dans cette optique le vert est une couleur relativement simple à obtenir grâce aux terres alluviales et limoneuses de la région. La grande richesse de l'Ecole de Pskov est d'avoir échappé
aux destructions mongoles et surtout d'avoir conservé par delà
les siècles une importante bibliothèque de manuscrits, d'enluminures
et de livres.
TVER La ville de Tver, centre d'une principauté, était située pratiquement à mi-chemin entre Novgorod au nord-ouest et Moscou au sud-est. L'apanage de Tver faisait partie des "quatre grands" qui s'imposèrent au milieu du XIVe siècle dans la Russie du nord-est. Pendant la domination de la Horde d'Or, un des premiers grands-princes fut, en 1263, Iaroslav de Tver, frère d'Alexandre Nevski, puis, en 1304, son fils saint Michel de Tver qui eut la réputation d'être une homme très cultivé, encourageant les artistes et la construction de nombreuses églises, fut tué par la Horde d'Or. Le grand prince lui succédant fut Iouri, premier prince de Moscou. Ces deux cités n'eurent de cesse de s'affronter jusqu'à ce qu'Ivan III soumette la ville, son prince (un autre Michel) en fuite en Lituanie étant mort sans héritier. La "Chronique de Tver" semble avoir commencé en 1285 et d'après les experts aurait servi de modèle aux "Chroniques anciennes" de l'état kiévien. On y apprend qu'on fonda une cathédrale de "pierres blanches", premier édifice en "dur" depuis l'invasion mongole, dont on orna les murs intérieurs de fresques d'une qualité artistique particulière, affranchie des influences du modèle novgoro-souzdalien. Les pièces manuscrites récemment découvertes montrent effectivement une originalité artistique entre le XIIIe siècle et le début du XVIIe époque à laquelle la ville fut totalement dévastée et brûlée. Quelques petites villes de son territoire furent épargnées et grâce à des églises comme "La Nativité de la Vierge" à Gorodnya ou dans la ville de Vertyazine, on peut encore admirer des fresques du XIVe. Les quelques rares icônes survivantes furent retrouvées dispersées un peu partout en Russie mais une grande partie dans des collections privées qui furent rassemblées à la Galerie Trétiakov de Moscou.
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La Présentation du Christ Panneau de registre des
grandes fêtes du début XVIe siècle, comportant dix
icônes. Christ Pantocrator Découvert en 1958 par A.J.Baranov et apporté de la province de Tver en 1915 et actuellement à la Galerie Trétiakov de Moscou. On notera le classicisme directement inspiré de l'art byzantino-kiévien (les proportions du visage, la force des contrastes des couleurs et la forme massive de l'ensemble) avec déjà cependant une particularité typique de l'art russe : le visage, les mains ont déjà une ébauche de représentation tri-dimensionnelle et les yeux sont plus minutieusement peints. On qualifie cet agencement pictural comme étant "le primitif de Tver". D'autres techniques propres allaient surgir un siècle plus tard. |
Détail de "La Présentation..." A noter les dégradés Archange Gabriel Détrempe à l'oeuf sur tilleul. Dimensions : 132cm x 58,5 cm Découverte relativement récente, cette icône faisait sans doute partie d'une iconostase en raison de ses dimensions. Actuellement au Musée Andreï Roublev de Moscou. La technique de pose de teintes toujours douces en glacis de l'école de Tver est ici à son apogée. Les icônes des années suivantes seront plus marquées par l'apparition de teintes plus vives dans les rouges et bleus.
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