Art et Histoire des Icônes en Russie du Xe siècle à nos jours

Les origines de la Russie
Les origines
des Icônes

La légende de
Saint Luc

Le culte des icônes
Les principaux symboles
Byzance
Les lieux
de culte
:
les églises

Les lieux
de culte :
les maisons

Les écoles
iconographiques
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Les écoles
iconographiques
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Les écoles
iconographiques
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Les écoles
iconographiques
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Théophane
le grec

Andreï Roublev

L'évolution
occidentale
Les reflets de
la Russie :
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l'armée

Les reflets de
la Russie :
les personnages et les vêtements

Les reflets de
la Russie :
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Les écoles iconographiques principales portent le noms des villes dont elles sont issues. Les peintres étaient des moines vivant dans des monastères qui pouvaient souvent se trouver hors des villes.
Nous ne pouvons étudier ici tous les peintres ni toutes les écoles de l'évolution russe de l'iconographie. Le choix fut délicat et ..."Choisir, c'est renoncer"  quoiqu'il en coûte!

Au gré du déplacement des populations du aux guerres intestines ou aux invasions barbares, les religieux partaient et évoluaient ou bien résistaient pour survivre en gardant une tradition qui, sans influences extérieures, finissait par exhalter des caractéristiques populaires locales. Ainsi par exemple l'école kiévienne des premiers temps émigra vers les cités du nord puis retrouvant une vie religieuse autour de Kiev, développa les catactéristiques d'un art ukrainien tout à fait particulier.

Les écoles ne sont pas strictement limitées à leurs villes; elles influencent un territoire plus ou moins large autour d'elles. Chaque cité développe son style en fonction de son environnement (le bois, les pigments) et selon la richesse des monastères, donc des donateurs. De même dans chaque atelier le maître développe ses propres techniques de dessin, de préparations des pigments ou de vernis. Il n'en reste pas moins que les canons demeurent obligatoirement identiques basés sur les codes byzantins tout d'abord, puis basés sur des canons proprement russes, confirmés par les conciles du XVIe siècle. 
Le début du XVIIe siècle verra l'art occidental influencer l' iconographie jusqu'à un retour puriste au XIXe dans un grand mouvement de renouveau nationaliste russe. On ne parle plus de nos jours d'écoles : l'unification est la règle, principalement dûe à la dispersion de l'émigration russe post-révolutionnaire. Les iconographes réfugiés en Europe cherchèrent à maintenir une tradition simple qui attira la reconnaissance des autres églises chrétiennes.

Quoi qu'il en soit, ces interventions étrangères dans l'art pictural subiront le sort caractéristique réservé à tout ce qui entre dans ce grand pays : elle seront "russifiées"... Louis Réau disait en 1921 dans son étude sur "L'art russe" : "Les russes assimilent les leçons mais ne copient pas : ils les adaptent à leurs traditions.[...] Les influences combinées du sol, du climat, de la religion et de l'histoire ont produit avec tous ces éléments disparates, un art qui ne ressemble à aucun autre et qui est le "miroir de la Russie".

L'étude ci-dessous se propose de définir les caractéristiques des principales écoles d'icônes russes les plus connues et les plus classiques et d'étudier succintement la technique de quelques maîtres iconographes dont l'influence fut prépondérante. Une place spéciale est réservée à l'école de la ville de Tver, rivale de Moscou;  longtemps oubliée des historiens d'art, elle nous a laissé quelques icônes d'un style très pur.

KIEV

Aux premiers temps de la christianisation de la Russie, les icônes sont apportées de l'empire Byzantin, puis exécutées sur le territoire de Kiev par des moines instruits au mont Athos comme Alimpy et Gregori. (Vierge de Vladimir) 
Ils formèrent des religieux tant à la liturgie qu'à l'art de l'iconographie. Un recueil de récits, le "Partekiron des grottes de Kiev" raconte comment les kiéviens étudièrent non seulement les techniques de peinture des icônes; mais également celles des fresques, de la mosaïque, ou de la peinture et de la miniature sur parchemin.




Saint Luc

Détail de "Evangéliaire d’Ostromir" le plus ancien manuscrit slave oriental exécuté  en 1056-1057, pour Ostromir délégué du prince Iziaslav à Novgorod, un possadnik (gouverneur) des territoires du nord-ouest. Le livre est destiné à la cathédrale Sainte-Sophie qui vient d’être construite à Novgorod.


Les bâtisseurs des premières églises en pierre furent des architectes grecs ainsi que les mosaïstes qui en ornèrent les murs. Mais déjà la Cathédrale Sainte-Sophie-de-Kiev et l'église de la Dime offrent à leurs murs intérieurs un mélange de fresques et de mosaïques, ce qui allait à l'encontre des conceptions byzantines.

En 1037, Iaroslav le Sage, fils du Grand-Duc Vladimir, fonde sur le modèle byzantin deux monastères au sein de "La Mère de toutes les cités russes". Puis en 1051, un moine venu du Mont Athos, Antoine, s'installe dans une grotte qui avait été creusée par Hilarion alors métropolite de Kiev. Il mène un vie d'ascèce et de prière qui attire bientôt autour de lui plusieurs disciples et il fonde à l'intérieur de cette grotte un premier monastère. Les moines, de plus en plus nombreux, agrandirent la cavité primitive. Sous le règne d'Iziaslav (fils de Iaroslav) le moine Théodose fut élu higoumène et, sur les terres données par le Prince, fit élever une église et des bâtiments monastiques entourés de remparts. 

Les rôles de Théodose et de ce premier monastère furent esssentiels dans la formation de la culture russe de toute la période pré-mongole. Les peintre iconographes commencent à développer dès le XIIe siècle un style différent des maîtres byzantins.
Les icônes présentées ci-contre sont souvent à tort qualifiées comme appartenant aux écoles de Vladimir ou de Novgorod car en fait ces cités appartiennent au territoire kiévien : ce sont des "villes du nord" sur la route de la Baltique à Constantinople. Certes Novgorod n'est pas une ville comme les autres car elle est riche grâce au commerce; elle est un peu turbulente car elle chasse à la moitié du XIe siècle son prince pour devenir une république de marchands, mais elle n'en est pas moins attachée à un territoire dont Kiev est la capitale.

L'art kiévien se développera également dans les domaines de l'orfèvrerie, la bijouterie, l'émail cloisonné et les reliefs en  métal repoussé. Dès la fin du XIe siècle  Kiev est célèbre pour son art de la fresque et la minutie de ses manuscrits enluminés. Heureusement quelques objets échappèrent aux pillages et aux invasions pour parvenir jusqu'à nous.
Depuis environ un siècle les historiens et archéologues nous font découvrir un art qui semble-t-il est entré rapidement dans sa plénitude après un court aprentissage. Le patrimoine artistique kiévien n'est pas encore totalement redécouvert et gageons que dans les décennies à venir la République d'Ukraine aura à coeur de retrouver ses racines.
Le patrimoine iconographique est hélas moins bien loti. On peut assurément dire que la totalité des icônes antérieures au XVIIe siècle, de la Russie méridionale, a disparu. Les traces de cette école iconographique se trouvent dans les villes du nord et du nord-est. Les icônes furent transportées de villes en églises au gré des bouleversements de territoires durant la période des apanages, mais pour certaines présentées ici, leur datation ne fait aucun doute.



Icône de saint Georges,
Kiev du XI-XIIe siècle
Détrempe à l'oeuf sur bois. 
Dimensions : 174cm x 122cm. 
Elle se trouve actuellement dans la cathédrale de la Dormition au Kremlin de Moscou.
On ne peut que faire des suppositions sur son périple jusqu'à Moscou. 
Des experts la datent de 1170 et bien que de type byzantin, elle est déjà marquée par l'école kiévienne.




Saint Alimpy, 
premier peintre russe d'icônes
Bas-relief dans la cathédrale 
de la Dormition de Kiev




L'icône de la Vierge de Vladimir fut certainement peinte à Constantinople et le patriarche Luc
l'envoya en présent au Prince de Kiev,
Iouri Dolgorouki.
En 1155, elle fut emportée par
André Bogolioubski qui voulait établir
une capitale vers le nord.
Arrivé près de la ville de Vladimir,
ses chevaux refusèrent d'avancer. Il y vit
le signe que Dieu voulait qu'il s'arrête
sur ce territoire et fit construire une
église de la Dormition
(achevée en 1160) où fut placée l'icône.
Si elle protégea encore le prince André en 1164 contre les bulgares, elle n'intervint pas
lorsqu'il prit Kiev d'assaut et
la livra au pillage en 1169.
Lorsqu'en 1173 Bogolioubski fut tué
par ses boyards, sa famille tenta
de reprendre l'icône mais les habitants
de Vladimir les forcèrent à la restituer.
Depuis cette époque "La Vierge de Vladimir"
 intervient miraculeusement pour sauver
la Russie ou se sauver elle-même : en 1185, un incendiene la touche pas; en 1395, elle protège contre les tatars, le Grand-Prince Vassili Dimitriévitch qui l'avait emmenée à Moscou.
On lui doit également la victoire finale d'Ivan III contre la Horde d'Or en 1480. En 1521, elle
protège Moscou contre le Khan de Crimée. 

En 1919, les autorités soviétiques la retirèrent
de la cathédrale, où couronnements et mariages princiers avaient lieu en sa présence,
pour la placer à la Galerie Trétiakov qui
la restitua à la Cathédrale de la Dormition
du Kremlin en 1993.
Les deux visages semblent d'époque mais les vêtements subirent plusieurs "restaurations" entre le XVe et le XIXe siècle.




Archange Gabriel dit 
" Ange aux cheveux d'or" du XIIe siècle. 
Détrempe à l'oeuf sur 
panneau de tilleul.
Dimensions : 48,8cm x 38,8cm.
Le fond de l'icône et les repeints de la tunique
et de la tête datent du XVIIe.

Nettoyée vers 1925, elle est au
Musée Russe de Saint Pétersbourg depuis 1934
 

©Marie Deriglazoff-2000 à 2010-